L’actualité nationale et africaine aidant, la conférence qui s’est déroulée hier dans la grande salle du ministère des Affaires étrangères à Ampefiloha et animée par le Pr. Jean Dubois de Gaudusson est enrichissante à plus d’un titre. Dans un esprit fondamentalement académique et universitaire, le conférencier, réputé pour son respect du credo de liberté de parole et d’honnêteté intellectuelle, a développé le thème des élections, de la démocratie et du développement en Afrique.
Des pistes de réflexions
La démocratie est-elle facteur de développement ? De quel développement s’agit-il ? Du seul développement économique ? Ou du développement social, ou du développement politique ? Pourquoi la démocratie n’est-elle pas favorable à l’essor économique selon certains ? Doit-on considérer des préalables ? La démocratie est-elle un luxe pour des pays confrontés à la pauvreté et où l’analphabétisme constitue un facteur contraignant ? Y a-t-il incompatibilité entre démocratie et développement ? Un Etat fort est-il incontournable pour la mise en œuvre de la démocratie ? Y a-t-il des niveaux de démocratie ? Autant de questionnements qui ont été décortiqués hier lors de cette rencontre entre intellectuels responsables.
Différents cheminements pas toujours faciles
En tout cas, on a appris qu’en dépit de sa place centrale dans le processus démocratique, l’élection ne fait pas toute la démocratie. Des liens très forts nouent « élection » et « démocratie » et il faut admettre qu’ils sont souvent sources de malaise, voire de crises tel que l’ont vécu Madagascar et la Côte d’Ivoire, par exemple.
Si, d’après le conférencier, certains sont catégoriques à dire que la démocratie n’est pas facteur de développement, la période de transition leur donne quelque part raison car il y eut des échecs ou des dérives qui ont aggravé le déséquilibre économique. Il n’est pas rare que la course au développement économique soit motif d’autoritarisme et d’installation de la dictature.
Quoi qu’il en soit, la démocratie a ses vertus. Depuis le milieu des années 90, on peut dire qu’il y eut inflation démocratique en Afrique. Ce qui a par la suite engendré des déceptions qu’il faut à notre avis assumer.
En réponse aux attentes de l’assistance, le conférencier a laissé entendre, si nous avons bien compris, que la démocratie est un projet. La démocratie ne se résume pas aux seuls propos constitutionnels, elle se construit et le recours excessif au droit réduit la dimension humaine du processus pour transformer les tensions ou torsions, en conflits. Le Pr. Jean Dubois de Gaudusson insiste sur la nécessité de la culture démocratique auprès des élites, auprès des gouvernants et auprès des populations.
