Facebook Twitter Google+ Les dernières actualités
vendredi 26 avril 2024
Antananarivo | 19h27
 

Répondre à un commentaire

20 mai 2020 à 15:04 | Besorongola (#10635)

En France, les réseaux Envie et Emmaüs (tous deux membres de Rreuse) ont un partenariat avec Eco-systèmes, qui collecte les trois-quarts des D3E ménagers français. Ce qui a permis la réparation de 478 000 appareils, en 2012. Cela peut sembler beaucoup. Mais ce n’est que 1,3% des plus de 37 millions d’appareils collectés par l’éco-organisme la même année ! Bien loin des 5% demandés par Michal Len, donc [10].
Des éco-organismes gérés par les géants de l’électroménager
Les éco-organismes français ont-ils vraiment intérêt à promouvoir le réparation des objets collectés ? « Le système des éco-organismes fonctionne plutôt bien. Mais ceux-ci misent encore beaucoup plus sur le recyclage que sur la réutilisation. C’est normal puisqu’ils sont gérés par les entreprises qui produisent et distribuent les équipements ! », analyse Laureline Bourit, de FNE. Les éco-organismes sont des sociétés de droit privé, à but non lucratif, agréés par l’État pour une mission d’intérêt général. Mais dans leurs conseils d’administration siègent les géants du secteur électronique et électroménager. Eco-systèmes est présidé par un responsable de l’entreprise Seb, Alain Grimm-Heckersont, et ses administrateurs sont issus de Darty, But, Saturn, Philips, Samsung… Idem chez les deux autres éco-organismes agréés pour la branche, ERP et Ecologic.
Mélissa Bire, porte-parole d’Eco-systèmes, défend ce fonctionnement : « La directive européenne de 2002 a mis en place le principe de « responsabilité élargie du producteur ». C’est donc la loi qui demande aux producteurs de s’organiser pour traiter les D3E. Ils ont simplement transféré leur responsabilité à ces éco-organismes. La porte-parole assure : « Nous ne sommes pas des représentants des producteurs. »
Soit. Mais le rôle de ces éco-organismes est bien d’agir au service de leurs adhérents, producteurs et distributeurs, pour assurer le respect de leurs obligations légales. Et pas pour une meilleure protection de l’environnement. « Les producteurs et distributeurs écrivent eux-mêmes les règles du jeu auxquelles ils doivent se soumettre. Ils ne sont pas dans une démarche de prévention, tranche Laura Caniot, du Cniid. Ce n’est pas dans leur intérêt de dire qu’il faut acheter moins de produits, qu’ils soient plus facilement repérables, qu’ils aient une durée de vie plus longue. C’est un gros problème. »
A quoi sert l’éco-participation ?
Un problème qui resurgit avec la question des éco-participations, cette contribution payée par l’acheteur lors de l’acquisition d’un appareil neuf et reversée aux éco-organismes pour financer la gestion des déchets. Cette participation sert à financer le système de traitement des D3E. Mais son montant est extrêmement bas : en moyenne un euro pour un aspirateur, 30 centimes pour une tablette tactile, 10 centimes pour un ordinateur portable. Trop peu pour financer le ramassage, le démontage, la récupération ? « Il faut résonner en terme de tonnage, avec les économies d’échelles qui correspondent », note Mélissa Bire, porte-parole d’Éco-systèmes.
« Pour collecter et recycler un ordinateur, il faut évidemment plus que ça », assure pourtant Claude Bascompte, des Amis de la Terre. Il a siégé jusqu’à cette année à la commission d’agrément des éco-organismes de D3E. « Le niveau de l’éco-participation est bas parce que le niveau de la collecte des D3E est bas. Aujourd’hui, un tiers des déchets sont collectés. Mécaniquement, si le niveau de collecte augmente, les éco-contributions devront augmenter. Donc, ce n’est pas forcément dans l’intérêt des éco-organismes de collecter plus. » Une éco-contribution plus élevée pourrait faire hésiter les consommateurs lors de l’achat. « Entre l’intérêt particulier des producteurs et l’intérêt général de réduction des déchets, il y a des contradictions », conclut Claude Bascompte.
Des produits longue durée, innovation impossible ?
Une solution serait de moduler le niveau de cette contribution en fonction de la conception du produit, avec une prise en compte « des matériaux plus ou moins toxiques, de la durée de vie des produits, de la facilité de les réparer, de l’accès plus ou moins aisé aux pièces détachées », explique Laureline Bourit. Une réforme semble en tout cas indispensable face à l’arrivée constante de nouveaux produits électroniques à la durée de vie toujours plus courte. « Les nouvelles tablettes et nouveaux smartphones vont être encore plus rapidement jetés à cause de l’obsolescence des logiciels, explique Camille Lecomte, chargé de mission pour l’ONG Les Amis de la Terre [11] Et ce sont des produits qu’on ne sait pas recycler dans de bonnes conditions aujourd’hui. Dans un smartphone, il y a une quarantaine de métaux différents. En France, on ne sait en recycler que 17. »
Pourtant la consommation de ces appareils est en pleine explosion. Le volume mondial de déchets électroniques va augmenter d’un tiers dans les cinq prochaines années, selon une estimation de l’initiative Solving the e-waste problem – qui réunit Nations Unies, industries, instituts de recherche et ONG. À qui la faute ? En grande partie aux producteurs qui mettent en place des stratégies bien pensées pour inciter, voir contraindre, à acheter toujours plus souvent un nouvel appareil : des batteries intégrées qui ne durent que 18 mois, des pièces détachées qui changent à chaque génération de produits, des systèmes d’exploitation impossibles à mettre à jour sur des modèles anciens… Pour pousser le consommateur à acheter les fabricants savent faire preuve d’imagination et d’« innovation ». Pas pour recycler ni réparer.

Rachel Knaebel

Publicité




Newsletter

[ Flux RSS ]

Suivez-nous

Madagascar-Tribune sur FACEBOOK  Madagascar-Tribune sur TWITTER  Madagascar-Tribune sur GOOGLE +  Madagascar-Tribune RSS