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Opinions

Appelez-moi citoyenne...

mercredi 16 septembre 2009 | Citoyenne Malgache

Cette crise aura tout de même comme impact positif de réveiller leur citoyenneté chez beaucoup de malgaches. Cependant, ce dur métier de citoyen, comme le dira le forumiste Kakilay, je devrais le pratiquer tous les jours sans l’avoir jamais appris. Et le problème est là. Même pour les moments importants comme les élections, des moments qui décideront pourtant de ma vie et, parfois je n’en fais pas cas et je ne vais pas voter, préférant profiter de mon home pas toujours sweet, plutôt que de faire la queue pour élire je ne sais plus qui… Oui, je l’avoue, je ne sais même pas pour qui voter… Les présidentielles, c’est facile. On aime ou pas le personnage, il convainc ou pas… Les législatives, c’est plus dur… dois-je choisir le parti ou la personne ? De toute façon, je n’ai pas bien compris à quoi les députés servaient. Ils ne remplacent pas vraiment ma bouche pour parler, mais ils la remplacent surtout pour manger. Ils votent les lois, bien sûr. Est-ce pour cela qu’ils font la loi dans leur circonscription ? Il n’y a pas de quoi rire, nous sommes des millions de pauvres hères à penser ainsi. Et nous pesons de tout notre poids électoral pour décider qui va décider de notre vie. C’est presque de la loterie, et pas une élection.

En choisissant mon pseudo Citoyenne malgache, je faisais seulement référence à mon appartenance à un pays. Je me suis toujours considérée comme une bonne citoyenne puisque je remplissais mes devoirs électoraux et fiscaux et surtout… je travaille – beaucoup - pour le développement de mon pays. Jusqu’au jour où…un TGV dérailla dans mon pays : évidemment, nos voies ferrées ne sont pas faites pour supporter ce genre de véhicule !

Et c’est le réveil en douleur… travailler ne suffisait donc pas, puisqu’un petit groupe de gens avait la possibilité de détruire en quelques semaines, le travail de toute une vie. Il était temps de passer au dessus des valeurs individuelles pour s’intéresser aux valeurs collectives, à la citoyenneté, à la démocratie. Les amis virtuels auront été les meilleures ressources pour cette recherche. C’est incroyable comme le net regorge d’informations sur le sujet. Mais Madagascar dispose aussi d’une bonne documentation, et certains documents existent en version malgache. Un effort de dissémination à grande échelle, ainsi qu’une transcription pour les non-instruits serait plus qu’indispensable, à défaut d’avoir une école de la citoyenneté.

A la recherche de la citoyenneté perdue…

Parmi toutes les définitions trouvées, j’ai surtout apprécié celle de l’association roumaine Animus qui œuvre dans l’éducation citoyenne : « la citoyenneté est la pratique d’un code moral, un code qui se préoccupe des intérêts d’autrui, enraciné dans l’auto-développement personnel et la coopération volontaire plutôt que dans le pouvoir coercitif de l’intervention de l’Etat. La citoyenneté contribue à l’intégration de l’individu dans les structures sociales ou culturelles de la société ». Toutes les autres définitions demanderont globalement au citoyen d’être un acteur de la vie de sa cité. La participation peut avoir plusieurs formes et elle n’est pas obligatoire. Mais elle exige qu’on s’exprime et être responsable.

S’exprimer donc… Le citoyen a un devoir d’interpellation par rapport à la gestion de l’Etat, de sa circonscription, de sa communauté. Il est vrai que notre désintéressement citoyen a encouragé le développement de la culture d’impunité dans notre pays. Une fois les élections validées, nous donnons une carte trop blanche à nos élus et dirigeants. Nous nous contentons de nous retrouver le jour du lynchage, ou mieux, nous les réélisons malgré tous les reproches qu’on leur a faites. Nous n’avons pas encouragé nos dirigeants à être redevables. Peut-être parce nous ne savons même pas qu’ils doivent être redevables.

Attention chien gentil !

Mais pourquoi se limiter aux côtés négatifs ? Nous avons aussi un devoir d’encouragement. Et c’est d’ailleurs cette culture de dénigrement systématique qui mine notre chemin vers le développement. Les efforts passent inaperçus, voire rabaissés, jusqu’à entraîner une démotivation des responsables. Soyez excessivement positif et encourageant et vous verrez pousser les miracles autour de vous. Au lieu de nous amuser à diaboliser nos présidents, nous devrons apprendre à déterminer les acquis pour pouvoir identifier le chemin qui reste à faire.
Je vais donc me détacher de l’esprit chagrin du genre humain qui ne crie qu’après le mal. (En effet, avez-vous jamais vu un écriteau annoncer Attention ! Chien gentil ?). Car il faut que je fasse état de ce que j’ai apprécié du régime précédent, pour pouvoir le retrouver avec le prochain président, quel qu’il soit. Ny mihoatra tsy ferana. J’ai eu l’occasion de le faire à travers mes commentaires sur des forums, concernant l’effort de formation des responsables à tous les niveaux, ainsi que modèle du personnage de Ravalomanana sur les 75% de malgaches ruraux.

Mais les réalisations du régime Ravalomanana mériteraient tout de même plus que de simples commentaires et même plus qu’un article. Tout le mérite ne lui revient certes pas, mais son mérite est d’avoir fait en sorte que la population s’active et qu’on commençait à se défaire de nos boulets du moramora qui nous lestaient lourdement. C’est ainsi que personnellement, j’ai eu la chance de rencontrer des personnes qui ne se sont pas limitées à me stimuler par Yes, you can, mais ont fait plus en me faisant comprendre Yes, you must. Et le contexte de ces dernières années m’a permis des réalisations pour lesquelles je peux annoncer fièrement, Yes, I did ! A voir les nombreux jeunes et moins jeunes qui ont pu réussir, créer, s’équiper, il me semble que mon cas n’est pas anecdotique.

Je ferais aussi mention du MAP (que les détracteurs qualifiaient de MAP-iesona), qui, comme tout document important, contenait son lot d’imperfections. Mais je louerais surtout la démarche d’application régionale du MAP, couplée à l’approche Rapid Results Initiative (RRI), qui a surtout contribué au développement de capacité au niveau régional. Ce n’est qu’en développant nos capacités que nous pouvons nous construire.

Qu’avez-vous avez fait aujourd’hui pour défendre vos valeurs citoyennes ?

En attendant de trouver le président parfait qui n’existe peut-être pas (encore), essayons d’être des citoyens modèles. C’est beaucoup plus à notre portée. Et de bons citoyens font les bons dirigeants.

Ne restons pas indifférents au sort de notre pays. Soyons pour, soyons contre, mais exprimons-nous. La démocratie nous met en égalité, et la voix d’un docteur en droit vaut autant que la mienne ou celle du vendeur de journaux du coin. Impliquons-nous à tous les niveaux, prenons des responsabilités quand nous en avons la capacité et la possibilité, c’est nous les vraies forces du changement.

Pour ma part, j’ai compris la base, je commence à m’impliquer, et sans prétention aucune, vous pouvez maintenant m’appeler Citoyenne.

5 commentaires

Vos commentaires

  • 16 septembre 2009 à 09:34 | Lemurkata (#801)

    Ho tanteraka tokoa anie izany. Amen :-)

  • 16 septembre 2009 à 10:02 | hafatra (#1895)

    Raha sarotra ho anao ny nahita solom-bava(mbahoaka) dia toa tsapa kosa fa mora dia mora taminao ny nahita solomaso(TIM).
    Marina ny anao : mijery aloha vao miteny saingy ataovy amin’ny maso tsy miangatra.

  • 16 septembre 2009 à 10:05 | observatrice (#2065)

    « Les petites gouttes font les grandes rivières » ; le malgache a déjà une certaine notion de la citoyenneté, mais elle fonctionne justement à la moramora. Elle est latente, et se réveille de temps en temps ;

    comme les gens ne voient justement pas l’impact de leurs votes dans leurs vies quotidiennes, ils se démobilisent facilement, et cela , même dans les pays démocratiques comme la France . Mais lors d’un événement qui les touche vraiment , ils se mobilisent (élections présidentielles françaises et la présence de Le Pen au second tour, et à Madagascar, les événements du 13 mai 1972)

    la mise en place d’une véritable démocratie : de véritables députés , qui portent la voix du peuple et non leurs portefeuilles, serait la première étape indispensable pour demander une implication des gens

  • 16 septembre 2009 à 22:54 | Ndimby A. (#444)

    Citoyenne Malgache

    Joli texte, qui pose la principale problématique qui compte maintenant. Quand tous les repères s’effacent, quand l’armée comme rempart n’est plus qu’une illusion ; quand le FFKM comme ray-aman-dReny n’est plus qu’une blague ; quand la société civile comme recours n’est qu’une utopie ; il ne reste que les citoyens. Qu’est ce que cela veut dire, et que peuvent-ils faire ? Sans doute les pistes de réflexion ouvertes par ce texte méritent d’être poursuivies. Car depuis le début de cette crise, beaucoup se sont arrogés le droit de parler au nom du peuple et de ses citoyens. Il est sans doute temps que ceux-ci reprennent la main, pour ne pas laisser les atouts aux mains des bidasses et des pilleurs.

    • 17 septembre 2009 à 12:13 | mpitily (#1212) répond à Ndimby A.

      Cher Ndimby,

      vous avez bien résumé notre problème actuel : « tous nos repères se sont effacés » ! la faute à qui ? la faute à nous tous et à nos politiciens en particulier, Andry et Ravalo compris (mais pas aux seuls bidasses et pilleurs).

      Sincèrement, vous gagneriez beaucoup à être plus objectif et impartial dans vos éditos. Votre propension à encenser Ravalo et dénigrer Andry, à la moindre occasion, gâche souvent la pertinence de vos écrits, dommage !

      Idem pour citoyenne, pouquoi attendre 2009 pour cette interpellation ? où étiez-vous en 2002 ?

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