« Les Malgaches sont en mesure de vivre la démocratie », Telle pourrait être la traduction de la déclaration du président de la République à Toamasina et également durant l’émission dominicale intitulée « Tenin’ny Filoha ». Une déclaration logique et d’actualité surtout après la consultation populaire du 12 décembre dernier. Toutefois, on pourrait s’interroger sur ce que certains entendent par « démocratie ».
En effet, depuis le temps que les membres de l’opposition ont demandé autorisation au niveau des responsables étatiques pour accéder aux médias publics, demandes qui sont restées lettres mortes jusqu’à maintenant. De même les interdictions qui leur sont faites à chaque fois qu’ils veulent rencontrer leurs sympathisants en des lieux publics. Des actes qui reflètent l’inexistence d’une réelle démocratie et qui pourtant perdurent jusqu’à aujourd’hui. Sans parler des pressions qui ont été exercées sur diverses catégories de personnes durant la récente campagne électorale : des fonctionnaires menacés d’affectation par leurs instances supérieures, des journalistes inquiétés par des méthodes dignes de la défunte « STASI » de l’Allemagne de l’Est car « fichés » par des organismes de police parallèle, de simples électeurs « embrigadés au sein d’un parti » par des responsables de fokontany sous peine de mesures de rétorsion, des opérateurs économiques subissant des contrôles fiscaux car suspecté de sponsoriser un « opposant », et on en passe.
Il est vrai que « la population malgache est en mesure de vivre la démocratie », mais qu’en est-il de ceux qui détiennent le pouvoir ou de ceux qui veulent s’agripper coûte que coûte à leur privilège ou à leur « siège » ?
Madagascar sera-t-elle le pays où la démocratie aurait différentes significations selon la catégorie des personnes à laquelle elle est appliquée. Une acception différente pour la population, pour les opposants et pour les dirigeants ?
Matière à réflexion.
