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mercredi 24 avril 2024
Antananarivo | 12h38
 

Reportage

Ilafy

Une ville industrielle pendant le règne de Ranavalona I.

vendredi 12 octobre 2007
Le Rova d’Ilafy ou le Palais construit pour Radama II.

Ilafy est administrativement rattachée à la commune Ankadikely Ilafy. Elle se trouve à dix kilomètres au Nord d’Antananarivo, et anciennement dénommée Ambohitrakanga « colline des pintades », car c’était un endroit couvert de forêts où habitaient des pintades. Le site reçut par la suite le nom d’Ilafy (de « lafin-kavan’Andriana » ou parents par alliance) car la plupart des membres de la noblesse dont ceux d’Andriamasinavalona d’Ambohimanga, d’Andriambahoakafovoanitany d’Arivonimamo y retrouvaient des proches ou des relations. Dans les temps reculés, à Ambodidramanoa, à mi-hauteur de cette colline habitait un « vazimba » du nom d’Andriampirokana. Ce premier occupant ne s’opposait pas à la volonté de conquête de Ralambo et était admis à y habiter.

Ilafy fait partie des douze collines sacrées de l’Imerina. Elle est l’une des trois fameuses collines d’Avaradrano. En plus, elle était le lieu d’intronisation d’Andriamambelomasina et une part du territoire de Ravololondralambo, le lieu où avait grandi Andrianjafy. Du temps du royaume Malagasy, cette colline était toujours rattachée à Ambohimanga, et était habitée majoritairement par les « Hovas » ou les bourgeois car c’était à Antsampandrano, et dans ses environs qu’habitaient la majorité des nobles dont les Andriambodilova. Ilafy était la capitale des Tsimiamboholahy qui est un groupe statutaire composé d’Andriamanarefo, d’Andriantefana et d’Andriamanazary. Elle était également le lieu de villégiature de Radama II durant son court règne 1861-1863, et le lieu où s’étaient déroulés diverses cérémonies. La colline sacrée d’Ilafy est essentiellement liée au souvenir du Roi Radama II. Sa mère, la Reine Ranavalona I marquait son attachement à ce site grâce à son profond amour au plus bel homme qu’elle avait connu et qui était le bourgeois de Namehana en la personne d’Andriamihaja, le chef de l’armée à l’époque où Rainiharo était Premier ministre. Andriamihaja était le père de Radama II. Les hommes d’Ilafy constituaient les premiers soldats qui formaient la première armée malgache. Les « Omby Volavita », ou les Zébus royaux destinés aux douze collines pour les sacrifices lors du « Fandroana », y étaient élevés.

Une malédiction

Le coin sacré du musée où est actuellement présenté quelques ustensiles ayant appartenu au Roi Radama II.

A la fin du XVIIIe siècle, Ilafy fut la seigneurie d’Andrianjafy qui fut mis à mort par les partisans du roi Andrianampoinimerina. Les Tsimiamboholahy avaient juré fidélité au roi Andrianjafy. Mais ce dernier se fit rapidement détester à cause de ses brutalités sur la gouvernance. La population se mit à le haïr depuis qu’il a commencé à tramer des complots contre le futur roi Andrianampoinimerina (Imbosalama) dont il chercha à se débarrasser par tous les moyens afin que son fils Ralaitokana monte sur le trône, ce qui était tout à fait contraire au souhait du bien-aimé roi Andriambelomasina. Ainsi, les Andriamanarefo finissaient par le repousser jusqu’à le mettre à mort à Antsahafady à Ambohimanga. Andrianampoinimerina, à partir de cette époque, était devenu le seul et unique Grand Roi d’Avaradrano puis de l’Imerina. Moins d’un siècle plus tard, le Roi Radama II y établit une maison de plaisir. Il aimait fréquenter le site en compagnie des jeunes aristocrates, les « Menamaso ». Il subit le même sort qu’Andrianjafy à la suite d’un complot. Dès lors, une malédiction sembla planer sur Ilafy. Après son assassinat du 11 mai 1863, le Roi Radama II fut enterré au sommet de la colline, près de l’actuelle école.

Ilafy était une ville industrielle pendant le règne de Ranavalona I. Il vit, dès 1829, s’installer la première véritable industrie malgache sous l’impulsion de deux français, à savoir, Droit et Laborde. C’est à Ilafy en 1832 que naquit la première industrie de Madagascar. Jean Laborde a installé à 1,5 km au nord d’Ilafy la première manufacture de fusils de chasse et de munitions en Imerina pour le royaume de Madagascar en 1833. En 1837, Jean Laborde fut obligé d’abandonner l’usine d’Ilafy pour s’installer à Mantasoa.

« Chanceux comme le raisin d’Ilafy »

Selon Rakotoarisoa Joseph Emmanuel, un vieil homme qui connaît mieux le site, si Namehana était célèbre pour son orange, Ilafy, pour sa part, était connu grâce à son raisin. Le dicton « Mananjara ohatra ny voalobok’Ilafy » ou littéralement « Chanceux comme le raisin d’Ilafy » vient de ce fait. Les raisins d’Ilafy figuraient parmi les prémices destinées au Roi d’Analamanga. L’un des premiers marchés créés par Andrianampoinimerina fut localisé à Ilafy où étaient formées par ailleurs, les troupes de guerre de ce souverain, troupes recrutées parmi les Hovas. L’une des écoles primaires protestantes du quartier faisait partie des douze premières qui ont existé à Madagascar.

On peut encore y admirer le palais de bois construit par Jean Laborde pour Radama II ainsi que la place publique et l’emplacement des tombeaux princiers. Le tourisme pourrait s’améliorer grâce au Rova d’Ilafy et aux infrastructures d’accueil dont six hôtels, deux centres d’accueil et trois centres de loisirs. De plus, un centre de recherche sur l’énergie solaire y est implanté.

Recueillis par Feno R

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