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Tribune libre

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Rapport de force, exit la loi

vendredi 15 juin 2018

Encore une fois, à partir d’une décision inconstitutionnelle d’une HCC, cette fois-ci : i) une condamnation sans frais d’un président de la République (qui obéit davantage à la stabilité politique qu’à la Constitution) ; ii) un renversement d’un gouvernement qui s’apparente à un coup d’Etat (mais qui satisfait tout le monde) ; iii) une prescription à un retour à un Avis qu’elle a elle-même contredit à propos de la source d’un gouvernement ou un Accord politique ; iv) une paralysie d’une Assemblée nationale qui ne peut plus adresser une motion de censure et à un président qui ne peut plus la dissoudre ; v) une HCC qui peut seule apprécier le travail d’un Premier ministre, etc., il ne reste plus au pays que le rapport de force, la loi ayant été ignorée.

Et les citoyens qui font les forces vives de la nation se plient tous comme en 2002, en 2009, en 2011 et en 2014 car les décisions de la HCC ne sont pas susceptibles de recours… Oui, car le Mapar s’est d’abord senti victorieux en croyant pouvoir nommer le Premier ministre à sa guise, pour ensuite être estomaqué de l’identité du PM et pour enfin l’endosser (quoique le débat au sein de ce parti n’est pas fini).

L’hypocrisie règne :

- les députés Mapar rassurent leurs partisans en prenant Christian Ntsay comme étant des leurs, c’est-à-dire, essaient d’expliquer qu’il n’a pas été nommé grâce à un Accord politique mais bien en vertu de ce que les députés ont promis à savoir que « tout émanerait des députés et non d’autres politiciens » et de l’art 54 de la Constitution. Remarquons que Marc Ravalomanana avait déclaré à Mahajanga n’être pour rien dans les manifestations du 13 mai en expliquant que c’est l’affaire des députés… ;
- le premier ministre Christian Ntsay remercie Andry Rajoelina de l’avoir proposé pour rassurer qu’il vient bel et bien du Mapar et non du président ou de la Communauté internationale, mais du coup, selon lui, il ne vient pas des députés…
- le président coupable mais maintenu parle d’un accord politique pour bien dire à ses partisans que le premier ministre n’a pas été imposé par le Mapar et qu’il a toujours son mot à dire…
- et les ministres ne sortent pas de la prescription de la HCC sur les clés de répartition donc il y a bien eu accord politique et non article 54. En tous les cas, la clé de répartition et les députés du changement n’auraient jamais amené à autant de redoublant.

Mais on s’y fait tous, ayant accepté la décision de la HCC, ils sont réduits maintenant à se battre contre la tête de tel ou tel ministre ou le premier d’entre eux sans l’aide des ministres Mapar et Tim. Il s’agit des syndicats, des 13 mai-iste enfin conscients des choses.

Qui va gagner ? Le président de la République (ou le futur chef d’Etat par intérim) ou la rue qui veut faire tomber quelques têtes ? Les cinq autres provinces ont-elles des solutions ? Christian Ntsay sera-t-il le Razanamasy ou Beriziky de 2018 ? C’est-à-dire celui qui tiendra des élections de sortie superficielle de crise, certes obligatoire. Mais on le paiera une fois qu’une des parties aura perdu (sauf si elle comprend qu’elle doit se conformer au statut de l’opposition et non descendre à tous les coups dans la rue pour intégrer aussitôt le gouvernement et cesser d’être opposant. D’ailleurs, il n’y a donc plus d’opposant puisqu’ils sont tous au gouvernement de consensus ?). Sans oublier les plaies malheureuses de la République qui ne sont toujours pas cicatrisées. Et ainsi de suite ?

Aujourd’hui, il n’y a aucune visibilité, c’est la force, encore une fois qui parle. Et, il n’y a pas d’autres solutions ni recours… Dommage.

Toavina Ralambomahay
Auteur de « La loi sur l’opposition : un mal nécessaire ». L’harmattan.

6 commentaires

Vos commentaires

  • 15 juin 2018 à 09:03 | Eloim (#8244)

    Pour être plus pertinent et plus explicite, une seule question devrait être résolue par tous les acteurs politiques, il s’agit de la mise en VALEUR de la CONSTITUTION dite loi fondamentale d’un pays FACE à l’interminable existence de n’importe quel(s) ACCORD(S) POLITIQUE(S) pour régir la « vie » du pays ?
    Donc, si on n’a pas une idée claire sur la visibilité de telle notion, il n’est pas question de nous précipiter vers des échéances électorales qui ne font qu’aggraver la situation qui prévaut au pays, l’immensité de la pauvreté de Madagascar.

  • 15 juin 2018 à 10:11 | RABENJAMINA Ruddy (#10142)

    Tant que les dirigeants malgaches piétinent la constitution en vigueur, il n’y aura pas une stabilité politique à Madagascar. Tous accords politiques mènent ce pays dans le désordre total tôt ou tard dans son application. Maintenant nous avons un PM, consensus ou non, issue de l’article 54 ou non, il est la et avançons pour l’intérêt de la nation et pour sortir de cette crise, car le problème à commencer par une loi électoral plein de stratégie diabolique du régime HVM et qui continue de semé le désordre.

    • 15 juin 2018 à 12:52 | akam (#7944) répond à RABENJAMINA Ruddy

      @eloim+Raben...
      - La premiere question est qui est responsable de ce chaos ? nul doute que la HCC sensee remettre de l’ordre dans cette republique a commis un anti-jeu. « C’est le scenario maladroit d’un arbitre de foot qui a tackle un joueur de champ passe a cote de lui (les malheurs de Gilles Capron) ». En bref la HCC a pondu une decision anti-constitutionnelle.
      - Aucune exemplarite de la part de cette institution car elle a cultive ( pas seme , je nuance bien) le trouble aussi bien dans les corps constitues :1) l’executif supreme, qui n’a plus que de nom, est place sous tutelle d’un nouveau PM qui est impose par la HCC. 2) Le « legislatif » est morcele en 73 contestataires, 78 loyalistes et tout recemment 1 independant.
      - Saucissonner les corps constitues de cette facon correspond a un boulot routinier du traiteur. L’allusion que je fais est clair, on traite ce pays comme une viande. Morceler ce pays afin que chacun aie sa part. En d’autres termes « diviser pour regner » . Sans jeu de mots il y a « ma part » « tim » et « MPR (majorite presidentielle). Dans l’etat, la HCC est l’institution qui a commis un coup…incite par qui ? pas de doute que la CI, qui a cru bien faire, a commis l’erreur de s’immiscer de cette facon. Et cela ne renforce pas l’image exemplaire des democraties occidentales.
      - Comment installer la confiance entre l’executif incompetent (PRM+8ministres contestes) et les 73 contestataires ? C’est le casse-tete du PMI (I pour international). La situation presente est experimentale, un PRM sur strapontin et le PM au trone. En voulant instaurer la dissuasion comment « bloquer » ce lupanar en cours ou des ministres ont meme une double casquette d’etre a la fois membre de l’executif et du corps legislatif ? Y a-t-il un expert qui a evalue le deficit finacier accumule durant ces 2 mois ? Est-ce que le citoyen acculture a le droit de savoir si oui ou non le corps legislatif en balade au 13 mai est indemnise ou pas ? pour la responsabilite morale de chacun, cette place du 13 mai est-il l’endroit plebiscite dans ce pays ? Que des aberrations !

  • 15 juin 2018 à 14:59 | kartell (#8302)

    Je crois qu’il ne faut pas être surpris, du fait, que la force ait aussi, pris le pouvoir en politique, comme elle s’en était emparée dans notre quotidien, depuis belle lurette !….
    Seuls, ceux, qui ont vécu, à l’abri, ou, en marge des réalités, d’une société qui se radicalisait de plus en plus, eux, seuls, n’ont pas perçu, que ce phénomène qui touchait, chacun d’entre nous, en excluait, paradoxalement, le microcosme politique …..
    La rue, elle, est dans son élément, là, la loi du plus fort et du plus armé l’emporte sur toute autre considération et aujourd’hui, elle est prête à en découdre, puisqu’elle a rien à perdre !….
    La lointaine image des dalaho qui terrorisent une brousse profonde, ou celle, de certains serviteurs de l’état qui incendient ou rackettent des villageois, est rattrapée, par une réalité, qui imprègne, désormais, une capitale, malade de sa petite délinquance qui se voit offrir, des occasions pour s’exprimer et pour montrer son savoir-faire !…
    La force a gagné la bataille en s’imposant dans le pays, tout en profitant d’un laxisme d’état, qui lui pète en pleine gueule, à force d’avoir abusé avec intérêt, d’un « wait and see » devenu, subitement, indésirable !….
    Le désoeuvrement, le chômage et le désespoir ont servi de facilitateurs à ce mouvement contestataire qu’il sera difficile à raisonner, et, dans lequel, se font face, deux mondes, qui, d’ordinaire, s’ignorent, voir se méprisent, en silence !...
    La surprise ne vient que, de ceux qui ont toujours minimisé ce fossé, qui sépare une société en deux camps, mais, aujourd’hui, l’évidence des choses ouvrent, enfin, les yeux de ceux, qui se détournaient ou regardaient, ailleurs, une réalité, qui ne semblait guère les concerner !…
    Mais, cela suffira-t-il à faire avancer les choses ?.
    Pas si sûr, parce qu’un pays, habitué à tuer dans l’oeuf, ses problèmes, n’aura, aucune mauvaise conscience, à user et abuser de la seule violence d’état, pour faire taire cette contestation, qui joue, aujourd’hui, sa survie, comme ce pouvoir, qui joue, aussi, la sienne !….

    • 15 juin 2018 à 17:55 | akam (#7944) répond à kartell

      - C’est severe comme jugement ! ecraser ou mater au stade embryonnaire...mais solution efficace diraient les specialistes.
      - Si les rapports de force prennent place dans ce pays, c’est que le droit ou/et les lois n’ont plus de sens. Engager des procedures et approuver les saisines afin de reveler qui a raison ou qui a tort comme fut le verdict rampant rendu par la HCC sont des mesures incendiaires.
      - Etonnante reaction de cette cour qui a tenu a symboliser le systeme judiciaire tant decrie par tous afin d’etre reactionnel...mais en somme la HCC avait dans ses mains les deux corps institutionnels, d’un cote l’executif et de l’autre, une fraction du corps legislatif mais comme quiconque aurait souhaite, elle n’avait qu’a appliquer la constitution. En etant allee prendre la place de « Cesar » elle a incendie le pays.
      - Je ne reviens plus en arriere mais en ayant franchi l’obstacle avec ses habits d’apparat, la HCC s’est faite mal car, ayant pris les pieds dans sa robe, elle a trebuche et mis les deux antagonistes dans l’embarras.
      - Au milieu un PM, sorti de son BIT ( et pas l’inverse), et apparemment perdu dans ses illusions, les cocos y compris les contestataires + (corrompus « royaux » Paon d’or) ne peuvent se sentir dans une meme piece. Il est donc evident que les conseils de ministres (enfin est ce le mot exact quand ils se regardent comme des chiens en faience) ne peuvent deboucher sur des arretes ministeriels dignes de ce nom. Car ils ne peuvent ni avoir une approbation unanime ni legiferer dans ce sens. Cela traduit le dysfonctionnment actuel de l’appareil administratif !
      - En l’etat actuel, rien ne permet de garantir, ni de suivre les dispositifs economiques du pays…Le fait meme de posseder un maroquin est une charge car si cela represente une cible pour les 8 magasiniers de HRM, cela fait naitre des obligations a la fois « gouvernementales » et « solidaires » pour le camp des contestataires. Etre ministre, comme tu dis, orne ta carte de visite mais ce poste requiert aussi des aptitudes hors du commun telles que le flicage et la communication « solidaire ». Nul ne peut transgresser sa mission et notamment contredire ses origines. Nul ne peut se prevaloir de sa negligence et ni de son ignorance. L’AN a ete delocalisee a la place du 13 mai…mais elle represente aussi le tribunal populace…A quand l’echafaud ?

    • 15 juin 2018 à 20:20 | kartell (#8302) répond à kartell

      @ akam

      Qui aime bien, châtie bien !", mais, cette mésaventure post-électorale donne le ton d’une république qui a bien du mal à exister, dès lors, où l’inhabituel est devenu un quotidien, de tous les dangers !….
      En voulant jouer à « plus démocrate que moi, tu meurs », le président s’est empêtré les pieds dans le tapis de la constitution, qui, lorsqu’on la déroule, ça pose de sérieux problèmes, aux uns et aux autres, d’autant qu’en temps normal, on s’assoie dessus ! ….
      Ce dernier a cru s’aventurer dans une histoire, gagnée d’avance, sauf que, le scénario, prévu, a eu quelques ratés !….
      La motivation essentielle qui a fait capoter la petite entreprise présidentielle, c’est la soif du pouvoir de tous, avec, certains au bord de la déshydratation, profonde !….
      Le premier ministre, fraichement appelé, a été, visiblement, instrumentalisé par le pouvoir, qui croyait, qu’il suffirait de nommer, un expert administratif, certes, de haut vol, pour contenir, la horde qui aboyait aux semelles présidentielles, son pari est raté parce qu’il s’est trompé dans le choix d’un casting, cousu de fils blancs !….
      D’autant qu’à mettre en cohérence des ministres, qui tirerons, chacun, dans le sens contraire, est une épreuve réservée à de vieux briscards, que notre homme, de Diego, n’est pas !….
      Il y a partout des tours de magie qui ne réussissent pas, surtout lorsqu’ils sont réalisés, dans une certaine précipitation, soufflés par un entourage présidentiel, visiblement, très influent ( affaire Hocine Arfa), mais ce premier ministre va tenter de recoller les morceaux, souhait, évident d’une présidence qui veut éviter, toute dégradation supplémentaire du climat !….
      Déjà, affaiblie par un électorat qui regarde, ailleurs, cette affaire constitutionnelle en remet une couche, alors que le président en espérait un meilleur accueil afin de se redonner un peu d’air frais et un espoir d’avenir ….
      Le silence des responsables de cette opposition pose questions, car, même si les uns et les autres affichent leurs appartenances, l’absence directe des futurs prétendants donne une tournure particulière à cette contestation….
      Les bruits de botte vont-elles résonner sur les pavés de la capitale ?, c’est la question prochaine à se poser ! ….

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