« Mandrapihaona Andriamatoa TEYSSIER »

On estime à 5.000.000 le nombre de terrains à Madagascar dont 400.000 immatriculés en un siècle. 3000 titres sont délivrés en moyenne par an, avec plus de 20 étapes pour l’obtention d’un tel titre. Autres données : 386 sur les 1557 communes existantes sont chacune dotées d’un guichet foncier. 105 à 207 jours pour le délai et 16 à 24 dollars pour le coût d’un Certificat foncier contre 507 dollars pour un délai de 6 ans pour l’obtention d’un titre foncier. Ces chiffres parlent d’eux-mêmes, mais illustrent surtout les enjeux du foncier à Madagascar qui nécessite le déploiement d’importants efforts. Personne n’est sans savoir, il faut le dire, que les problèmes fonciers sont légions dans le pays.

Le Gouvernement, à travers une volonté politique claire doit réaffirmer la décentralisation de la gestion foncière. Dans le domaine juridique, il est grand temps de faire le ménage en se débarrassant des statuts obsolètes et en sortant de l’héritage colonial. Le renforcement des compétences techniques de tous les acteurs concernés s’avère plus que capital. Autant de défis qui garantissent une innovation radicale dans la poursuite de la mise en œuvre de la politique foncière à Madagascar.

La mise en œuvre de ces défis nécessite une restructuration institutionnelle au niveau national et au niveau communal et des appuis-conseils aux communes, notamment par des organismes privés sous Contrat de délégation de service public au niveau communal. Dans ce sens, il est alors conseillé la mise en place d’une administration foncière modernisée et informatisée, la création d’une Direction d’appui à la gestion des territoires communaux, la création d’une École nationale du territoire, le renforcement de l’Observatoire du foncier, et la mise en place d’une entité interministérielle pour les investissements directs étrangers.

C’est ce qui ressort de l’exposé présenté jeudi 21 octobre par André Teyssier, Conseiller technique principal au ministère de l’Aménagement et de la décentralisation.

André Teyssier depuis son arrivée à Madagascar a toujours travaillé sur le foncier et a participé activement au soutien de la politique de développement rural de Madagascar, de l’environnement et du foncier.

Depuis 2004, alors qu’il était Conseiller technique auprès du Secrétaire général du ministère de l’Agriculture, de l’élevage et de la pêche, cet initiateur de la Lettre de politique foncière -en collaboration avec l’Unité technique de préparation formée par la société civile, les différents acteurs du foncier et le ministère- a pu apporter des nouvelles idées sur la gestion foncière à Madagascar.

4 axes stratégiques

De nouvelles perspectives de gestion foncière à Madagascar se sont ouvertes après la validation de cette Lettre de politique foncière en conseil du gouvernement précisant les quatre axes stratégiques du Programme national foncier, à savoir la modernisation des services fonciers, la décentralisation de la gestion foncière, la rénovation de la réglementation et la mise en œuvre d’un plan de formation et de communication.

André Teyssier s’est personnellement engagé à mettre en œuvre cette nouvelle politique foncière avec le concours de plusieurs partenaires. Il s’est toujours impliqué dans les nombreux groupes de travail et les diverses cellules de réflexions tant à Madagascar qu’à l’extérieur. La réforme foncière de Madagascar est même devenue un modèle pour quelques pays d’Afrique, pour ne citer que le Burundi.

Fort de plusieurs années d’expérience professionnelle, André Teyssier a su faire bénéficier pleinement de sa précieuse contribution à divers égards et à plusieurs reprises. Il a été successivement Conseiller technique principal auprès du Secrétaire général du ministère de l’Agriculture, de l’élevage et de la pêche, puis du ministère de la Réforme foncière, des domaines et de l’aménagement du Territoire. Enfin, et non des moindres, il s’est investi à fond pour la mise en place de l’Observatoire du foncier, sujet très attendu par les bailleurs de fonds.

L’Observatoire, rappelons le, est une institution chargée de mesurer le processus de réforme, d’analyser les tendances aussi bien négatives que positives et enfin de fournir les éléments d’informations nécessaires aux décideurs.

Pour ces motifs, à la veille de son départ définitif de Madagascar et au terme d’un long parcours professionnel très fructueux en coopération, le Gouvernement malgache, à travers Hajo Andrianainarivelo, ministre de l’Aménagement du territoire et de la décentralisation lui a manifesté sa reconnaissance le 19 octobre dernier pour ses années de carrière consacrées au développement économique en général et au développement rural de Madagascar à travers le foncier en particulier.

La cérémonie a vu la présence de nombreux grands responsables de l’administration, de la société civile, de l’Ambassade de France et des divers bailleurs de fonds ou partenaires techniques et financiers.

André Teyssier quitte Madagascar pour une nouvelle aventure humaine mais professionnelle au sein de la Banque Mondiale à Washington.

Recueilli par Valis