Le grand poète Rado, 85 ans, se trouve depuis hier à la réanimation de l’hôpital militaire de Soavinandriana (Homi). Ce chantre de la littérature malgache et ce monument du journalisme est tellement immense que la nouvelle s’est répandue à la vitesse du son dans toute la ville dès l’après-midi. Pour preuve, des membres du gouvernement se sont rendus très rapidement au chevet de l’illustre patient. Notamment le ministre de la Santé qui, lors de sa visite, a annoncé que « le ministère prend en charge tous les frais occasionnés par l’hospitalisation. » Du coup, le pays retient son souffle. Rado, de son vrai patronyme Georges Andriamanantena, entre vivant dans l’histoire de Madagascar. Il est en quelque sorte l‘âme du pays. Une âme tourmentée par les soubresauts politique et social que l’île a connus ces cinq dernières décennies. Il a connu les années 60. Son témoignage sur cette époque est à lire dans le journal satirique « Hehy », qu’il a fondé avec son frère Célestin Andriamanantena.
Humaniste
Il est témoin des événements de 72, 75, 81, 92 et récemment 2002. Pour chaque période, en tant qu’écrivain engagé pour la justice et l’équité, il cisèle des poèmes qui lui ont ouvert les portes de l’Académie malgache en 1988. En effet, Rado est politiquement engagé auprès de la majorité. De ceux qui souffrent de l’injustice et de ceux qui s’opposent à l’oppression. Sous toutes ses formes. Sympathisant de l’Akfm, il n’a pas hésité à prendre ses distances avec le régime socialisant de la IIème République quant il est tombé dans ses errements. Mais Rado est plus qu’un poète, mieux qu’un écrivain engagé. Il est également un artiste complet. Il fait des pyrogravures, il écrit aussi des chants religieux, il excelle au piano, il dessine des croquis exquis. Bref, c’est un humaniste qui met au cœur de ses œuvres, au centre de ses préoccupations, le sort de ses compatriotes.
