Dans cette crise, les leaders des deux camps se réclament tous de cette « Constitution » qu’ils se sont pourtant, chacun à leur manière, employé à ne pas respecter et à fouler aux pieds : les uns pendant leurs mandats, les autres dans ce « coup d’Etat » déguisé. Ni les uns ni les autres ne peuvent, à l’heure où nous sommes, prétendre représenter la totalité de la population, voire, la majorité. Mais le plus navrant est que, cette population, que les uns et les autres reconnaissent être le sujet et l’objet de toute « vraie démocratie », est manipulée, dupée et flouée à chaque changement de régime.
Cette fois encore, puisque quelle que soit l’issue de cette crise, la Constitution, loi fondamentale du pays, sera tout au moins modifiée, sinon changée, on n’y coupera pas ! Et la population sera encore invitée à approuver ce changement, puisque telle est la règle de fonctionnement de toute démocratie. Et dans... 3 ans, 5 ans, 7 ans... rebelote ? On appelle le peuple à redescendre dans la rue... on conteste le pouvoir... on réveille les « vieux démons »... on déstabilise... on institue les forces armées en arbitre... et on prend le pouvoir ? Arrêtez...! Il est vrai que le ridicule ne tue pas, mais le pays est la risée de toute la communauté internationale et la crédibilité des hommes et des femmes politiques malgaches frise la nullité !
Il nous faut de « vrais hommes et femmes d’Etat » !
On a eu des militaires à la tête de l’Etat, on a vu ce que cela a donné... On y a mis un homme d’affaires, voilà où nous en sommes... Dans ces deux cas, tout le monde sait ce qui motive les desseins de chacune de ces catégories de personnalités : dans le premier le cas, c’est le pouvoir, dans le second, c’est l’intérêt. Un militaire, c’est « autoritaire » ; un homme d’affaires, c’est « opportuniste » ! C’est naturel, et c’est comme ça. Je ne vais pas vous citer ici les exemples, qui foisonnent à travers le monde, mais une chose est sûre : ce n’est pas propre à Madagascar.
Difficile donc, pour ce genre de personnage, de faire taire leur égo et de donner la priorité à l’intérêt général au détriment de leur intérêt personnel. Et pourtant, la prime définition d’un homme (ou d’une femme) d’Etat est bien de penser, avant tout, à l’intérêt du peuple avant les siens propres...
Maintes fois, au cours de cette crise (et des précédentes...), nous avons tous espéré un sursaut de responsabilité et de sagesse de la part des différents protagonistes, en vain... Et cela me peine réellement de le dire mais, j’ai beau chercher, je ne vois personne, dans le microcosme politique malgache actuel, une personnalité capable de « s’oublier et de réfréner ses appétits au profit de l’intérêt du peuple » !
La faute à qui ? Aux électeurs me diriez-vous ? Avec le nombre d’analphabètes et d’illettrés qu’elle compte, on ne peut pas reprocher à la population de ne pas maîtriser les subtilités du mécanisme démocratique. Et les différents régimes qui se sont succédés depuis, n’ont rien fait pour améliorer cette situation, ce serait « donner le bâton pour se faire battre », n’est-ce pas ? Pour preuve, cette fameuse Haute Cour de Justice qui existe « virtuellement » dans les textes depuis... 1996 !
Alors, qui reste ? En attendant l’avènement de cet « homme d’Etat » ou de cette « femme d’Etat » qui osera enfin mettre en place les véritables institutions démocratiques capables de servir de remparts à ses propres actes et dérives, il ne reste que les médias, la société civile et les éducateurs.
Les médias - les journalistes - dont la mission est certes dangereuse dans certains cas, mais qui constituent un des piliers de la démocratie. Ils ont la lourde charge d’éduquer le peuple dans cet apprentissage démocratique et de ce fait, méritent le soutien et la protection de la population et de la Justice (la Justice...? Eh oui... la Justice et son indépendance, on en reparlera). Cette mission noble et sacrée n’est pas sans risques, mais ce sont les « risques du métier », comme l’on dit, et si on en a peur, alors... il faut changer de métier. Le peuple attend des journalistes des éclairages pour comprendre le monde dans lequel il vit et pour lui apprendre à prendre la place qui lui est due dans la société, et face aux politiques.
La société civile, quelle que soit son domaine d’activité (économique, syndical, religieux, associatif... ) et parce que la clarté du « pacte social » et le respect des règles de vie commune garantissent sa propre liberté, se doit d’expliquer sans relâche à ses membres et à ses partenaires le rôle politique de chacun dans une vraie démocratie.
Les éducateurs enfin, parce qu’ils détiennent la faculté de former les futurs citoyens : les enfants. C’est une mission éminemment sacrée car l’avenir du pays en dépend. Ces enfants vont construire la société de demain. La paix et l’harmonie dans cette société dépendent des valeurs que leur transmettent leurs éducateurs d’aujourd’hui.
Ainsi, autant dire que nous sommes tous responsables dans cette noble mission. Encore faut-il en être conscient.
Fano Rakotoarisoa
fanorakotoarisoa@yahoo.fr
Vos commentaires
Oui,tout cela est vrai.C’est un problème de fonds qu’il faudra résoudre.Tout d’abord,nous ne faisons que copier les pays riches,nos dirigeants n’ont pas d’originalité,pas de projet de société.Nous ne savons pas profiter des progrès techniques pour faire de l’éducation des Adultes.Nous parlons de démocratie,mais combien d’élécteurs malgaches savent ce qu’il y a dans la Constitution ?Chaque candidat à tel ou tel poste ne fait que se vanter et promettre ce à quoi aspire la population.Une fois élu,il fait ce que bon lui semble pour sa propre personne,
au détriment,souvent,de la population qui l’a élu.Les pays africains anglophones sont très avancés en ce qui concerne l’éducation des Adultes.Il ne faut pas maintenir la majorité des électeurs dans l’ignorance si on veut parler de démocratie.La plupart de nos media envoient de la musique à longueur de journée.Il est ,peut-être temps de s’orienter plus vers des programmes éducatifs,sans délaisser des programmes de loisirs.Les programmes scolaires devraient contenir la formation civique
où il sera question de constitution,de démocratie,de civisme...On voit ce qui se passe dans les pays riches,leur société déraille:des gosses qui en tuent d’autres,le chacun pour soi,la vie en société n’est pas apprise dans les écoles ?!Nous avons encore la chance d’avoir une culture(celle de nos ancêtres),le fihavanana qu’il faut apprendre aux jeunes .
Sur le plan économique nous emboitons le pas des pays occidentaux,alors qu’ils sont aux abois maintenant.Nous avons beaucoup d’intellectuels qui devraient concocter quelque chose qui convient aux malgaches,compte tenu de la situation mondiale.La Chine a fait son plan il y a trente ans ;elle a envoyé
ses jeunes se former dans les pays développés ;maintenant,ces pays délocalisent vers la Chine.
Nous, nous avons beaucoup de jeunes.Il serait ,peut-être judicieux de les former pour aller travailler à l’étranger,ou bien pour faire délocaliser vers Madagascar les sociétés qui paient trop cher leurs employés dans leurs pays.C’est une idée
à prendre ou à laisser.
Pour en revenir à la situation actuelle
nous ne sommes pas à notre première crise de ce genre,nous en avons des antécédents.La solution de 1991 a calmé tout le monde.Appliquons une dernière fois cette solution en écartant ce qui n’a pas bien fonctionné.Une transition qui aboutit à des élections à l’aide d’un code éléctoral nouveau,bulletin unique obligatoire.
La transition élaborera une nouvelle Constitution non révisable avant Vingt ans ;décentralisation effective.Les postes de responsabilité sont éléctifs.
A chaque niveau,des diplômes sont exigés pour pouvoir se porter candidats,exactement comme quand on veut rentrer dans l’Administration.Les délais pour faire campagne doivent être suffisants pour permettre de visiter tout le pays.Les budgets de campagne feront l’objet de déclaration à l’organe responsable des élections..
Pour le moment sortons de la crise.Ceux qui ont tué des hommes seront rattrapé par la justice plus tard.Patience !
Tout ça est vrai. Je pense pour sortir de cette crise politique et économique, Madagascar doit trouver des hommes ou des femmes conscients que maintenant qu’il faut travailler pour le pays.Des hommes ou dess femmes qui pourraient et voudraient laisser de côté les intérêts personnels, leur soif de pouvoir.
Nous ne sommes pas exceptionnels dans le monde, mais je pense que nous avons une mentalité qui pourrait nous faire évoluer. C’était prouvé dans le passé mais hélas cela n’avait durée long temps et que dire dans l’échelle politique une dizaine d’année ne suffise pas de redresser un tel retard économique et politique.
Comme dit notre journaliste, la base c’est l’éducation mais aussi la volonté de mettre en place une cette éducation et l’accompagnement au changement
La devise malgache « atovy aloha avio mijery azy » ne me semble pas une bonne chose pour faire avancer notre pays.
Voyant ce que se passe aujourd’hui, l’opposition voudrions le pouvoir, a-t-il un plan, un projet à court ou long terme ? Je ne pense pas vraiment, je pense qu’ils vont faire comme d’habitude, la gestion de l’urgence en promettant des mondes et merveilles au peuple sans vraiment réfléchir sur le fond. Placer les hommes qu’ils semblent bon par ici et par là. Pour dire qu’ils font de la politique. Je ne l’ai condamne pas aussi car vu la situation économique et politique à Madagascar depuis 30 ans. Je pense qu’à leur place, je réfléchirai pareil. Comme si vous avez une épine sous le pied, d’abord de l’enlever puis réfléchir sur le moyen pour la guérir.
je suis vraiment très heureux de rencontrer enfin des personnes honnêtes et intègres sur ce site.
Vos analyses et constats sont justes et clairs
C’est à des gens comme vous a qui il faut confier la haute mission de mettre de l’intelligence dans ce pays .
Je ne sais comment vous aider si ce n’est qu’en vous remerciant par ces quelques lignes.
Ils serait peut être nécessaire pour vous de créer une organisation politique ou syndicale pour pouvoir avoir le relais des médias nationaux.
Enfin oui il faut faire du bruit et empêcher les vieilles habitudes de reprendre le dessus.
L’objectif est noble et mérite que les gens de bonnes volonté s’en donnent la peine.
Merci
Avez-vous reçu ma réponse que j’ai écrite tout à l’heure ou vous ne l’avez pas acceptée pour être publié .
Bonjour,
Aucun message sous votre identifiant n’a été reçu. Désolé.
MOnsieur ,
Ou avez-vous mis mon message ?
Je m’adresse au responsable du forum. Merci quand même.