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Communiqué

Petite pêche en péril

Madagascar signe des accords de pêche destructeurs avec des investisseurs chinois

vendredi 20 novembre 2020 |  3298 visites 

Petite pêche en péril : Madagascar signe des accords de pêche destructeurs avec des investisseurs chinois

CAPE (Coalition pour des accords de pêche équitables) - 17/11/2020

Alors que les négociations entre l’UE et Madagascar continuent pour un nouveau protocole d’APPD thonier, - le dernier ayant expiré le 31 Décembre 2018, le gouvernement malgache a signé deux protocoles qui permettent l’accès aux eaux malgache à une trentaine de navires appartenant à des investisseurs chinois.

Les deux protocoles d’accord de pêche ont été signés fin 2019 entre le Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche de Madagascar (MAEPM) et la société de droit malgache Côte d’Or, dont les dix actionnaires sont chinois. Le premier de ces protocoles permet à 12 bateaux de pêche polyvalents (chalutiers/senneurs/fileyeurs) de pêcher des espèces pélagiques, démersales, des céphalopodes et des crustacés, dont la crevette, “l’or rose” de Madagascar, dans toutes les zones de pêche, tant sur la Côte Est que sur la Côte ouest. Ces bateaux auront accès en pratique à toutes les ressources qui se trouvent dans les eaux malgaches. Un deuxième protocole signé par le Ministère avec la même société, prévoit le déploiement de 16 autres bateaux qui pêcheront poissons démersaux, pélagiques et crustacés au moyen de filets, casiers et palangres.

Présence chinoise dans les eaux malgaches

Ces protocoles d’accords, gardés secrets jusqu’à présent par le MAEPM, ne font que confirmer l’emprise grandissante de flottes d’origine asiatique sur les ressources halieutiques de Madagascar, et les inquiétudes que cela génère chez les petits pêcheurs malgaches depuis plusieurs années.

En 2017, l’arrivée de six chalutiers chinois de la compagnie RUISHUN, sous couvert de la société mixte locale Maprosud, avait créé l’émoi chez les petits pêcheurs du Sud-Ouest de Madagascar. Après avoir pêché illégalement en zone côtière, ces bateaux RUISHUN prirent le large pour demander, début 2020, une autorisation de pêche dans les eaux du Sénégal en compagnie d’une cinquantaine d’autres bateaux, en grande majorité d’origine chinoise. Une large mobilisation locale a découragé, jusqu’à présent, les autorités sénégalaises de leur octroyer les autorisations demandées.

En 2018, un accord d’investissement entre Madagascar et une société chinoise, signé dans des conditions opaques, prévoyait lui le déploiement de 330 navires dans les pêcheries côtières de Madagascar !
Deux ans plus tard, avec l’avènement d’un nouveau gouvernement à Madagascar, ce projet semble être tombé à l’eau.

Un modus operandi qui se répète en Afrique

Le modus operandi pour l’accueil de ces bateaux d’origine chinoise semble toujours le même, à Madagascar, au Sénégal ou dans d’autres pays africains. Les gouvernements permettent à ces bateaux d’accéder à leur ZEE alors qu’ils n’ont pas d’autorisation de pêche, légalisent dans un deuxième temps la situation via la constitution d’une société mixte bidon, qui supervise le passage des bateaux chinois sous pavillon national, puis vient l’émission des licences de pêche. Si on prend par exemple la société malgache Côte d’Or, qui déploie à travers ces deux protocoles une trentaine de bateaux dans les eaux malgaches, les investisseurs chinois n’ont rassemblé ensemble que le modique capital de 20 millions d’ariary (4300 euros), lui donnant toutes les caractéristiques d’une société de façade.

Une autre particularité de ces deux protocoles est qu’ils ne font l’objet d’aucune contrepartie pour l’Etat, contrairement aux protocoles officiels, et n’incluent que des redevances annuelles dérisoires. En contrepartie, ces bateaux auront accès à des pêcheries multiples, y compris des pêcheries pour lesquelles des redevances élevées sont normalement payées, comme la crevette ou la langouste. Avec leurs licences “multi-espèces”, ces bateaux seront également exonérés de la réglementation et de la gestion sectorielle existant pour les espèces de haute valeur commerciale comme la crevette. Ces protocoles représentent donc un manque à gagner important pour le gouvernement malgache.

Mais le plus grand péril, c’est que cette politique active d’accueil de bateaux d’origine chinoise hypothèque l’avenir des communautés côtières malgaches dépendant de la pêche : l’aggravation de la surexploitation des ressources malgaches, la destruction de l’environnement marin côtier, la baisse du rendement de la pêche, la diminution de la taille des captures, mettent ainsi en péril les communautés de petite pêche côtière.

On estime à environ 100 000 le nombre de personnes pratiquant la petite pêche dans le pays et la plupart des ressources qu’ils ciblent, également ciblés par des chalutiers semi-industriels et industriels étrangers, sont en état de surexploitation.

Notre récent état des lieux soulignait les énormes besoins de la petite pêche traditionnelle malgache, et insistait sur la nécessité d’améliorer la gestion des ressources comme condition sine qua non à la survie de ces communautés, essentielles contributrices à la sécurité alimentaire du pays.

L’attitude laxiste des autorités malgaches, invitant des sociétés mixtes de façade, à travers des protocoles de pêche opaque, à pêcher encore plus les ressources halieutiques surexploitées est d’autant plus étonnante que le pays a mis à l’étude un nouveau plan directeur de la pêche et de l’aquaculture et un plan de lutte contre la pêche illégale visant à promouvoir une exploitation et une valorisation durable des ressources pour la période 2019-2023. Un élément important de ce plan est la transparence dans la gestion des pêcheries : transparence en matière d’allocation de licences et d’accords de pêche notamment.

Il est temps pour les autorités malgaches, de « faire ce qu’on dit », et de « dire ce qu’on fait ».

Source : https://www.capecffa.org/blog-publications/petite-pche-en-pril-madagascar-signe-des-accords-de-pche-destructeurs-avec-des-investisseurs-chinois?fbclid=IwAR1woxMbPqz7l_2Ak-KxXY8Y_56hhXZ2-MrlcMAcsNQITZOXFtiEgizmY9I

16 commentaires

Vos commentaires

  • 20 novembre 2020 à 11:12 | Besorongola (#10635)

    AH..! CES CHINOIS ALORS !

    Nous sommes en janvier 2015, selon Madagscar -tribune.com un bateau battant pavillon chinois, le Min Tai leng, est intercepté à Maroantsetra et est arrivé dimanche à Toamasina. Cue navire, censé être un bateau de pêche, a été soupçonné de trafic de bois de rose. Les 18 chinois ont été enquêtés au Parquet de Toamasina. Andry Andriamanga, coordonateur de l’Alliance Voahary Gasy AVG confirme que ce n’est pas la première fois que ce bateau s’adonne au trafic, mais il a toujours été relâché pour une raison ou pour une autre. D’autre part, des embarquements de bois de rose stockés à Antanambe Mananara Nord sont en cours depuis un moment. L’AVG affirme qu’au moins 40% des stocks dans cette localité sont déjà partis. Dans un premier temps, il faut assurer la sécurité des stocks déjà saisis selon l’AVG. Notons que jusqu’ici, à part les stocks officiellement saisis par l’État qui sont déjà sérieusement entamés illégalement, le nombre de stock de bois de rose disséminé aussi bien chez les opérateurs que dans la nature demeure inconnu. Jusqu’ici, aucun vrai inventaire n’a été fait pour connaître les vrais stocks qui sont tous en principe illicites aux yeux de la loi.

    • 23 novembre 2020 à 10:37 | Aiza ny tanindrazako (#1120) répond à Besorongola

      Dia efa tsy misy saina mihitsy ve e ? Sa mano fisainana mpadrongony ?
      Kolikoly hisotroanareo mianakavy toaka no hivarotana ny haren’ny Madagasikara @ vahiny ?
      Tsy raharahiana ny Vezo sy ny Antanosy sy ny Betsimisaraka sns efa tsy mahita trondro hojonoina intsony noho ny afitsok’ireo samboben’ny vahiny sady mandroba no manimba ny ranomasina satria raofiny daholo na dia zana-trondro aza ?
      Avelao ho mosarena any daholo ireny ? Ireny angaha no mosarena voalohany eto Madagasikara ? Efa mosarena koa ny any Atsimo ?
      Vola mora azo ary tombotsoan’olombitsy handefasana zanaka mianatra any ampitandranomasina mandritra ny taona vitsivitsy ve no atakalonao olona an’hetsiny tsy hanan-kanina hoanina sy tsy afaka mampiana-janaka mandritra ny andrompiainany ?
      Angaha sarotra ny mividy (na manamboatra) sambo mpanjono 50 na 100 ka omena ny any anindran-tany izany hampihoitra azy ary ahavelona ny fianakaviana an’arivony mandritra ny zato taona ?
      Sa tsy mitovy ny atao hoe Malagasy ? Izay afaka manao sonia any ambonimbony any @ vahiny mahazo kolikoly vetivety ary ny sisa ambiny, indrindra fa ny any amoron-tsiraka avelao hihinana ny IEM any ?

    • 23 novembre 2020 à 10:37 | Aiza ny tanindrazako (#1120) répond à Besorongola

      Dia efa tsy misy saina mihitsy ve e ? Sa mano fisainana mpadrongony ?
      Kolikoly hisotroanareo mianakavy toaka no hivarotana ny haren’ny Madagasikara @ vahiny ?
      Tsy raharahiana ny Vezo sy ny Antanosy sy ny Betsimisaraka sns efa tsy mahita trondro hojonoina intsony noho ny afitsok’ireo samboben’ny vahiny sady mandroba no manimba ny ranomasina satria raofiny daholo na dia zana-trondro aza ?
      Avelao ho mosarena any daholo ireny ? Ireny angaha no mosarena voalohany eto Madagasikara ? Efa mosarena koa ny any Atsimo ?
      Vola mora azo ary tombotsoan’olombitsy handefasana zanaka mianatra any ampitandranomasina mandritra ny taona vitsivitsy ve no atakalonao olona an’hetsiny tsy hanan-kanina hoanina sy tsy afaka mampiana-janaka mandritra ny andrompiainany ?
      Angaha sarotra ny mividy (na manamboatra) sambo mpanjono 50 na 100 ka omena ny any anindran-tany izany hampihoitra azy ary ahavelona ny fianakaviana an’arivony mandritra ny zato taona ?
      Sa tsy mitovy ny atao hoe Malagasy ? Izay afaka manao sonia any ambonimbony any @ vahiny mahazo kolikoly vetivety ary ny sisa ambiny, indrindra fa ny any amoron-tsiraka avelao hihinana ny IEM any ?

    • 24 novembre 2020 à 14:41 | Rabelaolao (#11124) répond à Besorongola

      Avohay Ahmad Ahmad e.
      Aleo anaovan’i Ahmad azy rehefa tsisy compétent...hihihihihihi. Tsy avotra intsony mihitsy.
      Grave be ity

    • 24 novembre 2020 à 15:27 | Rabelaolao (#11124) répond à Besorongola

      Raha te hanenjika anireo sambo mpanao trafic ireo ny fanjakana tokony ho vitany. Any no tokony alefa ny fanampiana fa tsy any amin’ny fanaovana béton. Fa angaha fihinana koa hono ny béton haha ?
      Mijery an ity site ity iray minitra fotsiny dia hita daholo ny mpangalatra tsy manaradalàna :

      https://globalfishingwatch.org/map/

      dia voaporofo eto ambany ny mikasika ny sinoa manokana

      https://www.facebook.com/FRANCE24/videos/surp%C3%AAche-mondiale-enqu%C3%AAte-sur-les-myst%C3%A9rieuses-flottes-chinoises/794965307728152/

  • 20 novembre 2020 à 11:17 | lancaster (#10636)

    Avons nous une politique de la pêche bien claire ou bien s’agitil Une fois de plus du pilotage à vue de courte durée sans aucune ambition autre que de recueillir quelques taxes auprès des étrangers qui viennent vider nos mères.
    Pourquoi n’existetil Pas un marché intérieur des produits halieutiques ?

    • 20 novembre 2020 à 11:23 | MALIBUC (#9345) répond à lancaster

      Vider nos mères...... Accoucher de force ?
      VIDER NOS MERS....!

    • 20 novembre 2020 à 11:25 | arsonist (#10169) répond à lancaster

      << 20 novembre à 11:17 | lancaster (#10636)
      << Avons nous une politique ... de recueillir quelques taxes auprès des étrangers qui viennent vider nos mères.

      Ah ! Non ! Révulsant !
      Donne le tienne « à vider par les Etrangers » !
      Mais n’y inclus surtout pas celles des autres !
      Les foza vendraient-ils leurs mères pour des espèces sonnantes et trébuchantes venant de l’Etranger ?
      Et leurs filles et leurs sœurettes alors ?
      Quelle décadence !

  • 20 novembre 2020 à 11:25 | Vohitra (#7654)

    Après la cession de patrimoines de l’Etat, arrive maintenant les braderies de ressources...

    Tandis que la foule est encore occupée à commenter l’oeuvre du Barea, et à danser au rythme de jerusalema, et à lire et voir les affiches et gesticulations des candidats à la sénatoriale orange, le dépeçage et mise en coupe réglée des richesses du bien commun avancent à grandes enjambées...

    Emiratis, Saoudiens, Chinois, eux, ils ne chôment pas...

  • 20 novembre 2020 à 11:27 | arsonist (#10169)

    Les foza sont-ils en train de mettre bas leur masque ? [Non ! pas les masques anti covid-19]

    << 20 novembre à 11:17 | lancaster (#10636)
    << Avons nous une politique ... de recueillir quelques taxes auprès des étrangers qui viennent vider nos mères.

    Ah ! Non ! Révulsant !
    Donne le tienne « à vider par les Etrangers » !
    Mais n’y inclus surtout pas celles des autres !
    Les foza vendraient-ils leurs mères pour des espèces sonnantes et trébuchantes venant de l’Etranger ?
    Et leurs filles et leurs sœurettes alors ?
    Quelle décadence !

  • 20 novembre 2020 à 12:27 | arsonist (#10169)

    Politique fiction.
    Imaginons un instant que les convoitées îles éparses soient placées officiellement sous souveraineté foza. [j’ai dit foza, hein !].
    Alors, combien de temps donneriez-vous aux bateaux de pêche chinois et japonais pour venir enfin ! dépeupler les eaux qui baignent ces îles ?
    Pour avoir une idée de ce danger on peut demander leur avis aux habitants de Lokaro et Sainte-Luce, deux petites localités situées juste au nord pas très-très loin de Tolagnaro. Eux en savent quelque chose du dépeuplement des mers par ces bateaux de pêche venant de l’Asie.

  • 20 novembre 2020 à 13:52 | dominique (#9242)

    Madagascar va se faire bouffer a la sauce chinoise ; les chalutiers usine vont nettoyer tous les fond océaniques de Madagascar comme ils ont fait partout dès qu’ils sont arrivés ; c’est la fin du poisson en bon nombre a Madagascar vous êtes bien prévenus et avec les chinois ça va marcher a la ( baguette) croyez moi bien et surtout pas a la sauce Malgache ... et a coup de pieds au cul s’il le faut avec eux !! c’est clients là !! attention c’est pas les Européens ; de bonne rigolades a venir on a pas fini ...

  • 20 novembre 2020 à 13:53 | SNUTILE (#1543)

    Vendre sa patrie pour la modique somme de 4 300 euros ? Madagascar malagasy ?

    Votre investigation mérite d’être plus poussée parce qu’il faut responsabiliser les signataires malgache que la personne soit du gouvernement ou à son compte personnel (ce qui n’est pas autorisé pour une pêche par des étrangers, car seul l’Etat du pays peut le faire et payer la garantie du contrat non abouti en encaissant les dollars de l’étranger (facilement).

    Important de se renseigner auprès de l’ambassade de Chine si la société s’est déclaré chez eux et sont officiellement pour l’intérêt de l’Etat Chinois ? Il semble être des Startup (mercenaire).
    ruishun.en.china.cn sans site web WWW. sans photo du dirigeant siège en Chine.

  • 20 novembre 2020 à 21:14 | Rainingory (#11012)

    izay ihany hoy aho ny vahaolana,
    fermeture des frontières, gel des avoirs, nationalisation !

  • 21 novembre 2020 à 10:29 | Albatros (#234)

    Qu’en pensez-vous Isandra et Betoko ?.

    Je suppose que pour vous c’est une bonne chose !.

  • 24 novembre 2020 à 11:03 | Nalisoa (#10185)

    ces critiques sont-ils prêts à aller pêcher et à le transformer en argent au profit du peuple.

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