Elle est encore plus « cute » (mot québécois qui signifie « mignon ») quand elle est en larmes. Et oui, le monde entier a été témoin hier de l’émotion de Laure Manaudou au sortir du bassin de la piscine municipale de Dunkerque où se déroulent en ce moment les championnats de France de natation. Classée troisième sur son épreuve fétiche qu’est le 400 m nage libre, la championne du monde a durement encaissé le coup. Très déçue de sa propre performance, visage fermé et yeux sombres, elle était déjà au bord des larmes en sortant du bassin. Sans lui donner le temps de souffler, ni pour reprendre ses esprits, le reporter a assené le coup fatal en lui demandant d’expliquer ce qui vient de passer. Laure Manaudou n’a pas pu aligner ses mots et est partie en sanglot. Pourtant, d’habitude, elle apparaît très à l’aise devant les cameras et les micros en répondant aux questions des journalistes. Mâles ou femelles. La vie des champions et des championnes est ainsi faite de haut et de bas. Hier, la star des bassins était dans un jour pas comme les autres. Au creux de la vague pour utiliser une métaphore aquatique.
Hors du commun
Les « grands » qui tombent en larmes ne courent pas les rues. Les larmes de Bill Clinton, ancien président des Etats-Unis d’Amérique quand il a visité l’île de Gao au Sénégal, d’où partent les esclaves pour être vendus en Amérique, resteront à jamais dans l’histoire comme étant exceptionnelles . « Elles étaient vraiment sincères, même si elles émanaient de l’homme le plus puissant du monde », se délectent tous les commentateurs. Pareillement, les larmes de George Bush quand il a visité le « Ground Zero » au lendemain de des attentats sur la Tour jumelle de la Twin Tower de New York ont bouleversé le monde entier. Le président américain n’a même pas essayé de cacher ses émotions. Tellement, il était submergé par la tristesse mêlée d’incompréhension. Pourtant, ces gens-là, ces gens qui nous gouvernent comme ont dit, ont appris à cacher leur sentiment et leurs émotions, mêmes les pus forts et les plus intimes. Ils maîtrisent les moindres tics et les petites manies. Ce qui les transforme aux yeux des communs des vivants en être insensibles et loin de leurs préoccupations. Ce qui n’est pas non plus loin de la vérité puisqu’un chef d’Etat n’a pas à s’émouvoir du moindre petit bobo d’un des millions de ses concitoyens. Ce qui, enfin, fait de leurs larmes un événement hors du commun qui nous renvoient, eux et nous, à notre humanité.
