Tous les ingrédients semblent réunis pour une énième déflagration politique. Il ne reste plus qu’à attendre la maturité de la chose pour que la crise explose. Les mots et les vocabulaires utilisés pour qualifier les opposants constituent à cet effet un indice probant que le pays est entré dans un remake, un replay. En 1991 et en 2002, le pouvoir en place a qualifié ses opposants de « sans programme », « de dépourvus de projet politique », « sans leader, sans chef », « sans argent », « sans moyens », « sans envergure », « non représentatifs », « minoritaires », « sans assise politique », etc. « On » les traite aussi de la même manière : pas d’accès aux médias publics, pas d’autorisation de manifester, privés de représentants dans les institutions, « inaptes à ceci », « incapables de cela », « non crédibles », etc. Si avant, la mise en fourrière pour ne pas dire l’incarcération des opposants était rare (à l’exception de Voninahitsy J.E.), aujourd’hui, c’est devenue monnaie courante, un passe temps.
Démocratie
En tout cas, en 2008, « on » reprend exactement les mêmes termes pour stigmatiser l’opposition. D’où cette impression de déjà vu, de déjà entendu. Et probablement de déjà vécu. Par ailleurs, le contexte est resté sensiblement identique : la pauvreté latente de la grande majorité côtoie l’enrichissement rapide d’une infime minorité. Ce qui constitue un terrain extrêmement favorable à la prolifération d’une crise politique et sociale. En conclusion, le pouvoir est averti qu’il va au- devant de pires ennuis s’il ne lâche pas du lest. Autrement dit, s’il ne bonifie pas par une bonne dose de démocratie ses « zavabita ». L’histoire étant un éternel recommencement, beaucoup sont en effet prêts à tout recommencer puisqu’ils n’ont rien à perdre. En clair, que perd un indigent, un sans le sou, c’est-à-dire un Malgache moyen, quand il descend sur la place du 13 mai ?
