Près de cinq mille personnes ont réagi hier d’une manière assez confuse devant la mairie de la commune rurale d’Ambohibary Sambaina dans la Région Vakinankaratra. Ce rassemblement menaçant de paysans fait croire à une révolte contre les autorités de la Région que beaucoup assimilent à une entreprise et aux gouvernants. En tout cas, ces paysans s’en seraient pris au maire ou à la Mairie et au drapeau national.
À l’origine, selon nos sources, fut la réunion publique organisée dans cette localité d’Ambohibary Sambaina lundi dernier par le chef de Région. Lors de cette réunion publique, les paysans ont appris de la bouche du chef de Région qu’Ambohibary Sambaina a été choisie comme devant faire l’objet de la politique de la « révolution verte » et que le maire de la localité était tout à fait d’accord. Ils ont également appris que les reconnaissances devaient s’effectuer incessamment et tout de suite après les travaux dans cette perspective de « révolution verte » allaient commencer.`
Confusion
Dès lors, cette décision fut médiatisée dans la région. Progressivement, les paysans apprirent que la « révolution verte » dont il s’agit nécessite le remembrement des terres, donc la disparition des « tahalaka » (diguettes) qui délimitent leurs propriétés. De plus « révolution verte » signifie mécanisation de l’agriculture et intensification des méthodes de culture. Des questionnements se sont alors fait de plus en plus intenses. Or tout ceci n’a pas été explicité lors de la réunion de lundi dernier. Les paysans se sont souvenu des intentions des autorités exprimées l’année dernière selon laquelle la plaine d’Ambohibary Sambaina pourrait produire facilement des cultures fourragères au profit d’une entreprise d’élevage et de tranformation des produits agricoles. Faisant alors l’amalgame entre ces intentions et cette nébuleuse de « révolution verte », d’autant qu’il y a également confusion dans le genre privé ou public, gouvernement, ministère région, et entreprise privée, on peut facilement comprendre cette réaction paysanne. Et puis, selon nos sources, il n’y a pas eu concertation ni discussion et encore moins possibilité pour les paysans réunis lundi dernier de prendre la parole. Les autorités qui les ont réuni ont tout juste communiqué ce qu’elles avaient à dire et c’est tout. En tout cas, selon des natifs d’Ambohibary Sambaina cette révolte est l’expression du manque de confiance entre les gouvernants et les gouvernés. Les paysans d’Ambohibary Sambaina qui vivent de la culture de contre saison (carottes, choux fleurs, navets et autres cultures maraîchères) ne voient pas l’intérêt de cette « révolution verte » ni des bienfaits que pourraient leur apporter le remembrement des terres, la mécanisation et la modernisation de leur système de culture. Il faut aussi reconnaître que la plupart des paysans ne sont pas encore en possession de titres fonciers. Que d’autres ne savent même pas combien mesure leurs champs dans le système métrique moderne ; ils pensent et réfléchissent plutôt dans le nombre de repiqueuses que nécessitent leurs parcelles. Bref, c’est la confusion faute de communication adéquate.