En comparaison à d’autres pays en voie de développement, Madagascar n’accuse pas de grandes disparités entre filles et garçons quant aux statistiques sur la scolarisation au niveau primaire selon le constat de l’UNICEF. Cependant, il existe encore 55 000 filles de moins que les garçons scolarisés. Au niveau des collèges, dans de nombreuses Ciscos, les filles scolarisées sont largement moins nombreuses que les garçons. À titre d’illustration, dans certaines Ciscos des régions Atsimo Atsinanana et Sofia, il existe deux fois plus de garçons que de filles au collège.
« Il est important d’aller au-delà des chiffres, et de regarder ce qui se passe dans les écoles. Car l’éducation de qualité doit impérativement tenir compte de la dimension genre. Si l’école ne répond pas aux besoins des filles et des garçons, si l’école renforce les perceptions négatives liées au genre, l’éducation ne remplit pas entièrement son rôle. Nous nous focalisons trop souvent sur les statistiques, et parfois nous oublions que derrière les chiffres, il y a la vie de chaque enfant, et que les expériences à l’école comptent pour forger leur personnalité et leur avenir » a affirmé Bruno Maes Représentant de l’UNICEF à Madagascar, à l’occasion de cette cérémonie de lancement officiellement la campagne de communication sur l’éducation des filles, intitulée « Prenons en main notre avenir ».
Corvées ménagères
« Nous savons que les filles font face à des obstacles particuliers dès l’adolescence. Dans beaucoup de régions, en raison des fardeaux liées aux corvées ménagères, les filles ont moins de temps que les garçons à consacrer aux études. Les parents n’envoient pas leurs enfants au collège car cela représente un risque pour leur sécurité, le collège le plus proche se trouvant loin de leur fokontany. Et parfois, certains parents et communautés estiment qu’il n’est pas forcément important pour les filles de continuer leurs études, car elles seront prises en charge par leurs futurs maris » a déclaré Bruno Maes.
L’UNICEF Madagascar a saisi la célébration de la Journée de l’Enfant Africain pour lancer officiellement la campagne de communication sur l’éducation des filles, intitulée « Prenons en main notre avenir ». Pilotée dans six circonscriptions scolaires (Ciscos), cette campagne fait partie intégrante du projet Éducation post-primaire des filles, et se fixe pour objectifs de sensibiliser et de mobiliser la communauté autour des problèmes vécus par les filles, notamment en ce qui concerne leur éducation. Ciblant à la fois les filles, les enseignants et la communauté dans son ensemble, cette campagne de communication présente des femmes modèles à partir desquelles les filles peuvent s’inspirer.
Support
Ces supports seront disséminés à grande échelle au niveau des écoles et via les médias nationaux et radios locales. Les filles ont besoin de connaître des histoires qui peuvent les inspirer et qui témoignent que malgré les diverses difficultés, il est possible de forger leur vie en persévérant dans leurs études. Ce projet vise à doter les filles et les garçons des outils pour faire face aux défis de la vie.
Les recherches internationales indiquent que le retour sur investissement de l’éducation des filles est important, notamment lorsque l’on s’y engage dans le post-primaire. Au-delà du développement et de l’épanouissement personnels de l’individu, les retours d’ordre économique et social sont considérables : baisse du taux de natalité, baisse du taux de mortalité infantile, meilleure productivité économique, meilleure scolarisation de la génération future, meilleur équilibre entre femmes et hommes dans la prise de décision à tous les niveaux. L’éducation des filles contribue non seulement à leur garantir un épanouissement personnel, mais à une société plus égalitaire et équitable ouvrant la voie à un développement économique et social plus effectif.
Madagascar a réalisé d’énormes progrès en matière d’éducation ces dernières années. Aujourd’hui, on compte deux fois plus d’enfants à l’école primaire et au collège, comparé à la situation dix ans auparavant. ‘L’UNICEF saisit cette opportunité pour encourager les enseignants à poursuivre les efforts déjà réalisés pour maintenir les enfants - filles et garçons - à l’école. Le droit à l’éducation est en effet un droit garanti par la Convention relative aux droits de l’enfant, à laquelle Madagascar a adhérée depuis 1991’, a conclu Bruno Maes.
Recueilli par Rakotoarilala Nianivo
