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Société

Philosophie malagasy

Le Fanahy : Première approche

samedi 16 août 2008 |  3914 visites 

« Ny Fanahy no olona ». C’est Ie Fanahy qui fait l’homme. Le Père Rahajarizafy, avec
beaucoup d’autres, est convaincu, avec raison, que Ie Fanahy est au coeur de l’anthropologie malgache. Mais il n’est pas facile de fixer la signification de ce terme.

Le Fanahy n’est pas l’âme. Il est entendu que lorsque Ies missionnaires ont dû enseigner la
doctrine chrétienne aux Malgaches qui pratiquaient la religion traditionnelle, il leur fallait parler de l’âme, de son immortalité, de sa survie. Tout naturellement, ils ont traduit le mot « âme » par « Fanahy ». Le Père Job Rajaobelina, dans « Sentiments religieux des Malgaches », 1950 écrit : « Fanahy, c’est d’abord l’opération de l’esprit, comme « Aina » pour l’opération du corps. Ainsi « Hatsaram-panahy » veut dire vertu, probité. Mais plus tard, Fanahy a pris le sens de âme esprit » (p. 17).

Nous recherchons Ie sens originel de ce vocable, ce qu’il signifiait pour les Malgaches avant le christianisme. car c’est la culture propre des Malgaches que nous tâchons d’identifier. Or, sur ce point, des chercheurs divers se prononcent nettement : Ie Fanahy, ce n’est pas l’âme, « car l’âme, écrit le P.
Rahajarizafy, est cette substance immortelle dans l’être humain qui lui permet de penser et de choisir et qui Ie rend vivant, tandis que le Fanahy est tout simplement Ie moyen de penser et de réfléchir sur ce qu’on doit faire »> (Filosofia malagasy, p.7)

Siméon Rajaona, dans une communication du 3 septembre 1959, constate que le fameux proverbe a été traduit : « l’homme c’est l’âme ». Cela est vrai et même évident si l’on prend la pensée malgache dans son état actuel, fortement christianisée, mais cesse de l’être et devient discutable, si l’on se réfère à l’ancienne pensée malgache, celle d’avant l’introduction du christianisme, celle qu’on entrevoit à travers Ies proverbes et Ies données de la tradition, (p.27). Pour notre célèbre Iinguiste, Fanahy tend à faire de l’homme un être d’inquiétude qui se refuse à la stagnation.
Pour Jean Rajaonarivelo, dans un brillant article de « Civilisation Malgache », « le mot âme a des acceptions métaphysiques ou religieuses sans rapport aucun avec le sens de Fanahy, lequel n’a que des implications purement morales et psychologiques... Le mot Fanahy n’a jamais désigné autre chose qu’une faculté ou qu’un attribut, très contingent d’ailleurs, dont nous pourrions éventuellement nous servir » (p.30). Nous aurons à revenir plus tard sur ces interprétations.

Le Père Navone a publié en 1977 une très riche thèse, « Ny atao no miverina », à partir des proverbes où il écrit : « C’est sûrement autour du Fanahy que se structure toute l’anthropologie des fitenenana » (p. 169). Il ajoute : « Il parait évident que la perspective des fitenenana n’est pas d’ordre ontologique. Le Fanahy qui constitue l’homme en tant qu’homme n’est pas un principe métaphysique : le correspondant de l’âme » (p. 179). Il faut adopter d’autres pistes de recherche.

Le Fahany interpelle les chercheurs

Dans sa thèse de 1986, Jean Germain Rajoelison écrit : « Ny Fanahy no olona » n’est en fait qu’une amorce d’une description de l’homme, sous une forme concise et condensée. En effet, si on l’envisage dans un contexte plus large, on s’aperçoit qu’il se produit une constellation de figures, qui résulte de la mise en oeuvre du lexème (racine) Fanahy » (p. 193). Il faut examiner les éléments de cette constellation pour comprendre ce qu’est l’homme. La suite le montrera plus en détail.
Mikael Firinga, dans une thèse présentée à Strasbourg en 1986 a comparé le corps, I’esprit et le Fanahy malgaches avec le corps, I’esprit, « la Ruah » dans la pensée hébraïque. Nous aurons l’occasion de revenir plus amplement sur ce travail remarquable.

Le Frère Hilaire Raharilalao, dans sa thèse 1991 rééditée. Eglise et Fihavanana « Le Fanahy malgache se veut avant tout une faculté qui sous tend la vie raisonnable et consciente ; il comporte en soi en dehors de la morale classique, une valeur morale inaliénable. Le Fanahy comme à la fois essence-intelligence-conscience de l’être malgache ressort d’une intuition spéculative de la sagesse traditionnelle malgache » (p. 152). Il faudra élucider ces vues très compréhensives, en gardant à la pensée malgache sa spécificité, mais en la faisant dialoguer avec la philosophie universelle

Raymond SAINT JEAN

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