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Editorial

Poudre aux yeux ou réforme ?

jeudi 8 avril 2010 | Patrick A. |  2414 visites  | 4 commentaires 

Les rumeurs d’un coup d’État imminent qui se sont répandues dans la nuit de Vendredi à Samedi ont fondé ou accéléré la décision de limoger Noël Rakotonandrasana du poste de Ministre des forces armées. Le Premier ministre Camille Vital n’a pas explicitement accusé le général d’avoir préparé un coup d’État, mais c’est tout comme. « L’ancien ministre des Forces armées a organisé des réunions avec les responsables militaires dont, en tant que premier responsable de la sécurité, je n’étais pas au courant. Nous avons fait le rapprochement entre toutes les données et nous avons pris une décision ».

Complot par ou vis-à-vis de Noël Rakotonandrasana ? Selon certaines sources, plusieurs officiers venus des 22 régions de la Grande île ont assisté à ces réunions. De là à ce que ces réunions aient discuté d’un Directoire militaire composé d’officiers issus des 22 régions, il n’y a qu’un pas qui, affirme-t-on, aurait été franchi.

On ne prête qu’aux riches. Les rumeurs concernant un coup d’État orchestré par Noël Rakotonandrasana ont acquis leur crédibilité notamment parce que l’individu a quelques antécédents en la matière. Issu du Régiment des forces d’intervention basé à Ivato, il était devenu l’homme fort du CAPSAT de Soanierana en mars 2009 et avait fait basculer le rapport de forces militaires. Ce rapport de forces peut-il basculer à nouveau ? Camille Vital est persuadé que non. Comme on n’est jamais trop prudent, le Premier ministre, qui n’en est pas moins colonel, fait un clin d’oeil appuyé à l’armée en relevant qu’aucune des résolutions des assises militaires de fin mai 2009 n’ont connu de réalisation et en communiquant sur le fait qu’avec lui les choses pourraient changer.

Le clin d’oeil à la Nation, lui, est plus politique. Camille Vital souligne que l’intérim qu’il effectuera comme responsable du Ministère des forces armées a vocation à être de très courte durée, et laisse entendre que la mise en place d’un véritable gouvernement d’union nationale n’attend plus que le bon vouloir des opposants.

C’est d’ailleurs un secret de polichinelle que diverses négociations en coulisses se déroulent en ce moment, mais les antécédents de dialogue de sourds ont été tellement nombreux que la plus grande prudence reste de mise. On a toujours eu l’impression que seul celui qui se sentait en position de faiblesse faisait mine de vouloir discuter, tandis ce que les hommes d’en face ne connaissaient que le refrain « The Winner Takes It All ».

Plus hélas que sur une véritable prise de conscience par les politiciens de l’intérêt de la Nation, les quelques espoirs actuels de sortie de crise se basent sur le sentiment que toutes les parties politiques sont affaiblies. Élections dont la crédibilité reste à construire pour une part, sanctions dont l’effectivité reste à bâtir pour l’autre part alimentent la grogne générale au sein de chaque camp et en leur dehors. Le dernier règlement de compte vis-à-vis de Noël Rakotonandrasana est une manifestation des débats pas forcément feutrés dans chaque camp entre « radicaux » et « modérés ».

Reste à savoir si la décision a été prise seulement par peur ou si la volonté de changement est un peu plus profonde, permettant aux « modérés » des différents camps d’opérer un rapprochement véritable.

4 commentaires

Vos commentaires

  • 8 avril 2010 à 09:45 | maminah (#2788)

    Ces dissensions au sein de l’armée sont vraiment malsaines, et pèsent comme une épée de Damoclès au-dessus de notre stabilité.

    Mais à bien y réfléchir, elles ne devaient pas dater de cette dernière crise, même si c’est là qu’elles se sont affichées avec le moins de complexes, avec les travers éhontés que l’on sait du peu recommandable Capsat.

    Il est indéniable que des éléments de l’Armée ont gardé la nostalgie sinon la loyauté, pour l’un des leurs, l’Amiral. Le colonnel Camille Vital, qui est aussi leur pair, sera-t-il celui qui saura remettre de l’ordre dans ce vivier de coups d’Etat à répétition ?

    Toutes ces incertitudes, ajoutées à l’essoufflement économique et au désespoir social, ne peuvent en effet que mettre aux abois la Hat. La guerre d’usure n’use pas que le vis-à-vis.

  • 8 avril 2010 à 12:19 | humg (#1883)

    Ce TGV roule mais ce qui ne me plaît pas c’est que, premièrement, comme les autres malgaches j’y suis dedans en tant que passager forcé et deuxièmement, ce train nous a emmené, moi et mes compatriotes très très vite vers le gouffre.

    Comment le conducteur et ses mécaniciens puissent-ils encore me faire croire que tout va bien alors que ma famille et moi avons faim et que j’ai perdu mon travail ?

    Le train est sorti des rails en étant incapable de garder les acquis et les aides aux plus démunis réalisés par le précédent régime (liste non exhaustive des pertes) :
     reconnaissance international,
     confiance des investisseurs : qui dit investisseurs dit des places de travail en perspective,
     développement du tourisme : encore des places de travail…
     AGOA et les postes de travail associés (si l’AGOA n’est pas l’œuvre de Ravalomanana, il a su au moins le garder et en faire profiter la population),
     Matériel scolaires pour tous les élèves malgaches riche ou pauvre,
     Début de mise en place des cantines scolaires,
     Aides aux paysans sous-forme par exemple de dons d’engrais : j’étais surpris en faisant mes courses au marché du Zoma de ma ville en constatant qu’il y a moins de légumes que les dernières années. Les paysans m’ont expliqué que contrairement aux autres années, on ne leur donne plus d’engrais : résultat, moins de production, moins d’argent pour les paysans, pénurie et augmentation des prix, inflation…
     Les prix des PPN largement moins chers que maintenant,
     La sécurité : en tout cas nettement meilleure que maintenant,
     Je vous laisse continuer la liste…

    Nous sommes maintenant dans un état économiquement catastrophique tel que ma seule revendication se limite à mes besoins essentiels : Mesdames et Messieurs le conducteur de train et ses mécaniciens, redonnez-moi mon travail pour qu’au moins je puisse nourrir convenablement ma famille.

  • 8 avril 2010 à 14:21 | Manantena (#1345)

    On pouvait encore croire au réforme avant le lundi noir de janvier 2009.
    Il fallait vraiment être aveugle( pour différentes causes : haine, vengeance, ou simplement naïveté) pour ne pas avoir compris ce qui allait se passer plus tard, surtout quand ils ont osé ériger un gouvernement sur le 13 mai.
    Mon humble souhait, en ces temps (car je croyais encore à une déontologie chez les magistrats) était qu’ils ne pouvaient pas trouver un ministre de la justice, qu’aucun magistrat digne de ce nom n’accepterait...

    Hélas, la poudre aux yeux est la règle, et je garderai longtemps en tête ce qu’a dit le docteur en droit lors d’une fête familiale : " ne vous étonnez de rien ; tous les présidents Malgaches, depuis l’indépendance, ont violé la loi selon leur intérêt, mais la somme de violations commises par les 4 ensemble, Tsiranana, Ratsiraka, Zafy et Ravalomanana, en 50 ans, ne représentent même pas le quart de ce que ce FAT a fait en une année !
    C’est là donc leur réforme, faire de Madagascar un pays de non-droit (No law’s land)

  • 8 avril 2010 à 15:56 | Rakotoasitera Fidy (#2760)

    Comme c’est étrange : juste après le passage de Joyandet !!!!!

    Raleur , quel sera le prochain coup ??

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