Les ambiances de tribunaux sont habituellement un peu plus feutrées que celles que l’on a connu ce Lundi à Anosy. Si les murmures au sein du public ne sont pas si rares, les applaudissements pendant le cours de l’audience y sont le plus souvent évités. Car la juridiction d’Antananarivo n’est pas si grande : juges et avocats se connaissent et sont d’ailleurs souvent issus du même monde social. Même sur les dossiers pénaux les plus chauds, les avocats préfèrent le plus souvent ne pas s’aliéner le juge et miser sur une relation de confiance à long terme. Ils fondent le plus souvent leur défense sur le fait que le doute doit profiter à l’accusé, et que même si celui-ci était coupable, la société à laquelle défenseurs et juges appartiennent ensemble n’a pas forcément à faire montre de sévérité.
Rien de tout cela n’a plus existé hier. Tout était réuni pour que les débats soient explosifs : la gravité extrême des faits ; la personnalité des accusés ; la mobilisation des familles de victimes d’un côté, des partisans des meetings du Magro de l’autre ; et enfin, la présence d’avocats vazaha, extérieurs à la juridiction, à qui le collège de défenseurs pouvait faire porter la responsabilité d’une défense de rupture. Il ne fallait plus qu’une étincelle, et il y en eut à profusion.
Après un premier renvoi le 23 juin, la défense attendait encore que la Cour de Cassation statue sur le pourvoi contre le renvoi de l’affaire devant une Cour Criminelle ordinaire (CCO), et non devant la Haute Cour de Justice. Et elle entendait sans doute jouer du délai de dépôt des mémoires pour repousser aussi loin que possible le procès.
Si un pourvoi en cassation contre un arrêt pris par la Chambre d’accusation n’est qu’exceptionnel, il n’en semblait pas moins fondé pour le cas présent. Ce n’est pas parce que, sous Marc Ravalomanana, la Justice avait pris l’habitude de renvoyer à tout va les hauts responsables publics devant les tribunaux ordinaires, que les hommes de loi devraient persister dans la non application des textes. La séparation des pouvoirs qui est à la base des démocraties passe aussi par le fait que les hommes en rouge n’ont pas à remettre en cause les Lois, mais à les appliquer, quitte à ce que leur profession attire ultérieurement l’attention du législateur sur les effets pervers du cadre qu’il a imposé.
Qu’au lieu d’attendre la décision de la Cour de Cassation, la Cour criminelle décide malgré tout d’examiner l’affaire présage donc mal du droit. Mais pour Maître Hanitra Razafimanantsoa et ses confrères, entrer dans une défense de rupture, c’est à dire une défense fondée sur l’affrontement avec le tribunal, notamment en lui déniant le pouvoir de juger les actes, était une prise de risque [1].
Car même si les circonstances sont difficiles, quitter les bancs de la défense est une option dangereuse : c’est opter pour le mutisme, et renoncer à faire acter des incidents, à pouvoir déposer des demandes devant la Cour de Cassation. Les avocats de la défense étant loin d’être des sots, l’on peut supposer qu’ils n’ont eu recours à cette extrêmité qu’une fois convaincus d’avoir en main des éléments suffisants permettant d’attirer l’attention de qui de droit.
Au delà de l’effet médiatique, l’essentiel était semble-t-il de repousser la discussion sur le fonds à un contexte plus serein. Quitte pour les avocats à refuser de se déconstituer au cas où les négociations politiques s’éterniseraient, et à suggérer plus tard aux prévenus présents de refuser de s’exprimer.
Une fois un accord politique obtenu, ce procès pourrait ne plus avoir aucun sens. Si ce n’est peut-être celui de redonner un peu de sens au formalisme du Droit.
Vos commentaires
Le PRM a demandé que des enquêtes indépendantes soient effectuées par les instances internationales. Patrick ne parle pas des recours que les partisans de Ra8 ont faits dans ce sens. Toujours est-il que le madagascar du joel jouit d’une mauvaise presse auprès de Reporters Sans Frontières, de Amnesty International, et de mauvais classements dans les considérations socio-internationales. Des opinions pour le moins OBJECTIVES !
C’est une des raisons pour lesquelles les états n’ont pas trop de mal à considérer le pouvoir fantoche comme sanctionables, et non aptes à reconnaissance.
C’est bien ainsi. On a des insensés et incultes à la barre, des gens qui n’ont pas compris l’essentiel de l’histoire de Madagascar, remettant les mêmes erreurs volontairement. Ceux-là sont beaucoup plus à accuser car ils ont vu les ainés s’empêtrer. Apparemment ce sont des gens qui n’ont pas d’idéaux, qui ne pensent pas qu’on peut faire mieux que l’ainé pour la nation. On se demande même si ils savent ce que veut dire Nation, étant concentrés dans des calculs égoïstes myopes, imbus par l’occupation usurpée d’un siège non mérité et inadapté.
Une affaire comme celle là est forcément politique.
A partir de là, aucun procès ne pourra être équitable si certains protagonistes sont encore au pouvoir et d’autres, non. Le Ministère pubic est sous les ordres du pouvoir actuel, protagoniste de cette affaire. On ne peut être à la fois procureur, témoins, accusés, avocats,...
Comme dit Patrick, il faut un contexte plus calme avant de faire ce procès indispensable pour le respect des tous ces morts, morts peut-être pour rien ?
Depuis la démission d’un ministre, je me pose la question sans oser la dire : qui sont morts et qui vont ou veulent mourir pour un opérateur téléphonique ?
Je salue en passant ce ministre pour avoir décidé de dé-voiler le masque de cette mascarade qu’on a voulu faire passer pour révolutionnaire.
Et dire et répéter qu’un abus de pouvoir ne se juge qu’à partir des règles et procédures démocratiques. L’abus arrive quand on ne veut pas les tenir en compte. « La loi, c’est moi ! » n’est pas un cri démocratique... N’en déplaisent aux oranges...
C’est Ravalomanana qui a donné l’exemple contre Ratsiraka et Tantely, chers amis à son époque. Bizzarre que Pierrot ne dit rien, car il a aussi reçu une raclée de la part de Ralavement, car il a eu une peine plus lourde en tant que témoin !!! Il a voulu revenir au pays mais aucun avion n’a pu atterrir avec Pierrot à bord en son temps. Reconnaissons quand même que R8 était très fort pour faire « marcher » toutes les institutions à sa guise. Il a seulement négligé une chose : que Tanà attendait au tournant .... le passage d’un TGV pour l’écraser et le renverser !!!Et le retour de la manivelle l’a éjecté en Afrique . Jusqu’à quand ? Dieu seul le sait.
Je nous renvoie tous aux bons offices des articles explicatifs que mr Ramarolaihaingonirainy ait bien voulu nous donner sur le fonctionnement de la justice, où il est promptement démontré que cette institution se tare inévitablement de la chose politique pour « parfaire » ses travers.
Alors que Machin ou Vonrondolo nous sussure que c’est depuis Ra-bide ou Ra-cruche, on sait que c’est depuis lurette. C’est la mascarade qui met mal à l’aise, et l’on ne peut que constater la continuité dans la médiocrité, bref... est-ce qu’on va continuer encore comme ça ?