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Témoignage

« Lycée Français de Tananarive - 6 mars 2009 »

samedi 7 mars 2009 |  5191 visites 

Ce matin du mois de mars, je fus surpris lors de mon arrivée au LFT (Lycée Français de Tananarive) par le nombre inhabituel de badauds accoudés aux balustrades surplombant l’établissement.

Nous avions eu connaissance que le quartier d’Ambatobe avait connu quelques échauffourées nocturnes la nuit précédente. Apparemment des affrontements entre les TGVistes et les éléments de l’Emonnat. (La somptueuse demeure de Andry Rajoelina « chef des TGViste » est située en contre bas du Lycée Français).

Qui pouvait bien être ces spectateurs tant intéressés par notre établissement ?

La réponse arriva dans la matinée lorsque ces personnes… soit disant étudiants, soit disant manifestants pro TGV, mais surement malfrats… empêchèrent la sortie des élèves. Malgré tout, quelques parents purent contre espèces sonnantes et trébuchantes et après fouille des cartables « délivrer » leur progéniture. Des professeurs qui se présentèrent à la sortie du Lycée pour parlementer furent pris à partie avec des propos xénophobes.

Pendant ce temps, Andry Rajoelina recevait à son domicile des représentants du corps diplomatique. De nombreux barrages avaient été établis sur les deux routes permettant d’accéder au Lycée et à la résidence de l’ex-Maire de Tananarive.

Plusieurs tentatives de négociations pour la sortie des élèves furent engagées avec les émeutiers… En vain, car ceux-ci étaient convaincus que les éléments de l’Emmonat n’interviendraient pas tant qu’élèves, enseignants et agents administratifs seraient retenus dans l’établissement.

Dans le courant de l’après-midi, après une ultime négociation, les partisans d’Andry TGV autorisent tout de même les bus scolaires à sortir du LFT ainsi que les enseignants français mais sans leur véhicule, mais interdisent cette sortie aux enseignants malgaches. POURQUOI ?? Les enseignants français restent solidaires de leurs collègues malgaches.

L’administration du Lycée appuyée par les enseignants malgaches et français, rassemble les quelques 1400 élèves du Lycée et les répartissent dans les bus scolaires. Mais les pseudo-étudiants empêchent le départ du premier bus. QUID DE LA PAROLE DONNEE ? Ce qui oblige tous les élèves à descendre des bus et à revenir dans les salles de classe.

Encadrés par leurs professeurs, les élèves attendent patiemment « mais la peur au ventre » que la situation se dénoue. Instruction leurs avaient été donné de se mettre à plat ventre en cas de tirs ou de déflagrations. Ces élèves de la 6ème à la terminale, de plus de 12 différentes nationalités et de tous niveaux social (le LFT compte de nombreux boursiers français), sont donc confinés dans les salles de classe surchauffées. Certains d’entre eux pleurent et une petite fille fait une crise de nerfs… L’ambiance est très lourde…

Le siège du LFT se poursuit tout l’après midi… soleil aidant le climat devient de plus en plus « chaud »… Le LFT se prépare donc à passer la nuit sur place… des bouteilles d’eau sont distribués aux élèves.

Fort heureusement, en fin de soirée, l’Emmonat pu rétablir l’ordre en chassant les fauteurs de troubles sans que ceux-ci n’investissent le Lycée. Néanmoins, les pseudo TGVistes mais certainement-voyous lancèrent des pierres sur les voitures ce qui entraina pare-brise et vitre brisées. Un cocktail Molotov atterri au milieu du parking sans toutefois exploser.

Grâce à l’efficacité de l’Emmonat qui encadrée la route du Lycée jusqu’au carrefour d’Analamahitsy, le LFT pu enfin être évacué sans dommages vers la Résidence des Charmilles. Avec l’aide du personnel du Consulat, des enseignants, de la cellule médicale les élèves purent être repartis dans les bus scolaires pour retourner chez eux ou passer la nuit en sécurité à la résidence. De nombreux parents soulagés purent venir chercher leurs enfants quelque peu traumatisés par ces déplorables événements.

Un grand merci aux éléments de l’Emmonat… qui ont pu éviter le pire !!!

En conclusion, de ce témoignage à « chaud »… :

A ma connaissance, c’est la première fois dans le monde que 1400 élèves et leurs professeurs d’un Lycée Français du réseau AEFE (Agence pour l’Enseignement Français à l’Etranger qui gère l’ensemble des établissements hors de France) ont été PRIS EN OTAGE par des émeutiers.

Pourquoi s’en prendre à des élèves ???

Quel type d’opposant politique responsable cautionnerait un tel acte ???

Un professeur témoin oculaire encore sous le choc…

14 commentaires

Vos commentaires

  • 7 mars 2009 à 08:05 | ragasy (#416)

    Mais TGV pardi ! C’est lui qui, non seulement cautionne cela, mais coordonne tous les agissements de ces malfrats.

    Pas une seule fois, il n’a appelé ses troupes au calme. Au contraire, il ne fait que les rameuter. Ils les appelle « mpitolona ».

  • 7 mars 2009 à 09:21 | Bena (#494)

    Mais ce sont vraiment des Mpitolona (lutteurs, bagarreurs), tout dans les bras, rien dans la cervelle, comme leur chef d’ailleurs (si le LFT lui aurait donne une bourse dans le temps, pas par merite mais par pitie, on n’en serait pas la actuellement). Ironie a part, c’est grave d’en arriver la. Dieu merci que tout s’est bien termine.

  • 7 mars 2009 à 10:45 | Rivohanitra (#142)

    Les TGVistes utilisent des méthodes fascistes pour protéger TGV. Je n’ai pas dit leur cause car TGV n’a ni idéologie ni philosophie ni programme politique.

    Cependant je trouve inadmissible cette qualification de malfrats donnée par un petit bourgeois du lycée français à ces jeunes en perte de repère manipulés par TGV et appauvris par le système Ravalomanana.

    C’est un peu facile pour ces élèves, enseignants et parents d’élève du lycée français, de vivre dans un pays d’avoir une protection et un privilège tels qu’ils ne partagent jamais le quotidien du peuple.

    En 1972 on luttait déjà contre ce type de privilège, aujourd’hui les inégalités sociales se sont accrues à un point tel que les gasy ambony, faiseurs de malheurs de ce pays, par leur cupidité et leur violence sociale, mettent leurs enfants dans les lycées français et vivent comme en occident. Ils ne sont pas solidaires du reste du pays et c’est grave. Les malfrats ce sont plutôt les faiseurs de pauvreté et non pas les pauvres qui en sont les victimes. N’inversons pas les choses.

    Autant j’ai été scandalisée par la prise en otage des élèves du CEG d’Antanimena, là j’avoue que j’ai rigolé un peu de ces nantis qui ont pour un bref moment dans leur vie super protégée un peu de peur au ventre. Sans rancune, penser juste au film « il était une fois la révolution ».

    • 7 mars 2009 à 14:13 | morgane670303 (#814) répond à Rivohanitra

      un ramassis de bétises dans peu de lignes...et encore je reste polie...
      Il n’y a pas que des nantis au lycée français mais aussi des enfants dont les parents se sont investi pas uniquement matériellement afin de contribuer à donner du travail aux malgaches et participer au développement économique.

      Les français dont je fais partie sont des imbéciles de vouloir contribuer à ce développement car apparemment certains crachent dans la main qu’on leur tend. Et ceux qui profitent de la misère ne sont pas les français, il faut regarder ailleurs. Mon fils français est heureusement revenu en France depuis peu et n’a pas vu cela, même s’il a vu le magasin de son père brulé et pillé. En tout cas c’est honteux de s’en prendre a des enfants et à des écoles.

      Moi je suis en France est contente d’y être mais que diriez vous si les français s’en prenaient aux ressortissants malgaches qui sont chez nous. En tout cas, je ne suis pas encore xénophobe mais il y a de quoi le devenir et j’espère bien que tous les investisseurs baisseront les bras. En fait, le mieux pour tout le monde, c’est de laisser Madagascar à son destin...advienne que pourra

    • 7 mars 2009 à 16:50 | Rivohanitra (#142) répond à morgane670303

      Pour Morgan670303

      A aucun moment je n’ai parlé des français. Il faut apprendre à lire sa propre langue.

      Je désignais ces « dignitaires » malgaches qui envoient leurs enfants dans les lycées français et laissent pourrir la situation des écoles publiques à Madagascar. Pourquoi parler de xénophobie si vous n’êtes pas habité à l’avance par de tels sentiments ? Le sujet est tout autre et on voit bien que vous n’êtes point dans le contexte. Quand on traite les enfants des autres de malfrats, on doit plutôt se cacher.
      A propos des fameuses aides que vous nous tendez soit disant, je vous le dis sincèrement gardez les ce sont les riches qui en profitent et les pauvres qui les remboursent sur leur quotidien.
      Si vous n’êtes pas venu exploitez notre pays, pendant la colonisation (mission civilisatrice ?) et aujourd’hui,si vous n’aidiez pas les dictateurs comme Ravalo à rester en place, le pays ne serait pas dans cet état de déchéance morale hérité de ces mauvais colons qui ont trop de mal à intégrer par ailleurs leurs immigrés en les traitant de racailles.
      La prochaine fois lisez bien les posts, car cela pourrait vous évitez un infarctus inutile. Encore une fois mon premier post ne s’adressait pas à des français et je n’ai nullement soutenu la méthode fasciste et colonialiste de TGV.

      Dernière chose, au lieu de vous occuper de façon perverse du développement de Madagascar,je vous propose gentiment de rester chez vous pour résoudre les problèmes des banlieues, des chômeurs et des personnes âgées qui sont délaissées et meurent de soif par négligence pendant les canicules.

    • 7 mars 2009 à 17:08 | tsy tia tabataba (#366) répond à Rivohanitra

      Bsr, à morgan670303 et rivohanitra.
      Propos toujours intéressants. Quoique vous disiez, s’en prendre à des enfants quelque soit leur classe, leur nationalité est contre la culture et la sagesse malagasy. Nous devons - quelque soit notre obédience - manifester notre mépris face à une telle irresponsabilité. Les auteurs doivent être bannis
      C’est honteux !

    • 17 mars 2009 à 11:41 | un ami de mada (#1154) répond à Rivohanitra

      Je partage dans les grandes lignes votre point de vue avec deux nuances tous les élevés et parent d’élèves ne sont pas des nantis, et j’ai du mal a me réjouir de la peine d’autrui ou même simplement d’en sourire.

  • 7 mars 2009 à 11:32 | honohono (#805)

    Andry Rajoelina et ses partisans nous étonnent un peu chaque jour. Beaucoup dit qu’on l’a sous-estimé (Andry). Mais au contraire nous l’avons trop surestimé. Simplement parce que nous avons cru qu’il aurait eu une bonne communication, des bon sens, des vertus, des principes, des bonne idées, des bon plans, un bonne ouverture, une humanité, un patriotisme, une bonne souche (si je peut me permettre)... mais nous nous somme trompé. Il était capable des plus pire...
    Désormais (apres 2002 et 2009), quand deux nouveaux personnages politiques, comme Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina, ont pu respectivement renverser et déstabiliser un grand Régime a Madagascar... il faut retenir cette citation de Nietzsche : « N’aie pas peur du grand Samouraï, mais de celui qui n’a jamais tenu un sabre ». Peut-être, simplement parce que le grand Samouraï est sage et sait se tenir au respect des règles du jeu, et l’apprenti veut tout bafouer (a la guerre comme a la guerre). Mais je tacherais de m’en souvenir.

  • 7 mars 2009 à 17:49 | Observateur (#816)

    Il n’y a tout simplement pas d’excuses pour prendre en otages des enfants ! Si l’on croit les journaux et blogs, situation similaire est arrivée à plus d’une école et est inadmissible. Aussi, mettre en avant des idées préconçues sur les classes sociales ou autre perception ou expérience personnelle comme base de justification ou de discussion en la matière est un vice de fonds de la part des « victimes » de la situation. Et qui n’est pas victime ? Bien entendu, chacun peut former sa propre opinion. Le problème reste que des groupes incontrollés (?) mettent tout en oeuvre pour semer l’insécurité et la terreur et semblent avoir été encouragés par (1) la couverture « à la une » de plusieurs média locaux et internationaux, et (2) par le manque de dénonciation ouverte de leurs actes par des autorités respectables et/ou morales. Monsieur le témoin -professeur ?-je vous encourage à envoyer votre témoignage à « Le Monde » qui ces derniers jours s’est tu (?) sur le cours des évènements. Nul ne doit être soumis au terrorisme, certainement pas des enfants, qui qu’ils soient ni où qu’ils soient. Cela est immoral et j’applaudis l’UNICEF pour l’avoir dénoncé.

  • 7 mars 2009 à 23:23 | Rivohanitra (#142)

    Il faudrait donc dénoncer avec la même colère la violence quotidienne que subisse ces enfants qui meurent de faim et qui regardent le reste de la population s’en mettre plein le ventre.
    Une violence organisée et structurelle dont on peut identifier de façon évidente les auteurs.

    La violence circonstancielle ne vous laisse donc pas indifférent, que dire de cette violence quotidienne que les enfants du bas quartier subissent tous les jours et qui les ont conduits à suivre TGV le manipulateur assassin ?

    Il ne peut y avoir deux poids et deux mesures. Certains ont même applaudi au nom de je ne sais quelle légalité quand ces M ainty du bas quartier se sont faits tirés dessus sans sommation.

    • 8 mars 2009 à 06:34 | Imahatsangy (#443) répond à Rivohanitra

      Bravo et merci à Rivohanitra pour son excellente analyse de la véritable violence institutionnalisée dont les nantis se soucient comme d’une guigne. Une violence permanente qui, tous les jours que le bon Bieu fait, tue à coup sûr et sans armes de guerre des enfants, des mères et des adultes. Ces êtres humains là n’expriment pas leurs angoisses quotidiennes, pourtant ils vivent constamment dans la peur.

      Je ne dirai pas que la peur d’un jour au LFT m’a fait sourire, je voudrai seulement que tous ceux qui ont vécu cette peur une fois dans leur vie pensent à ceux qui la vivent sans discontinuer.

      J’ajouterai que l’existence de système (éducation, santé, sécurité, niveau de vie, etc...) à deux vitesses engendre et entretient la frustration et la colère des défavorisés. Manipuler cette catégorie de la population pour satisfaire un ego hypertrophié est tout aussi criminel que de tirer sur elle pour se maintenir en place.

      Enfin, pour reprendre les propos de Morgan670303, les Malgaches ne sont ni xénophobes ni francophobes. Mais ils sont contre la politique menée et imposée par la France dans leur pays et qui, depuis un demi-siècle de soi-disant indépendance, n’a rien apporté au peuple malgache sinon plus de misère et de pauvreté. Nous ne mettons pas tout le monde dans le même panier. Il y a de bons et de mauvais Français comme il y a de bons et de mauvais Malgaches. Nous savons faire la différence.

  • 10 mars 2009 à 00:37 | rivokely (#653)

    Je crois qu’il est grand temps de changer le mot « Tananarive » (ancien nom utilisé par les colonisateurs) par le nom officiel de la ville c’est à dire ANTANANARIVO.

  • 10 mars 2009 à 08:05 | El hakim (#852)

    Rivohanitra
    Vous avez vu juste, vous avez dit juste. Votre analyse est très pertinente. Seulement, on ne peut pas reprocher à certains d’avoir de la « chance » et de se compatir eternellement avec ceux qui n’en ont pas, parce que SORTIR DE LA PAUVRETE EST UNE VOLONTE (de l’individu d’abord, puis de la famille, communauté et enfin l’Etat), sinon la création d’emploi et d’un environnement propice, entre autres choses, au profit des couches vulnérables/bas quartier (discrimintation positive) sera vain. Le fait est qu’il y a cette culture de « Vola eo no eo » qui s’est ancrée au niveau de la société(« manera », batlage, docker, « bizna » illustrent bien le cas), pauvreté étant. Ca résoud leur problème momentanément, PEUT ETRE, mais n’améliore point les conditions précaires dans lesquelles ils évoluent. Ceci étant, c’est l’« instinct de survie » qui dicte leur comportement, leur manière d’agir et de penser/raisonner. POur ces gens là, tous ces pillages, casses n’est que justice sociale (mais injustice sociale pour les autres) car ils se sentent offensés et laissés pour compte. Une des solutions que je propose pour éviter un « remake » est de capitaliser les expériences des organismes travaillant avec les couches défavorisées tels que AKAMASOA du Père Pedro, le CDA, etc. Il faut multiplier ces organismes d’encadrement, d’insertion sociale. Mais parallèlement à cela, il est d’une importance cruciale de procéder à une campagne d’éducation civique intense et surtout, d’appliquer la loi aux contrevenants, qui qu’ils soient, car ma théorie est simple « IL N’Y A PAS DE DEVELOPPEMENT SANS DISCIPLINE » (nuance avec dictature) et je suis au regret de vous dire que nous malgaches sont indisciplinés.

  • 10 mars 2009 à 22:27 | Lucie (#101)

    Les commentaires sur ce sujet montrent combien il est important de tenir compte de tous les points de vue,car chacun exprime son ressenti de là où il se trouve. Le débat ne peut qu’en être plus enrichissant pour tous et éclairer une situation d’un jour nouveau. Il n’est malheureusement pas tout à fait nouveau que la pauvreté gagne du terrain dans les couches les plus fragiles de la société malagasy.
    Ravalomanana paie aujourd’hui la coupure volontaire qu’il s’est fait de sa base.Elle se rappelle actuellement à son bon souvenir,malheureusement instrumentalisée par des aventuriers aux buts inavouables.Je condamne quant à moi,fermement toute forme de terrorrisme.Que ce soit une prise d’otages ponctuelle ou la maintenance dans un état de sous-développement physique,mental et intellectuel d’une partie de la population malagasy.
    D’aucuns ont été étonnés de l’absence de réaction rapide de l’ambassade de France devant la mise en danger (réelle ?)de ces concitoyens.
    Mais apparemment ce n’était-ce qu’un écran de fumée qui aurait permis d’évacuer Rajoelina en lieu sûr.Celà devient grandguignolesque et personne ne sort grandi de toutes ces épreuves:vivement et rapidement des solutions concrètes pour le retour à la paix et la prise en compte de toutes les insatisfactions.

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