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Editorial

Outil de production

jeudi 11 décembre 2008 | R. C.

L’octroi de 1.3 millions d’hectares de terrains agricoles aux Sud-coréens de Daewoo dans le Nord et d’Ouest de l’île continue d’agiter le bocage. Beaucoup s’émeuvent de ce que ces Asiatiques obtiennent un bail de 99 ans. Des ONG parlent même de nouveau visage de la colonisation. Des médias occidentaux s’offusquent de l’offensive du « pays du Matin calme » chez les gens du « moramora ». Pourtant, le seul reproche qu’on peut faire au pouvoir dans cette affaire est de ne pas avoir suffisamment communiqué sur un sujet très délicat dans un pays où la terre demeure sacrée, tout en restant un objet de contemplation et de rêverie. En effet, qu’on le veuille ou non, la terre est devenue par la force des choses un outil de production comme un autre. Ni plus ni moins. Le Livre Rouge n’a pas tout à fait tort de dire déjà à son époque que « la terre appartient à celui qui la travaille ». En l’occurrence aux Sud-coréens si tant est que le projet voit un début de concrétisation. Un bref retour en arrière fait rappeler que tout Madagascar a appartenu aux Gaulois, plus exactement aux Français, de 1896 à 1960. Les historiens s’accordent à dire qu’ils n’y ont rien investi sauf le savoir- faire, actuellement baptisée technologie. Le reste, tout le reste, a été payé par les Malgaches à travers l’impôt per capita ou « hetra isan-dahy » pour leur financement, et les travaux forcés et les mains d’œuvres gratuites pour leurs réalisations. La plupart des infrastructures existantes encore aujourd’hui datent de cette époque, notamment les tracés des routes nationales, les découpages des Régions militaires et administratives, les tunnels d’Ambanidia et d’Ambohidahy, etc.

Pays utile

Pour en revenir à l’investissement Sud-coréen dans le sol malgache, faut-il souhaiter qu’il se réalise, mais cette fois plus au détriment des Malgaches. Encore faut-il savoir les tenants et aboutissants des termes du contrat de bail. Les atermoiements des autorités malgaches ne plaident pas en faveur des intérêts de la Grande île. Au contraire, ils laissent penser à l’existence de zones d’ombres. Au demeurant, l’« énormité » du contrat incline l’opinion publique nationale et internationale à craindre pour l’intérêt du pays hôte. Puisque dans ce genre de transactions, rares sont les cas où les pays du Sud arrivent à en tirer un quelconque avantage. A ce propos, un rééquilibrage des termes du contrat devrait être fait. Pour autant, cela n’autorise personne à jeter l’anathème sur un projet qui prévoit des milliers d’emplois et des millions de dollars d’investissements dans des régions qui ne font pas partie du « pays utile ». C’est pourquoi, la véhémence des réactions vues et entendues autour du monde sur cette affaire, à des milliers de kilomètres des endroits choisis par le gouvernement et les Sud-coréens sonne faux. Pour une fois, le Melaky et le Menabe pourraient bénéficier d’investissements directs étrangers, voilà que de soi disant bonnes âmes crient au scandale ! C’est à la fois indécent et injuste.

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