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Editorial

Les élections sont-elles notre tasse de thé ?

jeudi 6 mai 2010 | Patrick A. |  1982 visites  | 9 commentaires 

Avertissement

Il y a des rappels qui semblent de temps en temps nécessaires. C’est presque une lapalissade de dire qu’un éditorial a forcément un rapport avec l’actualité ; mais il y a aussi une actualité très immédiate et une actualité un peu plus lointaine, que la distance soit temporelle, géographique ou thématique.

Les lecteurs fidèles auront peut-être remarqué une préférence de ma part pour la rédaction d’éditoriaux prenant un peu de recul avec l’actualité immédiate, notamment lorsque celle-ci est un peu molle. Dans la mesure où l’actualité malgache se résume essentiellement à un « andraso, andraso » [1], mieux vaut consacrer un peu de temps à nos voisins mauriciens et leurs anciens colonisateurs britanniques. Car il se trouve que tous les deux sont en plein dans des élections.

Autant dire alors que le fait d’aborder ces sujets ne doit pas être interprété comme étant la manifestation d’une préférence pour un plan A, un plan B ou un film de série Z au niveau de l’actualité immédiate de Madagascar.

Élections à suspense

Les mauriciens ont voté hier mercredi lors des élections législatives, les britanniques votent ce jour. Et dans les deux cas, le suspense est à son comble, mais les choses se passent de manière claire et plutôt apaisée. On ne peut qu’apprécier les vertus d’un système qui favorise l’émergence d’un pouvoir, d’une opposition et d’un centre, centre qui au fil des élections choisit de favoriser tantôt le pouvoir, tantôt l’opposition.

Dans les deux pays, le mode de scrutin est très fortement majoritaire. Le principe général est d’attribuer les sièges à ceux qui sont en tête dans leur circonscription, même s’ils n’obtiennent qu’une relativement faible proportion des voix. De ce fait, le découpage géographique des circonscriptions prend une très grande importance, car pour avoir une chance d’être élu, il devient de loin préférable d’être bien placé dans quelques « places fortes » plutôt que d’avoir des voix plus éparpillées dans tout le pays.

En Grande Bretagne, la troisième force politique, les libéraux démocrates, ont de ce fait eu jusqu’ici des difficultés à se faire réellement entendre sur le plan politique, car contrairement aux conservateurs et aux travaillistes, ils bénéficient de très peu de telles places fortes. Aux dernières élections de 2005, ils ont obtenu 62 sièges pour 22% des voix ; soit à peine un dixième des sièges pour plus d’un cinquième des votes. À titre de comparaison, le parti travailliste avait lui obtenu 356 sièges pour 35% des voix.

Faut-il changer le système ?

Les choses pourraient changer cette année, grâce à Nick Clegg. Il bénéficie dans une certaine mesure de la désaffection des Britanniques pour la politique après huit années ponctuées par des scandales, lui permettant d’attirer les votes protestataires. Les débats télévisés en cours de campagne électorale, nouveauté du paysage politique britannique, lui ont permis de montrer son opposition aux stratégies menées depuis des décennies par les partis de « ces deux autres » et d’obtenir une certaine crédibilité lorsqu’il parle de changer le système politique, y compris ce système électoral injuste à ses yeux. Sur les réseaux sociaux comme Facebook et Twitter, les stratégies de certains électeurs se peaufinent pour obtenir un Parlement au sein duquel ni les travaillistes ni les conservateurs n’auraient le dernier mot, les obligeant à composer avec les LibDems.

À l’île Maurice aussi, la réflexion sur le système électoral est à l’ordre du jour. Beaucoup critiquent régulièrement des découpages territoriaux qui peuvent être cruciaux en fonction des subtils équilibres ethniques au sein de l’île. Et l’on discute beaucoup des meilleures manières de corriger les effets parfois caricaturaux du système majoritaire. Un certain consensus semble se faire sur l’introduction d’une dose de scrutin proportionnel, mais les défenseurs du maintien de la nomination par une commission électorale de 8 « meilleurs perdants » au sein d’une assemblée de 70, pour assurer une répartition ethnique « équitable » n’ont pas dit leur dernier mot.

Et nous ?

À Madagascar, force est de constater que, depuis l’abandon de la première version de la Constitution de la 3è République qui gravait dans le marbre un scrutin proportionnel à plus fort reste qui est loin d’avoir convaincu, ce type de débat pourtant essentiel reste encore à faire.

Ce qui me fait questionner : les élections sont-elles vraiment notre tasse de thé ? British, of course.

Notes

[1andraso, andraso : attends, attends...

9 commentaires

Vos commentaires

  • 6 mai 2010 à 07:59 | Noue (#2427)

    Avant de faire une élection , c’est primordiale ceci :

    Le respect des autres : on ne peut pas prétendre avoir du respect pour les autres si on ne se respecte pas d’abord soi-même

    D’un autre côté, ce respect de soi-même ne doit pas motiver de ne rien accorder à autrui. on deviendrait alors un monstre d’égoïsme sous le couvert d’un faux respect de soi

    Le respect de soi permet d’en avoir pour les autres.

    Comment pourrions-nous inciter les citoyens qui s’automutilent, qui se manquent de respect à eux-mêmes, à exercer leur droit de se prendre en main et d’utiliser à leur avantage les ressources d’une société qui donne une chance égale à tous ?

    Mais comment amener les gens qui en manquent à se respecter eux-mêmes ? Comment leur faire voir qu’ils sont eux-mêmes les artisans du mépris qu’ils s’attirent ?
    Le respect des autres commence par le respect et l’estime de soi.

    Quand on jette un coup d’oeil sur les signatures faites à Maputo , à Addis-Abeba et pourtant ce sont ces signatures qui donnent à l’acte sa force particulière, ..... Si on ne respecte pas l’engagement , cela veut dire que l’ on ne respecte pas sa propre decision et par conséquent , aucune chance d’être respecté.

    On pleure pour être un président respectueux mais de l’autre coté , on ne connait même pas le respect de soi-même.

    Le drame dans tout ça c’est qu’il y en a qui crient « Au loup ! » qui se disent être abusés par d’autres par des imposteurs , qui mettent leurs fautes , erreurs sur le dos des autres mais on ne voit plus la vraie misère qu’engendre ce manque de respect.

  • 6 mai 2010 à 09:28 | makoa (#4196)

    Il n’y avait jamais d’éléction libre à Mada, et je me permet même de dire qu’elles sont la cause de la fréquence du désordre dans le pays.

    Prenez l’exemple de Ra 8, il a été élu au premier tour en 2006 avec un taux de participation avoisinnant les 35 % !! Il ne fallait pas être pasteur Mailhol pour deviner qu’il ne va pas terminer son mandat dans la mesure ou les 65 % restants qui ont boycotté cette élection sont des gens mécontents qui n’attendent qu’un leader à suivre pour le renverser (qu’il ont malheureusement trouvé en la personne perfide et vendus aux français nommé TGV)

    Les raisons de cette défection est l’assurance que les résultas seront truqués par les personnes au pouvoir. C’est ce qui entraine la communauté international à exiger une élection préparée par un gouvernement d’union nationale.

    Il faut remarquer d’autant plus que les présidents en exercice ont toujours excéllé dans l’art de changer la constitution à leurs convenances et de manipuler les résulats des élections.

    Question à 100 Ar (tellement la réponse est facile à trouver) qui veut organiser des éléctions unilatérales pour changer la constitution avec en ligne de mire les présidentielles ?

    Encore une reflexion du makoa

    • 6 mai 2010 à 11:01 | Rasoa (#1122) répond à makoa

      makoa,

      Je pense - plutôt - que les causes des désordres fréquents à Mada c’est l’INDIFFERENCE des Malagasy concernant les affaires nationales (toutes affaires confondues, y compris les éléctions).

      Les Malagasy ne se sentent pas - en général - concernés par la vie politique et s’abstiennent de participer à tout ce qui s’y rapporte. Question d’éducation ? Civisme ? NON !!

      C’est l’INDIFFERENCE

      Attendez vous toujours à un taux d’abstention très fort... « On » laisse les « autres » choisir à sa place et après « On » gueule après les résultats.

      Je dis donc,

      Ravalomanana n’a pas truqué une élection quelconque - Il n’y a que ses partisans qui sont allés aux urnes -

    • 6 mai 2010 à 13:30 | Bena (#2721) répond à Rasoa

      pour les rasoa (malagasy) et les makoa (mozambicains intégrés, eh oui, c’est ça les makoa) : un chanteur a déjà dit que « c’est toujours la même histoire, et peu à peu le bonheur se déchiriireuuu... »

      il y a ausi la rengaine qui consiste à demander à changer carrément de ... pays colonisateur, c’est plus facile.

      la réalité est ailleurs : le malagasy n’a pas d’intelligence collective. pris individuellement il est fort, mais dans l’ensemble, c’est l’individualisme encore qui l’emporte. dommage.

      solution : plan A, plan B, plan ZZzzzzz ..

    • 6 mai 2010 à 13:52 | Rabila (#1379) répond à Rasoa

      Le taux de participation est de 62% aux dernieres élections. Ce n’est pas si mal.

      On peut toujours soupçonner la sincérité du votant. Est ce qu’il vote en son ame et conscience ou s’est fait il manipulé ? La démocratie a ses failles mais on n’a pas trouvé mieux.

      Mais on peut aussi se demander si le fait de voter change quelque chose au cours de la vie individuelle et particulière de la majorité des gens. Sur les 7,5 millions d’électeurs inscrits, 80% doivent vivre avec moins 1 dollar par jour. L’avenir de la grande collectivité, la nation, ne constitue pas leur souci majeur.

      Ils vont voter mais ils ne participeront pas aux débats politiques d’avant ou aprés les élections.

      PS : résultats des élections

      http://www.hcc.gov.mg/election-2006/resultat-2006.php
      http://www.ambamad.sn/actualitemalgache4.htm
      http://democratie.francophonie.org/IMG/pdf/MADAGASCAR_RMO03122006.pdf

    • 6 mai 2010 à 14:49 | Rasoa (#1122) répond à Bena

      Et Rasoa Malagasy répond :

      C’est la faute à « Bena ôna » !

      Ny Fahendrena Malagasy milaza fa Benaôna ny vato - Ngôza be fa ngeren’ny vorona !!!!

      Izay ve ry Bena ôna ?

  • 6 mai 2010 à 16:10 | Rakotoasitera Fidy (#2760)

    Dites moi Patrick , comment se fait il que vous ne parlez point de ce qui s’est passé entre l’ambassadeur français et le professeur Rakotomanga ?

    Oh oui , comme Basile , les malagasy sont trop c.o.n.s : quand un ramassis
    de députés français s’est permis d’emettre leur ’avis’ sur Madagasikara , madame Ninah Rakotomanga n’a pas osé lever un poil pour demander des explications

    Ou alors , cet ambassadeur considère que tous les malagasy sont des poupées comme ce p’tit c.. radomelina

    Et si derrière ce fameux TSZ3R il y a un ambassadeur ??

    Qui sait ???

  • 6 mai 2010 à 16:44 | racynt (#1557)

    Les Malgaches ont pour habitude de faire des votes sanctions àl’encontre du président en exercice ou du président sortant . C’est à dire qu’on vote pour x ou y à partir du moment qu’il s’oppose à l’ancien sans même connaître les projets de développement du candidat x ou y. C’est d’ailleurs ce qui incite les président successifs à modifier la constitution à leur gré pour bien rester le plus longtemps possible sur leur trône.

  • 6 mai 2010 à 18:47 | Zafimaro (#3479)

    Et NOUS ?

    Nous avons les frantsay qui nous dragues en bas chaque fois qu’on essait de se debarraser d’eux !

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