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Editorial

Pour une « Opération Fonctionnaires Miova Fo »

jeudi 4 décembre 2014 | Mireille Rabenoro

Les actions de ce gouvernement, quand il y en a, sont parfois déconcertantes. Le sort fait spontanément à l’expression ‘miova fo’ donne la mesure de la désapprobation de la population concernant l’amnistie de fait accordée à des milliers de bandits qui ont détruit des villages entiers, tuant les hommes, violant les femmes, mettant le feu aux habitations. Dans toutes sortes de milieux, dans la capitale du moins, l’expression est tournée en dérision, utilisée à tout bout de champ dans les contextes les plus improbables. On n’attend plus qu’une chanson au titre à consonance pseudo morale ou religieuse : ‘Miova fo’.

Les femmes au cœur du redressement après le cataclysme

De plus en plus, les spécialistes se penchent sur l’impact des cataclysmes naturels sur les femmes. Après un cyclone par exemple, c’est sur elles en effet que reposera la capacité d’une communauté à rebondir. Remettre la marmite sur le feu, les enfants à l’école, de l’eau dans les fûts, de l’ordre dans les maisons inondées pour les rendre à nouveau habitables : c’est tout cela, la vie qui reprend son cours, et c’est sur les femmes que comptent les familles, les communautés pour le faire.

Dans les ménages des villages dévastés par les malaso, qu’est-ce que les femmes vont pouvoir mettre à cuire sur le feu ? Les systèmes de production ont été désorganisés par le départ des hommes qui sont allés rejoindre les rangs des malaso, ou qui consacrent beaucoup de leur temps à défendre leur village contre les malaso. Et quel ordre une femme, si vaillante soit-elle, peut-elle remettre dans son foyer incendié ? D’après le Directeur Régional de l’Education Nationale pour la région Androy, interviewé récemment sur la Radio Nationale, 88 écoles ont été fermées au cours de la dernière année scolaire pour cause d’insécurité. À supposer qu’elles vont être rouvertes, le problème d’insécurité ayant été brillamment résolu, quelles études les enfants engourdis par la faim vont-ils pouvoir y faire ?

Un nouveau départ pour les ‘malaso niova fo’ : et pour leurs femmes ?

Parce que les emplois sont rares dans les campagnes du Sud, le pouvoir aurait envisagé de transporter les malaso niova fo à Antananarivo (où les emplois n’attendaient qu’eux ?). Par cette idée, si elle se concrétise, le pouvoir reconnait la difficulté de remettre à l’agriculture, de surcroit sur une terre peu fertile, sans infrastructure d’irrigation ou autres, des hommes qui en ont perdu l’habitude, puisqu’ils vivaient du pillage des biens des autres.

Question : Avec quoi les épouses des malaso niova fo restées au village vont-elles nourrir leurs enfants, les envoyer à l’école ? Réponse : Avec l’argent que leur enverra leur époux une fois qu’il sera installé à Antananarivo. Mais à supposer que l’État y pourvoira à ses besoins en attendant qu’il ait trouvé un emploi hypothétique, il ne pourra le faire indéfiniment. Même un État très riche, ce qui n’est pas le cas, n’en aurait pas les moyens. Et avant d’avoir trouvé un emploi hypothétique, la majorité des malaso niova fo auront pris une nouvelle épouse et lui auront fait d’autres enfants que ceux laissés au village, et parfois oublieront d’envoyer quoi que ce soit à leur première famille.

S’attaquer aux vrais malaso

Le récit de Latimer Rangers récemment publié dans la presse dénonce une autre catégorie de malaso : les tenants de l’administration locale censés représenter l’État, qu’ils soient délégués au maire, gendarmes ou juges, profiteraient de l’analphabétisme des gens pour les terroriser, les contraindre à vendre leurs zébus pour payer, même pas un service, mais leur non incarcération pour un délit imaginaire.

Le fait n’est pas nouveau. Quarante ans après le soulèvement de 1971, qui a attiré l’attention du reste du pays sur les abus perpétrés par les fonctionnaires, dans les régions du Sud plus qu’ailleurs, ces pratiques perdurent, semble-t-il. Seule différence peut-être : les abus d’alors avaient pour cadre la perception des impôts. Aujourd’hui, les millions prélevés vont directement dans la poche de ces fonctionnaires qui détiennent une parcelle plus ou moins grande de l’autorité publique, et rien ne va dans les caisses de l’État. C’est à ce banditisme-là, qui pille les biens des familles, mais aussi affaiblit l’économie régionale et nationale, que le pouvoir doit avoir le courage de s’attaquer. Il ne suffit pas de clamer à tout bout de champ que nous vivons dans un État de droit. Il faut donner la preuve qu’on commence à aller dans ce sens.

Question subsidiaire, mais importante : Qu’est devenue Tokanono, la détentrice d’amulettes dont l’arrestation, à défaut de celle du chef de gang Remenabila, constituait le fait d’armes le plus éclatant de l’opération militaire de vaste envergure menée il y a quelques années ? Pour être équitable, il faut lui offrir l’occasion de miova fo, elle le mérite sûrement beaucoup plus que les vrais malaso.

6 commentaires

Vos commentaires

  • 4 décembre 2014 à 15:23 | Turping (#1235)

    - Le verset biblique ,Jean 3:3 dit /.En vérité,vérité ,je te le dis,si un Homme ne naît de nouveau,il ne peut voir le royame de Dieu.
    - Une approche biblque n’en déplaise aux athées,les autres visions société qui se déclarent état laic,républicain ,démocrate sans de vrai démocrates ni républicains pour faire évoluer la transformation sociétale.
    - Souvent même au nom dela réligion de l’endoctrinement infondé de la transgression ds messages bibliques,les faux docteurs ,les gourous s’appuient pour berner les autres pour agir au nom de la loi ,la parité homme /femme,etc...
    - Malheureusement l’apologie reposant sur les doctrines de :« Dahalo miova fo » ,les « fonctionnaires miova fo »......risquera ne de pas voir le jour ni le changement (je dirais apologie logorrhéique) si rien de concret ne sera fait ,de la part du gouvernement et aussi de la part des associations malgaches à défendre le soatoavina ;le fihavanana malgache,etc....
    - Force est de constater que ces derniers au lieu de progresser en corrigeant les erreurs du passé depuis la colonisation ,l’ndépendance ,le pays régresse sur tous les domaines.
    - Il n’y a que les Dahalos ,les fonctionnaires qui doivent se repentir mais surtout en commençant les dirigeants .
    - Lutter contre la corruption généralisée ,l’insécurité ,.....le relancement du programme socio-économique ,les reformes ,le système éducatif .... innovations et rénovations des infrastructures ,l’urbanisme ,etc..seront les ultimes étapes pour s’en sortir (politique de solidarité et de cohésion sociales:valeurs perdue au fil des ans).
    - La mondialisation sans la maîtriser risque de ne pas faire profiter que quelques groupes minoritaires ,la capitalisation lucrative où les riches s’enrichissent au détrment de la majorité ,les pauvres s’appauvrissent (les inégalités sociales d’où classe moyenne n’existe presque plus à Madagascar).

    • 4 décembre 2014 à 15:27 | Turping (#1235) répond à Turping

      Lire : au détriment

  • 4 décembre 2014 à 16:16 | Boris BEKAMISY (#4810)

    La Mireille Rabenoro du jour n’est pas tres bien inspirée !

    Traiter la problematique de la promotiion du GENDER sur le dos des « Dahalo miova »fo n’honore pas vraiment les femmes malgaches !

    Il est vrai que ce sont surtout les femmes malgaches meme ( surtout les FEMMES ELITES) contribuent d’une maniere INCOSCIENTE à la marginalisation des femmes malgaches !

    Les femmes malgaches ne voteront jamais massivement pour une Femme Malagasy car elles se DETESTENT entre elles !

    Le FEMINISME n’est jamais une bonne methode pour la promotion du GENDER , jamais ! c’est plutot un OBSTACLE

    Boris Bekamisy

  • 4 décembre 2014 à 16:25 | plus qu’hier et moins que demain (#6149)

    Assalamo alaikoum

    Vous avez un allié de poids en la personne de Mme Mickaëlle Jean, la nouvelle SG de la francophonie, d’autant plus que l’avenir des jeunes et des femmes sont les deux mamelles de cette organisation actuellement.
    Essayez partout les moyens de prendre contact avec elle pour avancer d’une façon significative dans vos suggestions.

    • 4 décembre 2014 à 17:53 | plus qu’hier et moins que demain (#6149) répond à plus qu'hier et moins que demain

      Pour un pays qui va abriter la prochaine AG de la francophonie, le peu d’écho, que la TVM et RNM ont transmis sur les événements qui se sont déroulés à Dakar, est très étonnant dans tous les sens du terme : S’agit-elle de l’hypocrisie qui caractérise notre société ? Est-ce dû à l’absence des journalistes affectés à la couverture de cet événement ?
      Parlons de la loi de finance 2015 car au Sénégal aussi, les députés votent aussi leur budget 2015 mais contrairement au notre, le vote se fait par département ministériel. Je m’explique, chaque ministre expose devant les députés les tenants et aboutissants de leur budget (utilisation prévue, la cause de la hausse ou de la baisse éventuelle, etc..) et après cela la séance de question-réponse et les votes en dernier lieu. Chaque ministre n’échappe pas à cette exercice de la démocratie qui tisse un lien étroit entre gouvernant et gouverné à travers leurs représentants et les médias.
      A titre d’exemple le budget du ministère de l’industrie au Sénégal est passé de l’ordre 4milliards de FCFA en 2014 à 21milliards de FCFA en 2015 pour développer les unités industrielles indispensable à la mise en place du Sénégal Emergent.
      Les ministres incompétents (qui ne sont pas à leurs places) éventuels se ridiculiseraient devant de telles séances et n’oseraient jamais occuper ce poste pour des raisons bassement pécuniaires.
      Tandis que chez nous on se contente du sentier battu de tout ce se faisait auparavant sans discernement et ensuite on se pose des questions sur notre sous-développement.

  • 5 décembre 2014 à 14:03 | leclercq (#4410)

    Bonjour
    En quelque sorte , une grande opération à coeur ouvert !!!

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