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Editorial

Opération couette

lundi 16 juin 2008 | R. C.

Un froid glacial et presque polaire s’est installé dans l’île. De même, des crachins se font jour par intermittence. L’hiver a bel et bien pris ses quartiers. Du coup, les couettes, les couvertures, les édredons, les blousons, les tricots, les cache-nez, les collants et les bonnets sont sortis des armoires pour ceux qui en sont pourvus. Pour d’autres, ils vont carrément faire du shopping en vue d’étoffer leurs garde-robes de l’hiver. Car cette saison n’est pas la même pour tous. Il y a d’un côté ceux qui ont chauds même s’il fait froid, et de l’autre ceux qui ont froid d’un bout à l’autre du cycle. Hier à la messe, un gamin de 11 ans assis dans les premiers rangs s’est levé, peu avant la communion. Il tremble de froid. Il porte uniquement sur lui un pantalon blanc et un T-shirt vert à l’aspect usagé. À la sortie de la messe, une vielle dame de 65 ans, le dos courbé, chaussant du « kiranyl », vacille sur le bord de la route et est obligée de s’agripper sur les feuilles d’un cyprès faisant office de clôture à une belle villa. Elle porte sur sa tête un improbable bonnet blanc avachi par le temps. Un pardessus tout aussi fatigué comme elle et un lamba blanc qu’elle drape avec dignité complètent son attirail par ce froid qui mord, qui mord.

Cache misères

Tout ceci n’est pas du misérabilisme. Il ne s’agit que d’une énumération, forcément limitée, du quotidien de la majorité des Malgaches par temps frais. Ils ne peuvent pas faire autrement même s’ils veulent bien se mettre au chaud dans la rue, au bureau, dans les transports en commun et à la maison. D’autres avancent que grâce aux friperies et aux vêtements « made in China », certains arrivent à juguler leur malheur. Mais encore faut-il mettre la main sur les bons produits. Car les « fripes », comme leur nom l’indique, et les « vita sinoa », de l’avis de leurs abonnés, se déchirent après un premier usage et le premier lavage. Ce sont des cache-misères. Pour combattre le froid, qu’est-ce qui reste aux Malgaches, et surtout ceux habitant les Hautes Terres centrales, que de voir le temps passer jusqu’en septembre. Ce qui n’empêche pas de rêver à ce que les autorités organisent, pour les sans abris, les nécessiteux et les vieux pensionnaires des maisons de retraites une opération soupe populaire et une opération couette. Car si la misère se vit dans l’intimité de son toit, la solidarité, elle, doit se manifester sur tous les plans.

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