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Editorial

Apprenti Frankenstein

samedi 13 mars 2010 |  4682 visites  | Patrick A.
L’æpyornis faisait trois mètres de haut et était contemporain de l’homme.

Il est des nouvelles étonnantes dans l’actualité. De celles qui vous font rêver et demander si par malheur, vous ne seriez pas né quelques siècles trop tôt. Ou trop tard.

Car l’æpyornis, on aurait tous pu en rencontrer. L’animal vivait exclusivement à Madagascar et n’a disparu qu’entre le 10ème et le 17ème siècle, victime sans doute d’un autre animal prétentieux et un peu trop prédateur, l’homo sapiens.

Bien qu’ils n’eussent pas été les plus hauts, les Aepyornis sont considérés comme les plus lourds de tous les oiseaux ayant existé, leur poids approchant les 500 kilogrammes. Cet oiseau était incapable de voler.

Aujourd’hui, un esprit peu attentif risquerait de le confondre au détour d’un musée avec un dinosaure. C’est qu’il y ressemble un tout petit peu, quand même, le bougre. Beaucoup plus en tout cas qu’à un mammouth, malgré le fait qu’æpyornis signifie oiseau-éléphant.

Je ne sais pas pour vous, mais pour ma part, la disparition de l’æpyornis m’attriste chaque fois qu’on l’évoque. Ce n’est pas comme pour la disparition des dinosaures et les mammouths, où l’homme n’a sans doute pas une part significative de responsabilité. Et puis on peut toujours tenter de se consoler en se disant qu’on a désormais nos hommes politiques en guise de dinosaures et de mammouths. Comme punition, cela suffit largement.

Impossible par contre d’oublier que l’aepyornis a certainement côtoyé les premiers hommes arrivant à Madagascar. Qui l’ont peut être chassé et fait quelques omelettes avec ses oeufs, ce qui n’a pas dû aider à la perpétuation d’une espèce ayant déjà quelques soucis du côté de sa reproduction [1]. Et je suis enclin à penser que dès l’arrivée à Madagascar de l’homme, celui-ci ne s’est pas privé d’accélérer le changement climatique : la sècheresse aurait pu pousser les Aepyornis à se regrouper autour de points d’eau, puis l’espèce aurait finalement disparu avec la continuation de la sècheresse.

Nous sommes donc nés trop tard pour avoir vu vivant l’aepyornis. Ou peut-être nés trop tôt. Car l’on a appris cette semaine dans la revue scientifique britannique Proceedings of the Royal Society B que des extraits de l’ADN de l’aepyornis ont pu être reconstitués à partir de coquilles fossilisées de ses oeufs par une équipe de l’université de Murdoch, Perth, Australie.

Les scientifiques, qui tentaient seulement de valider la technique utilisée, n’ont cependant pour l’instant extrait que moins de 1% de l’ADN de l’oiseau disparu. « Nous pouvons réassembler le génome pour avoir une idée d’à quoi ressemblait une espèce éteinte. Mais (la ressusciter) reste du domaine de la science-fiction », souligne le chercheur Michael Bunce.

Enfants de Madagascar avec un oeuf d’æpyornis fossilisé.

Impossible cependant de ne pas rêver en pensant au film Jurassic Park. Et je ne peux que me sentir fortement en désaccord avec Charlotte Oskam, une autre chercheuse de cette équipe, qui déclare qu’il ne serait « pas éthique de recréer une espèce éteinte ». Cela ne me paraît pas plus inéthique que de l’avoir fait disparaître.

En ce début de week end, qu’il me soit au moins permis de m’interroger si le respect de la Nature et le sens du respect peuvent s’inscrire dans les gênes... Et s’ils sont fossilisés, comment ils peuvent être ressuscités.

Bon week end à tous.

Notes

[1en raison de sa taille, l’Aepyornis atteignait très tardivement sa maturité sexuelle.

11 commentaires

Vos commentaires

  • 13 mars 2010 à 11:25 | Ny ando (#1495)

    Bonjour, Patrick A.,

    Dans L’Histoire... de Flacourt (1658 et 1661), on en parle encore, de l’Aepyornis, avec curiosité scientifique. De cet oiseau-éléphant qui ne pouvait pas voler mais dont un seul oeuf (souvent tardif), cuisiné à toutes les sauces, salées ou sucrées, pouvait fournir de quoi nourrir un hameau entier pour quelques repas.

    Je ne crois donc pas que ce soit l’homme qui l’ait fait disparaître. Il était intéressant pour lui. Même si les personnes du Sud-Est de Madagascar, déjà islamisés à l’époque, pouvaient le confondre avec l’oiseau Rokh des Arabes (voir les travaux de Raymond Decary), lequel enlevait les moutons et les enfants entre ses serres parce que lui pouvait s’envoler. Mais c’était une légende. Inch Allah.

    Je ne suis pas pour le retour des espèces disparues pour causes naturelles. Imaginez des dinosaures à nouveau parmi les humains !

    A vrai dire, j’ai pensé à un moment que vous jouiez avec nous, lecteurs, et que vous vous serviez de l’Aepyornys dans une métaphore pour nous signifier que le retour des dinosaures évacués du pouvoir de façon naturelle, i.e. vomis par le peuple ou partie, n’avait pas de sens.

    Enfin, je salue l’ESSENTIEL : votre volonté de nous instruire et de sortir du bourbier po qui nous donne mal au crâne à chaque lever.

    Bonne fin de semaine à vous, Patick A.

    • 13 mars 2010 à 14:44 | rabri (#2507) répond à Ny ando

      Entre espèces disparues en haut à gauche et espèces trop connues en bas à droite sur chichou.com, mon choix est fait pour cet été ! lol !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

  • 13 mars 2010 à 12:14 | da fily (#2745)

    Même sort pour son cousin très lointain le dodo de l’île Maurice. Ces oiseaux étaient les premières proies de l’homme à l’époque.

    Le sud n’était pas fourni en zébus comme aujourd’hui, la viande devait être rare. Nous avons des témoignages de chasses aux lémuriens actuellement, est-ce que le chasseur est un apprenti-sorcier ? Où l’ecervelé de base qui réfléchit autant que le coupeur de bois de rose ? La pauvreté n’excuse pas tout.

    Nos dinosaures à vestes multicouches même fossilisés, n’intéresseront personne, pour un fois l’évocation de la disparition d’un genre sera salvateur, mais comme pour les mauvaises herbes, la suite en repousse est assuré si l’on peut dire.

    J’en viens à la question du moment : est-ce que l’être humain mérite-t-il de continuer à occuper la planète ou est-ce qu’il sera fossilisé et remplacé par les insectes ? Ceux-là ont vraiment beaucoup plus de chance de s’en sortir, ils font preuve d’une adaptabilité qui ferait passer la théorie de Darwin pour un slogan publicitaire ! Leur structure très simplifiée et en même temps complexe dans leur métabolisme leurs confèrent des facultés très au-delà de ce dont nous sommes capables. Nous devrions prendre exemple sur les fourmis : il n’existe pas d’individu en tant que tel dans leur structure sociétale, il y a le bien de tous dont chaque élément est un rouage efficace. La perpétuation de l’éspèce est la finalité, entretenir l’ouvrage est la priorité, et chacun est à sa place pour le suucés de la mission. Pas de dictature, mais une implication et un accomplissement individuel dupliqué à l’infini régulent la machine.

    Je lance la création du parti des fourmis, le bien commun sera la priorité, tout sera axé sur la réussite de l’éspèce et sa préservation dans son environnement.

    Nous serons évidemment ouvert aux partis des cigales, des grillons, des araignées, des abeilles, des libellules et autres coccinelles, mais nous combattrons fermement ceux des cafards, des voa-tay et autres bousiers et celui de la vermine qui ne sait vivre que dans l’obsurité.

    • 13 mars 2010 à 14:48 | lalatiana (#1016) répond à da fily

      Mais je suis pas du tout d’accord avec vous là ... LOLL

      La fourmi ou l’abeille ont elles conscience de participer à quelque chose ?

      « Olombelona » je me revendique ...

       :-)

    • 13 mars 2010 à 21:25 | Ny ando (#1495) répond à da fily

      Da fily, très cher,

      « Le sud n’était pas fourni en zébus comme aujourd’hui, la viande devait être rare. » Si tout le monde commence comme cela, en conjectures non vérifiées, je comprends que notre pays s’enfonce dans les profondeurs de l’océan Indien.

      Les premiers écrits malgaches - les Sorabe - s’intéressaient surtout à la question religieuse. Mais sans être particulièrement francophile, je tiens à signaler que la première Histoire historienne écrite de l’Anosy au XVIIe siècle a été composée par Flacourt : elle dit bien que les désaccords qui ont ruiné grâce à Dieu « le fort Dauphin » à l’époque étaient les razzias menées par la Compagnie des Indes et les dahalo vazaha avant la lettre qui emportaient non seulement les nanas malgaches mais aussi les aombe - ceux-ci par centaines de milliers. Le Pr Jean-Aimé Rakotoarisoa, qui parle des Mille ans d’occupation (L’Harmattan, 1995) de cette région, ne dira pas autre chose que Flacourt et ses acolytes. Mais il est parti le zouave, il est prof à l’Inalco depuis sa retraite de l’Institut des civilisations. En voilà un aepyornis habile, qui pèse plus lourd que ses ancêtres d’une demi-tonne.

      Comme quoi, il y a préservation et préservation.
      Qui, que doit-on protéger ?
      Car on a oublié le bon moustique que l’homme essayait d’éradiquer (à tort ?) avec la DDT dans un temps pas si lointain que ça !

      Les beignets faits avec les oeufs d’autruche (j’y ai goûté personnellement), cette descendante de l’aepyornis, faits par les contemplateurs de viande ambulante du Sud, sont simplement délicieux. L’homme non sapiens devait savoir où était son intérêt entre l’oeuf et les 500 kg à conserver sous le soleil de Satan.

      Ça donne faim tout ça. Je vais manger un coup pendant que j’ai encore de quoi me mettre sous la dent. Je vous invite, Patrick A. et da fily.

    • 15 mars 2010 à 08:56 | da fily (#2745) répond à Ny ando

      Prrrff.....! voila Ny ando qui me renvoie dans mes 18 mètres, je mea culpe grave. Me confondant et me flagellant pour cette bourde, je ne mérite que le mépris qui sera l’autel de mon ignorance.

      Je ne dois pas avoir les bonnes sources qui m’ont indiqué la présence des zébus vers le 16ème ou le 17ème siècle. Je remercie ici, les partenaires de ce post pour la pédagogie qu’il veulent bien partager, je suis sincère.

      Pour lalatiana, la fourmi et les abeilles ont ceci de méritant, qu’elles oeuvrent pleinement pour l’épanouissement de leur « civilisation », tout en régulant leur nombre, je me suis occupé un peu d’apiculture avec un vrai accro de la chose, et essayé de comprendre ces bébêtes qu’on peut qualifier d’adorables, si elles n’ont pas décidé de vous farcir de dards qui sont leur testament. Quant à la fourmi, c’est bien une des seules éspèces du règne animal qui a prévu le loisir sous forme d’alcoolémie, car elle récolte des feuilles (j’ai oublié de quelle essence) afin d’en parfaire la fermentation pour en tirer un alcool. La biture qui s’en suit chez le petit insecte vaut son pesant de zigzag et autres crépages d’antennes : rigolo et sympathique. Il n’a pas été complètement défini le pourquoi de la chose, mais c’est sympathique de découvrir qu’après une bonne journée de travail, le fourmi éprouve le besoin de s’adonner aux joies de l’apéro ! Non ?

  • 13 mars 2010 à 16:30 | alika mirenireny (#3197)

    Salama,
    Frankestein ?

    ou bien des docteurs Folamour ?

    j’en connais quatre à Madagascar,qui conduisent leur pays au désastre,

    ce qui aurait du les rendre inélligibles,

    Comme les « mousquetaires » les Don Quichotte de la Tribune " sont 4 machos indécrotables !! MDR !!

    guére accessible à l’humour,les fines plumes de la « Tribune »

    Nous vous signalons ,un fils de Frankenstein, en chair et en os , à Tana, à méme de commenter les travaux que vous signalez,

    http://tinyurl.com/y8syoba

    lien vers article original : « Fossil avian eggshell preserves ancient DNA »

    http://tinyurl.com/yd7szwg

    un peu de lecture pour le week end, pour les « apprentis geekers » ?

    http://tinyurl.com/ydak9uw

    http://tinyurl.com/ydzvm3r

  • 14 mars 2010 à 06:26 | G. Andriantsolo (#3964)

    Bon article, bonne illustration.

    Christian nous a heureusement enseigné une bonne chose. Sans doute peu de lecteurs sont allés autrefois au Musée de l’Académie Malgache où le squelette de l’aepyornis est présenté. Depuis les travaux à Tsimbazaza qui ont modernisé et agrandi l’Académie, le Musée a été réinstallé, mais il me semble qu’il n’est pas encore réouvert. Il faut y conduire les enfants des écoles.

    Dans son enseignement, Christian a oublié de nous dire :

    1. que cet oiseau qui ne volait pas, est un ratite. Il faut enrichir le vocabulaire des internautes.

    2. qu’en malgache, cet oiseau porte un nom dont on se souvient. C’est le vorompatra (vorona + fatrana ou fatra, qui est un espace sans forêt dense ou de savane arborée) Le vorompatra est l’oiseau des savanes — la savane étant son habitat naturel. Enrichir son vocabulaire malgache n’est pas non plus inutile.

    Je voudrais ajouter que l’aepyrornis n’était pas le seul grand ratite autrefois présent à Madagascar. Il y avait aussi des mulleriornis et d’autres dont le nom scientifique m’échappe. On peut aussi en voir au Musée de l’Académie. Je ne sais pas si la terminologie malgache leur avait donné des noms différents. Vorompatra devait en fait être le nom générique de tous les ratites présents à Madagascar.

    Merci quand même à Christian.

    • 15 mars 2010 à 13:19 | Ny ando (#1495) répond à G. Andriantsolo

      G. Andriantsolo, c’est qui Christian ?

      Pour da fily je salue votre bon caractère, je suis votre amie.

      Bonne semaine à tous.

  • 14 mars 2010 à 11:38 | alika mirenireny (#3197)

    Salama,

    Trois facteurs semblent pouvoir expliquer la disparition de ce bel oiseau

    - le climat, réchauffement

    - autres animaux

    - activité humaine de chasseur,

    En l’état actuel rien ne semble privilégier ;une piste ou l’autre,
    Notemment ,la consomation humaine de viande d’Aepyornis,ne semble pas a elle seule pouvoir expliquer sa disparition

    En ce samedi,( hi,hi,hi, ) seule trace récente de cet oeuf « Aepyornis » duement authentifiée par datation carbone .....

    une salle de ventes aux enchéres de Londres

    Donc,si rien ne nous permet de supputer sur disparition de cet animal,il n’y a guére de doute sur la destinée de ses oeufs !!!

    http://news.bbc.co.uk/2/hi/uk_news/england/kent/7963914.stm


    Arthur RAOELISON ( 2006 )

    Le fonds Grandidier et la paléontologie de Madagascar

    http://www.taloha.info/document.php?id=359&format=print


    Tahola n° 1 , dans « mada revues »

    Article de Battistini

    http://tinyurl.com/yzjr22e

    « L’importance de l’action de l’homme dans les transformations protohistoriques du milieu naturel à Madagascar. »


    http://madarevues.recherches.gov.mg/revues/pdfxfiles/tal04_51-63.pdf

    Tahola 1971

    Battestini et Verin

    « témoignages archéologiques sur la cote vezo de l’embouchure de l’onilahy à la baie des assassins »


    Tahola n° 14/15

    Contribution à l’étude zooarchéologique de la région du Sud-ouest et extrême Sud de Madagascar sur la base des collections de l’ICMAA de l’Université d’Antananarivo

    http://www.taloha.info/document.php?id=181


    Battestini & Lebigre

    http://tinyurl.com/yftpgzb

    « Enregistreurs et indicateurs de l’évolution de l’environnement en zone tropicale »


    « Mille ans d’occupation humaine dans le Sud-Est de Madagascar : Anosy, »
    Par Jean Aimé Rakotoarisoa

    http://tinyurl.com/yhl2yct

    René Battistini avait localisé dans les dunes de l’embouchure du Manambovo des vestiges de poterie et d’oeufs d’Aepyornis qui paraissaient ... L’Androy voisin a fait l’objet de recherches
    exhaustives (F. Defoort, 1913 ; R. Decary, 1926 à 1950 ; R. Battistini, 1964 ; G. Heurtebize


    Bien entendu ,les travaux de Decary,ne sont pas négligeables

    « La Légende du rokh et de l’ »Aepyornis«  »L’Androy, extrême sud de Madagascar : Essai de monographie régionale" ...‎ - Page 82

    Raymond Decary - 1933

    http://tinyurl.com/y8syoba

  • 14 mars 2010 à 12:42 | alika mirenireny (#3197)

    Sous le couvert de la confidence,nous vous livrons le prochain

    « buzz »

    qui va paraitre prochainement sur le blog de notre agitateur d’idées favori, « Ndimby »

    Une pétition est ouverte en ligne, pour obtenir la restitution ,du seul exemplaire d ’oeuf d’ Aepyornis complet,existant au monde, actuellement connu,

    Bien entendu il sera accordé au « British muséum » qui l’abrite temporairement ,comme a toute la communauté scientifique internationale, toute facilité pour continuer ses remarquables recherches ,une foi ,cet oeuf,malgache, de retour au pays

    Bien entendu, les pays démocratiques, ( USA comprise ) font peu de cas des émois de l’UNESCO,sinon se moque de ses avis

    et la protestation de cet organisme international, devant cette usurpation est bien sur réstée lettre morte

    http://unesdoc.unesco.org/images/0012/001212/121239F.pdf

    En attendant consolez vous en consultant les travaux ,faits sur cet oeuf « malgache »

    Car il ne va bientot,rien nous rester rien de malgache au pays

    « Christies » vous connaissez ?

    http://www.christies.com/presscenter/pdf/01232008/105221.pdf

    http://tinyurl.com/yheqt7l

    http://digimorph.org/specimens/aepyornis_maximus/

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