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Editorial

« La lutte continue »

vendredi 18 janvier 2013 |  3947 visites  | Patrick A.

Depuis le mardi 15 janvier 2013 à 20 heures 12, une sorte de douce euphorie plane sur Madagascar. Certes, tous les problèmes ne sont pas réglés, loin de là, et l’on gardera bien évidemment à l’esprit que les rebondissements et surprises n’ont pas été rares au cours des quatre dernières années. Mais pour une fois que les surprises sont bonnes, il serait de mauvais aloi de bouder son plaisir.

Et puisque cela fait aussi longtemps qu’on n’a pas goûté au plaisir, l’on se dit : pourquoi ne pas prolonger celui présent ? Une fois que l’on s’est un peu frottés les yeux pour s’assurer que l’on ne rêvait pas, c’est comme un grand espace vierge qui s’ouvre à partir du moment où les deux hommes à l’origine de la crise ne sont plus au centre de toutes les préoccupations. Nombre de ceux qui étaient complètement dégoûtés de la vie publique s’y intéressent à nouveau un tant soit peu, et l’on sent que les bonnes volontés ne demandent qu’à se manifester. Tant mieux, car au rythme où allaient les choses, la politique malgache allait devenir la chasse réservée de ceux qui jouent les mariols (ou les Mailhol, ce qui me semble à peu près la même chose).

Beaucoup de questions se portent alors sur les candidats aux élections présidentielles, que ceux-ci soient déjà déclarés ou non. Qui sera candidat ? Y aura-t-il pléthore en la matière ? Qui aura réellement des chances de l’emporter ? Les candidatures « de témoignage » auront-elles réellement du sens, ou ne feront-elles qu’embrouiller les cartes ? Qui soutenir ?

Toutes ces questions sont assurément pertinentes, mais elles ne doivent pas en écarter une autre sans doute plus importante encore : comment empêcher que celui ou celle qui sera élu(e) dans quelques mois, et ceux qui seront contraints de se retrouver dans le rôle d’opposants, puissent nous emmener dans une nouvelle crise, peut-être encore plus grave ? Les ingrédients qui ont permis les abus et les accès de violence de la période 2008-2013 n’ont pas disparu. Bien au contraire, deux éléments accroissent considérablement les risques : la multiplication des armes à feu en circulation, et l’existence d’une nouvelle démonstration que le plus culotté peut l’emporter dès lors que l’opinion publique est divisée.

La solution ne peut passer que par une prise de conscience que c’est la conception même du poste de Président de la République qui est à revoir. En l’état actuel, ce poste rend aisément aveugle et mégalomaniaque. La sociologie malgache n’aide nullement, car la tradition incite à se plier aveuglément à la hiérarchie et à se montrer révérencieux envers les détenteurs d’autorité.

« L’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts, mais d’institutions fortes », disait l’autre. Plutôt que de rejoindre avec empressement le fan club de X ou de Y, certaines des bonnes volontés malgaches qui ne demandent qu’à se manifester feraient bien de se demander si elles ne devraient pas plutôt chercher à organiser une véritable société civile nationale, c’est à dire sans ambition politique autre que de veiller à ce que les institutions soient saines. C’est en tout cas la question sur laquelle nous les invitons à se pencher.

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