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Editorial

Bombinettes volcaniques

mardi 20 avril 2010 | Patrick A. |  1948 visites  | 4 commentaires 

On pourrait supputer des heures sur la nature des personnes se trouvant derrière les explosions s’étant produites dans deux stations services Total. Complotite favorisée par les circonstances actuelles étant, certains pourraient être tentés de soupçonner promptement des mises en scène. Attentats, pas attentats ? Comme on voit mal les gérants de stations ou une compagnie pétrolière aller jusqu’à mettre en scène une contre-publicité aussi négative sans gain évident en contrepartie, on pourra utiliser le mot d’attentats, tout en se posant mille questions sur leurs possibles auteurs.

Silence radio

À qui pourrait profiter le crime ? Entre ceux qui voudraient empêcher la tenue de pourparlers à Johannesburg, ceux qui veulent prouver leur capacité de nuisance pour peser sur ces discussions et ceux qui pourraient chercher à faire porter le chapeau à d’autres, on peut trouver bon nombre de candidats à l’extrémisme. Le plus curieux reste l’absence de toute revendication publique, contrairement au b a BA de tout apprenti terroriste de première année. Comme ces explosions ne sauraient être fortuites, il est certainement des gens qui se disent par télépathie : je sais que vous savez que je sais. Décidément, l’endémie continue d’avoir de beaux jours à Madagascar, ou du moins dans son monde politique...

Mais contrairement aux événements fort médiatisés de Soanieranakely Ambohijanaka, relativement peu de monde commente cette situation incongrue et explosive. Alors qu’elle menace bien plus durablement la sérénité et la sécurité du tananarivien qu’une vingtaine d’hommes ayant peut-être eu l’intention d’organiser un happening du côté de Mahazoarivo dans la nuit de Dimanche à Lundi.

Certes, les conséquences des explosions ont été limitées. Il est fort probable que les auteurs n’avaient nullement l’intention de tuer, seulement celle de montrer leur capacité à le faire. Mais ils démontrent aussi une belle inconscience, car il faut cruellement manquer de plomb dans la tête pour jouer avec le feu à proximité des cuves de sans plomb 95. Et je pèse mes mots.

Principe d’imprécaution

La vie quotidienne à Madagascar et le déroulement de cette crise démontrent une grande capacité à prendre sans vraiment réfléchir des risques inconsidérés. Si une commission de réconciliation nationale arrive un jour à exister, les expressions « je ne savais pas » et « je croyais que » paveront sans doute les aveux et les regrets sur cette crise politique. Mais le bilan n’en reste pas moins lourd et difficilement excusable, et pourtant, certains semblent enclins à persévérer.

À force de voir des chauffeurs de taxi transporter nonchalamment un litre d’essence à l’intérieur de leur antique tacot, nos apprentis terroristes n’imaginent sans doute pas qu’ils sont susceptibles, « en dépit de leur plein gré », de doubler ou de tripler en un clin d’oeil le bilan en vies humaines de cette crise. De toute évidence, le principe de précaution n’a pas encore débarqué sur les rives malgaches et bon nombre de pleurs sont encore à prévoir.

À l’inverse, on aura vu pendant 4 jours le ciel de l’Europe quasi-paralysé à cause des poussières d’un volcan et d’un glacier aux noms « imprononçables ». Et il aura fallu que le directeur général de British Airways embarque personnellement dans un vol d’essai pour que les dirigeants gouvernementaux acceptent d’assumer devant l’opinion publique le risque de laisser des vols se dérouler.

Entre le principe « la fin justifie tout moyen » d’une part, et celui de l’ouverture de parapluie sans réfléchir d’autre part, il y a deux cultures qui s’opposent de manière caricaturale. De manière presque excessive.

Les excès sont nuisibles. Mais un peu de bon sens est rarement de trop.

4 commentaires

Vos commentaires

  • 20 avril 2010 à 09:51 | Obamaské (#3732)

    Le fameux volcan d’Islande à l’origine de centaines de millions d’euros de perte par jour pour les compagni zaériennes porte le doux nom de Eyjafjallajoküll, et qu’en bon islandais, on prononce tout simplement : « eya-fyatla-yokoutle ». Voilà. Je croyais tout de même que ça faisait partie du métier de journaliste de s’informer sur des questions aussi importantes... Mais c’est vrai, vous n’êtes pas journaliste, vous êtes un bloggueur. Un métier en vogue paraît-il... :-)

    Bonne journée.

  • 20 avril 2010 à 09:55 | Mihaino (#1437)

    Je pense que tous ces gestes inconscients et très nuisibles traduisent bien le Mal-être de la plupart de nos compatriotes face au Bien-être de nos Dirigeants...

    « Le bon sens est la chose la mieux partagée » (Descartes) Oui, mais avec la misère et la souffrance des familles qui ont du mal à satisfaire qqs besoins vitaux , notre pays a choisi le mauvais sens ( direction SVP !!).

    Enfin, souvenons-nous du proverbe « Ventre affamé n’a point d’oreilles » !

    Hoy koa ny ohabolana malagasy hoe : « Izay voky maharaka ny namana » !

  • 20 avril 2010 à 10:17 | kotondrasoa (#3872)

    Il est vrai que ces bombinettes volcaniques sont plus explosives qu’une fin de week-end explosant à la face de ceux qui ont voulu l’organiser.

    Je me souviens que richardkely s’est déjà vanté d’avoir désamorcé toutes les bombes et autres explosifs, alors, faudrait-il s’en prendre à lui ?

    Et là, je tire aussi la sonnette d’alarme sur ces produits appréhendés et, détenus par les Forces de l’ordre (gendarmes et policiers)

     Sur chaque personne tuée (je ne dis pas criminel ou éliminée, ou assassinée), les policiers et gendarmes trouvent des armes et des bombes. Je n’ai jamais entendu dire que ces armes ont été identifiées formellement même si des armes de guerre se trouvent parmi le lot et, je n’ai jamais entendu dire qu’elles ont été détruites.

    J’ai bien peur qu’à chaque future personne tuée, ces armes seront encore employées, pour justifier les bévues policières !

    D’ailleurs, nous avons une police scientifique et des docteurs qui font des autopsies mais, les personnes tuées par la police n’ont jamais été sujets d’autopsie, même pour voir s’ils n’ont pas été tuées à un mètre de distance ou immobilisées à terre.

    Attention, danger, grand danger, la Police est autorisée à tuer !

    Et, personne ne dit mot ! Et le Ministre du tandramokotra (et, les Ministres ou Secrétaire d’Etat à la Police avant lui) donne sa bénédiction.

  • 20 avril 2010 à 11:27 | kakilay (#2022)

    Vu à la télé : la bombinette intelligente qui fait parade devant la caméra. Pour une fois, la préposée intelligente caissière laisse sur la table la bombinette... ce qui n’est pas normal... et s’éclipse. Pas de jeton remis au porteur d’après mes souvenirs... pas de clients aux alentours...la bombe peut exploser maintenant.

    Etrangement, ce sont deux sociétés françaises qui se sont prêtées au jeu, à la mise en scène ou victimes... Et vous nous dites qu’ils n’ont pas intérêt ? Regarder d’un peu plus près...

    Aprés, avalanches d’aveux, GTT, des technocrates et j’en passe... Etrange d’ailleurs qu’ils appellent cela « aveux ». Les dires ou rapportages des uns et des autres ne sont pas des aveux dans le sens où on veut les faire passer pour ce qu’ils ne sont pas. Mais la rigueur n’est pas leur première qualité, mais des fozaoranas parleront d’aveux...

    4 000 bombinettes en circulation... de l’aveu (?) même du super colonel : où sont-elles maintenant ?

    Les technocrates lynchés sur la place publique : de l’aveu de qui déjà ? La christine faisait remarquer déjà qu’ils étaient traités comme des prisonniers politiques... ni antanimora ni tsiafahy... et libérés ensuite parce que prisonniers politiques. Qu’est-ce qu’un prisonnier politique sous la transition ? C’est un prisonnier qui ne fait pas l’objet d’une enquête car, on le sait d’avance, il est prisonnier pour une raison politicienne. Traduction : une raison qui profite seulement à la transition.

    Dés l’annonce de Jburg, tout le monde s’attendait aux bombinettes... On ne peut pas ne pas se poser la question de : à qui profite le crime ? Cette question n’est pas l’équivalente de : qui a subi les dégâts ? Car l’intérêt du crime est souvent supérieur au coût du dégât : les assureurs en connaissent un bout.

    Pour le moment, la signature qui se trouve sur les billets de banque est la signature du gouverneur de la banque centrale : personne ne dira que c’est lui le commanditaire. Faire le lien entre les billets et Ra8 : y-a-t-il un lien logique pour que certains le qualifient d’irréfutable ? Et logique ne veut pas dire ici cohérent. Un discours peut être cohérent et cependant pas vrai.

    L’aveu ? ce n’est pas parce qu’un violeur dit que le commanditaire est rajoelina, pour que ce soit vrai.

    On aurait peut-être oublié que le mot justice introduit le mot vérité sans le vouloir. Le principe de la manipulation consiste à faire passer le vraisemblable pour le vrai. Il m’étonne la barbichette quand il insiste : voatonona ny anaran’ny Ra8... A d’autres (fozaorana je veux dire) !

    Il n’a pas compris qu’il n’y a pas une loi qui dit : aiza manononopoana ny anaran-dRavalo...

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