Enfin, il sort de son mutisme. L’ex-Conseiller particulier du président de la République, Henri Lecacheur, non moins président national du Parti des fédéralistes de Madagascar (PFM), appelle son ancien patron à organiser une table ronde entre gouvernants et opposants. « Je lance cet appel, au nom de la Nation et pour le bien de toute la population. Et j’appelle humblement le président de la République, avec tous le respect qu’il mérite, pour qu’il se penche sur les raisons qui m’ont poussé à parler en tant que citoyen. En fait, ceci est un devoir pour moi. » Lecacheur évoque trois bonnes raisons pour ce geste tant attendu de ses frères d’armes. « Les Malgaches ont espéré une amnistie générale et une réconciliation nationale, après la crise de 2002. En réalité, chaque partie en était responsable, autant les alliés de l’amiral Didier Ratsiraka que nous qui vous avons apporté notre soutien.
Où est la solidarité ?
Il est temps d’effacer les blessures pour que la confiance revienne, pour que la fraternité s’instaure. Puisque la solidarité nationale est de mise pour un réel développement, les cinq dernières années ne nous ont apporté que souffrance, avec des compatriotes encore en prison ou en exil ».Malgré les promesses présidentielles – « mirobolantes, à priori » - le pouvoir n’applique que des discriminations. « Nous sommes déçus, M. le président. Avec la pauvreté grandissante, vous osez appliquer une hausse de 15% de la facture de la JIRAMA. Beaucoup de Malgaches se sentent écartés du fait de la politique de votre pouvoir (social, économique et politique). Ce qui ne fait qu’augmenter les frictions entre Malgaches. » Et lui d’enfoncer le clou en évoquant les dernières élections. « Vous parlez de pratiques démocratiques et de transparence, mais les résultats sur papier ne reflètent pas les réalités. Vous avez mis de côté les desiderata d’un grand nombre de nos politiques, voire de la communauté internationale. Bulletin unique, une Commission électorale indépendante, une révision du Code électoral, autant de conditions que vous osez bafouer. Vous passez outre la recommandation de l’ancien Secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan. Madagascar endosse la honte de vos agissements. »La signature de M. Henri Lecacheur est apposée à la fin de sa déclaration, présentée à la Présidence d’ailleurs, où finalement, il appelle à la sagesse du président de la République, Marc Ravalomanana. « Une table ronde entre le pouvoir et les opposants apportera, sans nul doute, l’apaisement de la situation et à de meilleures conditions pour faire avancer, ensemble, Madagascar ».
Recueilli par R. Volana
