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mardi 2 décembre 2025
Antananarivo | 08h17
 

Société

Justice

L’Etat lance une offensive judiciaire contre Andry Rajoelina

mardi 2 décembre | Mandimbisoa R.

La nouvelle ministre de la Justice, Fanirisoa Ernaivo, a annoncé lundi 1er décembre sur RFI que des poursuites judiciaires visant l’ancien président Andry Rajoelina seraient engagées avant la fin de l’année. Une déclaration qui marque une étape de plus dans la stratégie du régime transitoire, déterminé à poursuivre les anciens barons de l’ancien régime.

Exfiltré le 12 octobre dernier avec l’appui de la France, Andry Rajoelina a quitté Madagascar en pleine insurrection populaire. Depuis, son entourage laissait entendre qu’il s’était établi à Dubaï. Or, selon plusieurs sources concordantes, l’ancien chef de l’État ne se trouverait plus dans l’émirat. Une information qui renforce l’idée d’une situation mouvante et d’un homme désormais difficile à localiser. Pour les nouvelles autorités, cela rend d’autant plus urgente la sécurisation du volet judiciaire avant toute éventuelle dispersion des traces financières.

« Nous sommes submergées », reconnaît Fanirisoa Ernaivo, évoquant l’accumulation de dossiers restés en sommeil sous l’ancien régime. Les enquêtes touchent des secteurs clés et sensibles. La Jirama, au cœur du mécontentement social à cause des pénuries d’eau et d’électricité, fait l’objet d’un audit. La ministre se garde d’accuser sans éléments définitifs, mais confirme que des soupçons de « détournements et de mauvaise gouvernance » pèsent sur des contrats et des circuits de décision. Des opérateurs économiques de premier plan, dont le milliardaire Mamy Ravatomanga, pourraient être mis en cause « directement ou indirectement » à l’issue de cette revue des engagements de l’État.

Autre dossier explosif : la filière du litchi. Les enquêteurs du Bianco s’intéressent à la société LTC, basée à Maurice, soupçonnée d’avoir servi d’écran à une vaste évasion fiscale. Le mécanisme décrit par la ministre aurait permis de capter la majeure partie des bénéfices à l’étranger, privant l’État malgache de devises et de recettes fiscales substantielles. Le dossier est désormais instruit en coopération avec le parquet national financier français et les autorités mauriciennes, après une relance à Madagascar fin octobre.

La justice malgache relance aussi l’enquête sur l’immatriculation de cinq Boeing 777 livrés clandestinement à la compagnie iranienne Mahan Air, malgré les sanctions américaines. Fanirisoa Ernaivo affirme que Mamy Ravatomanga aurait perçu plusieurs millions d’euros pour faciliter ces immatriculations provisoires, et que les investigations se poursuivent avec l’appui de Maurice et du FBI.

Dans ce climat d’offensive anticorruption, la ministre insiste sur la méthode : pas de mandat d’arrêt international sans procédure préalable. Mais le calendrier est clair. «  Y compris Andry Rajoelina », martèle-t-elle, en promettant une mise en cause rapide de tous les responsables présumés. En arrière-plan, le régime transitoire joue aussi sa crédibilité : prouver que le changement de pouvoir du 12 octobre ne se limite pas à une alternance politique, mais inaugure une rupture judiciaire attendue par une population exaspérée par l’impunité et les scandales à répétition.

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