Après les résultats du baccalauréat, les nouveaux bacheliers doivent choisir la ou les filières qui détermineront leur avenir. Le métier d’Infographe 3D est un métier déjà assez connu, mais rares sont ceux qui se spécialisent dans ce domaine pour devenir professionnels. C’est pourtant un métier très prometteur. Son revenu peut être estimé à 13 000 000 Ar environ pour un seul projet d’animation 3D d’une durée de 30 secondes. Il évolue également avec les nouvelles technologies et est à présent indispensable à la production audiovisuelle.
L’Infographe est celui qui manipule tout ce qui concerne le graphisme. On peut reconnaître certains logiciels de graphisme tels que Paintshop, Adobe Photoshop et autres. Mais les images qu’ils produisent sont en 2D. L’infographie 3D se différencie par le fait qu’elle représente une image de synthèse en trois dimensions. Cela dit, on peut regarder un objet sous tous les angles sur un écran plat, par sa largeur, sa hauteur et sa profondeur (avant et arrière). L’infographe 3D est alors plus apte à réaliser des images très réalistes. Pour réaliser ces images, on a besoin d’un logiciel de création 3D. Il sert à créer des scènes composées de formes complexes ou objets en 3D. Le plus connu est 3DSMAX. Néanmoins, le métier d’infographe 3D nécessite certains critères. Premièrement, il faut avoir une façon de penser sans détour pour maîtriser la 3D, ensuite être passionné de l’image. Il faut également avoir un côté artistique qui se reflétera dans le travail. Et enfin l’infographe doit toujours faire de nouvelles recherches.
Parcours à suivre
D’après le Pr Ranaivoson Oscar, infographe et professeur 3D : « Si l’on veut devenir professionnel en infographiste 3D, il faut d’abord maîtriser la production d’images, puis connaître les bases du logiciel de création 3D. C’est en comprenant la capacité et le fonctionnement du logiciel qu’on peut exercer des recherches personnelles et évoluer en ce sens. » À Madagascar, il existe plusieurs amateurs qui essaient de gagner leur vie en réalisant des œuvres en 3D. Mais le résultat est en quelque sorte boiteux car ils ne prennent pas en compte la discipline de l’image. On entend par là les réglages de lumières, de teinte et de cadrage de l’image. Voilà pourquoi il est nécessaire d’étudier en premier lieu la production d’image afin d’aboutir à un résultat plus professionnel dans le métier d’infographe.
Ensuite, il faut connaître les bases de la 3D et l’exploiter. « Dans mon cas, poursuit le Pr. Ranaivoson Oscar, j’ai reçu quelques cours de bases de l’un des premiers infographistes 3D de Madagascar. Je suis ensuite resté chez moi pendant un an et demi à raison de 16 heures par jour d’informatique pour analyser le logiciel. Je crois que la meilleure façon de devenir professionnel en 3D est d’être autodidacte », affirme encore le Pr Ranaivoson Oscar.
Huit cents outils
En effet, la 3D ne peut s’apprendre en un bref moment. Elle nécessite beaucoup de travail intellectuel avec ses 800 outils à maîtriser. Il faut aussi faire preuve de patience et de passion pour l’apprendre. On doit au moins investir trois années d’études à heures pleines pour se spécialiser au métier d’infographe 3D.
Il existe à Madagascar des instituts supérieurs qui dispensent des formations, non seulement en production d’image mais également en 3D, à un prix abordable. Si l’on compare le coût à ceux des écoles à l’étranger qui s’élève à 5 600 euros environ, c’est largement moins onéreux, bien qu’adapté au contexte malgache, il semble assez élevé. Un étudiant devra au moins prévoir 1 600 000 à 2 000 000 Ar.
Débouchés
La plupart du temps, on reconnaît l’œuvre de l’infographiste telle qu’on les voit à la télévision : les génériques, les courts-métrages, les publicités… Mais au-delà de ceux-là, l’infographie 3D peut s’élargir à d’autres fonctions et s’adapter à tous types d’environnements. On peut l’utiliser comme outil d’enseignement, surtout dans le département de la médecine. Une opération chirurgicale ne peut être enseigné par des images 2D. Les étudiants ont besoin de voir concrètement et précisément les différentes étapes à suivre. En l’absence d’image réelle, l’infographe 3D est capable de le reproduire en détail. De même, dans le cas de l’architecture, la 3D est à présent indispensable. C’est aussi valable pour les créations de projet au sein des entreprises ou des grandes usines. Certains des infographistes sont employés dans des boîtes de communications ou des chaînes de télévisions ou autres. Mais le plus intéressant dans ce métier est de créer sa propre entreprise. Ainsi le bénéfice augmentera sachant qu’une publicité de 30 secondes en 3D coûte au moins 13 000 000 Ar en agence de communication. Il est quand même à noter que le travail d’infographiste 3D ne devrait pas s’exécuter en solo. Il est nécessaire de former un groupe d’infographistes qui collaboreront, dans lequel certains sont responsables de la modélisation et d’autres de l’animation. Donc, depuis l’apprentissage à l’école supérieure de 3D, le groupe doit déjà être mis en place.
Matériels requis
Le logiciel de création 3D nécessite une configuration assez performante de l’ordinateur. Cela est surtout nécessaire pour le travail de rendu. Il faut au moins un ordinateur Pentium IV avec 2Go de RAM pour pouvoir utiliser la 3D. Avec une telle configuration, une séquence de 2mn30 peut durer jusqu’à 12 heures de rendu. Afin de gagner plus de temps, il vaut mieux opter pour l’ordinateur le plus performant, si possible. Une Core2Quad 2,4Go*4 avec 8Go de RAM, une carte graphique de 512Mo et un disque dur de 750Go sera la plus conseillée. Il y aura plus d’espace et de rapidité. Il faudra alors prévoir un budget de 2 000 000 Ar, un écran LCD19’’ compris. Certes, le principal obstacle des Malgaches dans ce métier est le coût onéreux des études et du matériel. Plusieurs d’entre eux cherchent du travail alors qu’ils ne sont pas encore assez qualifiés. Résultat : ils sont mal payés. La solution est de poursuivre les études et les recherches personnelles sans jamais se décourager. Et puisque c’est un métier qui met en valeur les talents artistiques et les compétences, ce sont les points essentiels qui serviront de profil vis-à-vis des clients. Ce profil ouvrira les portes du marché. Quant au coût du matériel, il est possible d’augmenter ses performances petit à petit. Le métier d’infographiste 3D est encore peu développé à Madagascar. Il commence à être demandé, mais les vrais professionnels sont rares. Alors, pour ceux qui souhaitent s’y lancer, le marché est vaste.
Apia Ravelontsoa