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Afrique : Impact des IDE sur la dynamique entrepreneuriale

mardi 25 août 2015

La création de nouvelles entreprises a des effets positifs sur la croissance. Elles sont en effet généralement efficaces et elles créent de l’émulation sur le segment du marché où elles s’installent, amenant ainsi à une hausse la la productivité, une meilleure qualité, et une baisse des prix. Nous savons aussi que les jeunes entreprises contribuent plus à la création d’emplois que des sociétés plus mûres car, celles-ci sont plus flexibles que les grandes.

Curieusement en Afrique, ces vérités ne semblent pas faire l’unanimité. En effet, comparé à d’autres continents, l’Afrique a moins d’entreprises et présente un esprit d’entreprise peu développé ou plutôt étouffé (Munemo, 2012).

Jonathan Munemo (2015) apporte de nouveaux éléments dans le débat sur le rôle de l’investissement direct étranger (IDE) des firmes transnationales ou multinationales dans la dynamique entrepreneuriale. Pour les partisans des IDE, ces derniers jouent un rôle important dans la diffusion de la technologie de pointe, la transmission de nouvelles idées et la qualification des ressources humaines par divers mécanismes qui incluent l’entrée des sociétés domestiques ou nationales en tant que de nouveaux fournisseurs ou clients des sociétés étrangères, en particulier dans des industries verticalement. Dans pareil cas, ces entreprises locales naissantes sont moins perçues comme des concurrentes potentielles aux sociétés étrangères. Un autre mécanisme pour la diffusion de la connaissance est l’effet de démonstration, par lequel les nouvelles sociétés domestiques, du même secteur, adoptent des pratiques semblables à celles présentées par des firmes transnationales. La mobilité de la main-d’œuvre est un autre mécanisme pour la diffusion des qualifications des ouvriers locaux employés par ces sociétés transnationales. Équipés de ces qualifications supérieures, ces travailleurs peuvent créer leurs propres entreprises une fois que le contrat avec ces multinationales est fini ou rompu. Aussi, le fait qu’une majorité de ces sociétés exportent leurs produits peut également stimuler l’entrée des entreprises domestiques, en profitant des canaux de distribution déjà établis par les entreprises étrangères.

Ceux qui soutiennent un avis contraire stigmatisent le fait que les IDE peuvent également avoir un effet d’encombrement et nuire à l’esprit d’entreprise s’ils créent des barrières à l’entrée des producteurs locaux potentiels. Cet effet est susceptible d’être horizontal en nature, puisqu’il est possible qu’il y ait la menace de la concurrence aux sociétés domestiques fonctionnant dans la même industrie. Les barrières à l’entrée pour les sociétés locales peuvent également surgir quand les sociétés étrangères augmentent les coûts fixes moyens. Un autre canal par lequel les entreprises étrangères peuvent nuire aux nouvelles sociétés locales ou à leur éclosion est l’offre de meilleures conditions de travail et des salaires plus élevés que les concurrents locaux. En conséquence, les ouvriers les plus compétents iront fort probablement travailler dans ces sociétés étrangères au lieu d’utiliser leurs qualifications pour créer leurs propres sociétés. En outre, l’externalité positive que l’on peut espérer des IDE, pour améliorer la productivité des sociétés locales ou inciter à l’entrée de nouveaux entrepreneurs, peut tarder à venir.

L’effet global de ces firmes sur l’esprit d’entreprise dépend donc du rapport de force entre ces deux effets opposés, mais aussi de l’environnement des affaires. Pour ce dernier élément, des règlementations restrictives ou rigides ne permettent pas entièrement l’exploitation des avantages de croissance offerts par les IDE. Les règlementations peuvent rendre l’entrée coûteuse et empêcher ainsi directement la nouvelle création des firmes. Des coûts fixes importants peuvent être l’expression des barrières à l’entrée. Ainsi, un environnement des affaires flexible peut lever en partie les barrières à l’entrée d’origine réglementaire en rendant le marché plus attractif. Ce qui peut réduire le coût sur le marché. Cet environnement a aussi l’avantage de faciliter la mobilité des ressources humaines. Déjà, il réduit le coût de création des entreprises, ce qui permet aux employés compétents de créer leurs propres unités mais aussi d’attirer quelques entrepreneurs « risquophiles », étant donné la flexibilité dans le marché du travail que cet environnement peut induire. Cet environnement promeut aussi naturellement l’esprit d’entreprise dans le sens de donner l’occasion à ceux qui veulent gagner plus ou être reconnu comme des entrepreneurs de s’exprimer plus librement.

Dans ses articles, Jonathan Munemo explore l’interaction entre IDE et l’environnement des affaires existant. Ses résultats suggèrent que la complémentarité entre IDE et l’esprit d’entreprise (mesurés par la nouvelle création d’affaires) dépend de manière significative de l’environnement de normalisation existant pour des démarrages des entreprises en Afrique. Plus spécifiquement, il y a plus d’investissement direct étranger propulsant les nouvelles entreprises ou incitant à les créer que lorsque le climat des affaires est favorable. En d’autres termes, la réglementation de démarrage excessif est inefficace, et dissuade ainsi la nouvelle création d’entreprises en augmentant les coûts de faire des affaires. Il trouve également un impact positif pour une bonne gouvernance et le niveau de développement économique atteint sur l’établissement des sociétés domestiques ou leur création. Ces incidences sont encore davantage renforcées dans une situation de stabilité politique.

En définitive, améliorer le climat des affaires est salutaire pour l’entrée de nouvelles sociétés locales et peut donc jouer un rôle en augmentant la complémentarité entre les entreprises étrangères et domestiques. Ces réformes augmenteront non seulement l’entrée de nouvelles entreprises locales, mais produiront également des externalités positives des IDE (transmission de nouvelles idées, amélioration des qualifications des entrepreneurs, hausse de la productivité, etc.).

Oasis Kodila Tedika

Article publié en collaboration avec le projet Libre Afrique

4 commentaires

Vos commentaires

  • 25 août 2015 à 13:58 | Turping (#1235)

    IDE ,à condition qu’elles bénéficient et contribuent au dévéloppement local ,national dans l’intérêt du gagnant-gagnant surtout concernant les industries de pointe que le continent africain en a ardemment besoin.
    - En parlant de Jirama devenue Jiramaty , l’Airmad ,devenu Airmaty ,....ce sont des entreprises pré-existantes dont la problématique est l’ingérence ,la corruption ,le détournement,....Ces entreprises basiques ne relèvent de la haute technologie demandant tout simplement la bonne gouvernance .
    - La dynamique entrepreuneriale doit concerner tous les secteurs de base où tout le monde peut être concerné y compris les citoyens lambda dans la logique du dévéloppement basique ,primitif ( agriculture ,aviculture ,pisciculture , secteurs des bovidés ,sucrerie,...).
    - D’abord ,tout cela demande un climat d’apaisement ,de stabilité politique ,la sécurité ,la confiance mutuelle ,l’union nationale avec un esprit novateur ,évolutif avec le cahngement de mentalité ,.....le reste va de soi pour répondre aux critères de la pyramide de MASLOW.

    • 25 août 2015 à 14:00 | Turping (#1235) répond à Turping

      Lire :le changement ...

  • 25 août 2015 à 14:45 | Ra-Jao (#282)

    En résumé cet article veut d’attirer l’attention sur l’encouragement de l’entreprenariat comme moteur de la croissance dans une économie mondialisée. Une règlementation moyennement restrictive favorisera l’IDE et développera l’esprit d’entreprise , résultat du rôle important joué par les entreprise étrangères dans la diffusion de la technologie de pointe, la transmission de nouvelles idées et la qualification des ressources humaines.
    D’ailleurs, Oasis Kodila Tedika, n’est pas le seul à avoir compris le rôle majeur de la bonne gouvernance comme condition nécessaire à la croissance car , Noro Andriamamonjiarison, Présidente du GEM a souligné que « la gouvernance est un élément majeur, et l’Etat a un rôle essentiel à jouer. Sans son appui, les entreprises ne peuvent pas s’épanouir ». Une entreprise qui peut aisément développer ses activités, crée aussi de nouveaux emplois. C’est un des moyens pour lutter contre la pauvreté.

    Le PDG du groupe Socota, Salim Ismaïl dit qu’il est ainsi capital de créer l’environnement qui puisse permettre aux entreprises de libérer leurs capacités de création d’emplois, tout en attirant les investissements directs étrangers (IDE). En étant plus attractif, la machine de l’investissement se mettra en marche.

    Je me pose alors la question quel est alors le facteur de blocage à la promotion de la création d’entreprise chez nous ?
    En réalité , ce sont nos politiciens véreux, repus, qui mourront tous demain d’ingestion soutenu par une administration racketteuse et corrompue qui se fait rémunérer chaque acte administratif alors que ces vautours non contrôlés sont sensés gérer un service public non marchand qui sont la source de la pauvreté dans notre pays.

    Sans être un pro Ra8, je ne comprends toujours pas pourquoi notre le gouvernement bloque la réouverture de l’entreprise TIKO, alors qu’il y a là des emplois directs et indirects en jeu ?

  • 25 août 2015 à 22:39 | Isambilo (#4541)

    et vive la concurrence libre et non faussée. Et vive l’esprit d’entreprise. Et vive la souplesse du marché de l’emploi. Et vive le renard libre dans le poulailler libre !
    Ce pauvre type est payé combien pour faire la propagande des transnationales ? Il croit qu’on ne peut pas s’informer ailleurs peut-être ?
    Pauvre type.
    Les IDE intéressent d’abord et uniquement les actionnaires des fonds d’investissement. A moins de 15% de rendement ils foutent le camp pour plumer un autre pays.

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