Affaire SMGD : quatre personnes en garde à vue au Bianco

Le Bureau indépendant anti-corruption (Bianco) est en ébullition depuis plusieurs jours. Au cœur de l’affaire : la convention de prêt conclue entre la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNaPS) et la Société municipale de gestion digitale (SMGD), une société créée au niveau de la Commune urbaine d’Antananarivo (CUA) pour gérer notamment les parkings publics dans la capitale, un emprunt de 11 milliards d’ariary contracté à l’époque où Naina Andriantsitohaina était maire de la capitale. Ce prêt, destiné à soutenir ses activités, est aujourd’hui au centre d’une enquête qui fait vaciller plusieurs personnalités publiques.

Les auditions se succèdent, sous haute discrétion, dans les bureaux du Bianco à Ambohibao. Parmi les personnes entendues, quatre figures retiennent particulièrement l’attention : Mamy Rakotondraibe, ancien Directeur général de la CNaPS au moment de l’emprunt ; Thierry Andriamananony, directeur général actuel de la SMGD ; Harilala Ramanantsoa, maire en exercice de la CUA ; et Claudia Pichler Andriantsitohaina, épouse de l’ancien maire de la capitale, placée en garde à vue depuis dimanche.

Selon des sources concordantes, les enquêteurs cherchent à comprendre pourquoi plus de 5 milliards d’ariary restent impayés alors que la durée de remboursement avait été fixée à soixante mois. L’alerte a été donnée le 5 novembre dernier par l’actuel DG de la CNaPS, Vimbina Rahaingonjatovo, qui s’est étonné de l’arrêt total des versements après le départ de Naina Andriantsitohaina de la mairie en 2024.

L’actuelle maire, Harilala Ramanantsoa, a été convoquée mardi soir. Des agents du Bianco se sont rendus à la mairie, selon des témoignages auprès de la CUA, pour lui signifier qu’elle devait témoigner dans le cadre de l’instruction. Son audition s’est poursuivie toute la journée de mercredi. Les enquêteurs cherchent à reconstituer l’ensemble du circuit décisionnel de la SMGD depuis sa création.

Mais c’est surtout la garde à vue prolongée de Claudia Pichler Andriantsitohaina qui cristallise les tensions. Emmenée après la perquisition du domicile conjugal alors que son mari était absent – présenté comme étant en vacances selon son avocate –, elle n’a toujours pas regagné son foyer après plus de 48 heures. Son entourage dénonce une « mesure disproportionnée », rappelant qu’elle est mère d’un nourrisson allaité et qu’aucun droit de visite n’a été accordé.

Face à la pression médiatique, le Bianco reste inflexible. Aucune confirmation publique, aucun nom : l’institution invoque la nécessité de protéger l’enquête, les personnes auditionnées et d’éviter tout risque de troubles publics. Alors que le pays s’interroge, l’affaire SMGD pourrait devenir l’un des plus importants scandales politico-financiers de ces dernières années. La ministre de la Justice, Fanirisoa Ernaivo, a rappelé que « la lutte contre l’impunité » reste une priorité nationale. Une déclaration qui sonne comme un avertissement.