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Editorial

Made in Madagascar

vendredi 25 avril 2008 | R. C.

La foire dite China town a ouvert ses portes hier. La première journée a été mitigée, d’après les observateurs indépendants. Ce qui n’enlève en rien à l’originalité de l’initiative. Elle tranche nettement avec ce qui a été vu ici depuis des décennies. Censée être le chantre des produits exclusivement fabriqués en Chine, la foire Chinatown exerce un double effet sur les consommateurs. Ceux-ci aiment et détestent à la fois les produits « Made in China ». Ils les détestent pour leur qualité, prétendue médiocre et « mora simba ». Ils les détestent aussi par rapport aux autres produits « Made in ailleurs », présentés comme plus valorisant. Mais ils les adorent pour leur prix plus qu’abordable. Jamais, les Malgaches n’ont trouvé de produits importés défiant toute concurrence qu’avec les « Made in China. » Tout y passe : vêtements, pâtes alimentaires, nouilles, jouets, meubles, téléphones portables, ustensiles de cuisine, ordinateurs. Sans oublier les premiers produits chinois arrivés ici que sont les magnétophones ou radio K7. Ils ont fait danser et valser des milliers d’individus dans les endroits les plus reculés dans les années 80 et 90. Car les « Made in China » ont cette particularité qu’ils arrivent partout où l’on n’imagine même pas.

Echelle industrielle

C’est vrai qu’hier, leur qualité laissait effectivement à désirer. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. La Chine est devenue l’atelier du monde où tout se fabrique. Et à profusion. Des boucles d’oreilles de pacotilles aux satellites espions. En passant par les voitures, avions, trains, MP3 ou MP4… Les Malgaches ne peuvent pas indéfiniment jouer le « je t’aime, moi non plus » avec le « Made in China ». Cette hypocrisie risque de leur coûter cher. La question est maintenant de savoir pourquoi les locaux n’arrivent pas à produire à l’échelle industrielle. Imaginons ce qui se passera quand le « Vita Gasy » ou « Vita Malagasy », pour ne pas effrayer les puristes, seront usinés à grande échelle : les produits artisanaux notamment. Car actuellement, les lambaoany, les meubles en bambous et les objets en raphia, etc, conçus et fabriqués ici se font dupliqués en …Chine à la vitesse de la lumière. Puis sont revendus entre deux objets à Behoririka ou ailleurs en toute impunité. Faites un tour dans certains quartiers marchands de la Capitale. Vous allez découvrir que les Malgaches se font piquer certains de leurs produits-phares. Demain et à cette allure, ce pays risque d’acheter du « Made in Madagascar » usiné en Chine à des prix dix fois inférieurs. Si ce n’est déjà fait.

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