Il y en a marre de ces prétendues « menaces des terroristes » d’un côté, et de ces contre - menaces réelles du pouvoir, de l’autre. La dernière en date remonte encore à hier et reste tout frais dans les esprits. Le président de la République « menace » les terroristes qui « menaceraient de déstabiliser le pouvoir en introduisant des armes dans le pays ». Photos à l’appui, il veut faire croire que le danger existe réellement. Les clichés pris par « la population » sont exhibés en conseil des ministres. C’est le président qui le dit, « les photos ont été prises par les habitants ». Pour peu que ce qu’il dit est vrai, la question se pose alors de savoir où sont passées l’armée, la police et la gendarmerie ? N’ont- elles pas d’appareils photos pour immortaliser l’objet cylindrique litigieux ayant échoué sur la plage de Manakara et qui n’est autre qu’un simple gros flotteur ou une défense pneumatique dérivant d’un bateau croisant au large ? Ou bien, n’existe-t-il pas dans les rangs un foutu militaire ou un policier ou un gendarme qui sait manipuler un appareil photo, même ‘argentique’ pour que le pouvoir se serve des photos prises par les civils ? Donc des photos d’amateurs. En tout cas, cette affaire révèle une fois de plus les failles dans le système de défense nationale.
Amalgame
C’est pourquoi, le chef de l’Etat bombe le torse à la moindre alerte. Il sait pertinemment qu’un coup, même une pique de moustique, peut faire basculer la situation en sa défaveur parce que le pays n’est pas armé comme il faut. Mais on ne sait pas aussi s’il fait exprès d’amplifier la chose pour « effrayer » ses adversaires politiques, notamment ceux issus de l’opposition lesquels refusent de rendre les armes. En tonnant contre des prétendus terroristes, il montre ses muscles contre ses propres compatriotes. Ce faisant, il fait d’une pierre deux coups. Car en s’attaquant à des adversaires vaguement identifiés et invisibles, il s’adresse plutôt au subconscient des gens en leur faisant croire qu’il maîtrise la situation. Politiquement, la démarche est payante auprès de son électorat. Mais auprès des autres, le résultat n’est pas garanti. D’ores et déjà, ces mises en gardes trop répétées et trop faciles contre les « terroristes » et les « déstabilisateurs » rappellent les années Ratsiraka. Personne n’y croit. Par ailleurs, un avertissement global et généralisé fait de chaque malgache un terroriste qui s’ignore. Donc, pour éviter toute amalgame, aux vrais « terroristes », montrez- vous.
