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Dossier

Rapport Etat - Eglise

La force du catholicisme à Madagascar

vendredi 25 mai 2007 | Alexandre L.

Depuis la dernière Conférence des Evêques de Madagascar, la « guerre » semble déclarer entre l’Eglise catholique et l’Etat. Si certains partisans du régime, en tête le Chef de l’Etat, dénoncent une ingérence, d’autres y voient une continuité dans les actions entreprises par l’Eglise depuis sa présence dans l’Ile.

On le sait, on le connaît, on l’a commenté : lors de l’accession du Président Ravalomanana au pouvoir en 2002, les églises, en particulier, celle catholique, ont été l’un de ses principaux soutiens. Les relations étaient plus qu’étroites. D’ailleurs, déjà à cette époque, beaucoup parlent d’ingérence. Mais étant donné que c’est au bénéfice du régime politique, aucune réaction officielle n’est venue. L’arrivée de l’actuel Archevêque d’Antananarivo change les donnes. C’est un homme qui n’est pas toujours familier aux jeux politiques tels qu’on le connaît dans la capitale. D’ailleurs, ses origines sociales ont très peu de choses à avoir avec le Président. L’un est originaire de l’Imerina, l’autre du Betsileo. L’un fait partie des dirigeants des Eglises protestantes, l’autre est à la tête de la puissante hiérarchie catholique.

D’ailleurs, beaucoup se posent des questions sur l’avenir du FFKM. Le protestantisme va rester, sans doute, derrière son vice-président alors que le catholicisme flirte ouvertement avec l’opposition. Le premier coup a été donné lors des critiques de la Conférence des Evêques de la tenue « non opportune » du référendum du 4 Avril dernier. Et à cette période, beaucoup d’observateurs ont vu que les cadres catholiques se sont mis à lancer des piques en l’endroit du pouvoir. Plus d’uns expliquent même le fort taux d’absentéisme par cette position de l’Eglise. En l’absence d’une étude de sociologie électorale, on peut toujours avancer l’idée qu’étant donné la force du catholicisme, ses critiques auraient eu un impact considérable sur l’électorat. D’ailleurs la géographie électorale semble bien corroborer cette idée dans la mesure où les régions à forte implantation protestante comme celle d’Antananarivo ont voté massivement pour le « Oui ». Par contre, là où les structures catholiques sont fortement présentes, le « non » a gagné des substantielles voix.

Ainsi, l’expulsion du Père Sylvain Urfer n’est que la partie visible d’une situation de rupture entre le pouvoir et l’Eglise. Révélateur du malaise, elle consacre également la fin de l’idylle du retraité de Besalampy.

Une force politique exceptionnelle

L’implication directe du catholicisme dans la vie politique malgache ne date pas d’aujourd’hui. Déjà pendant la période coloniale, elle était omniprésente. D’abord, considéré comme l’allié naturel du colonialisme, la hiérarchie catholique a dû mener une activité militante aux côtés des nationalistes pour se débarrasser de cette image. Il en résultait une entrée massive des structures catholiques dans les luttes politiques. Le défi, c’est de dissocier l’avenir de la foi à celle de la colonisation. Autrement dit, il s’agit de pérenniser l’Eglise au-delà des éventuels changements de régime.

Les années 1950 constituaient, sans doute, le moment fort de ce catholicisme politique. Le summum est l’élection de Rakotonirina Stanislas comme premier maire Malgache de la capitale. Un succès dont les origines sont à rechercher dans le soutien massif des structures de l’Eglise. A partir de ce moment, tous les dirigeants malgaches ont toujours eu l’œil avisé sur la position du catholicisme dans leur programme politique. Désormais, il devient un acteur majeur de la vie politique et possède toutes les structures et infrastructures ainsi que l’autorité morale pour influencer l’opinion. L’ancien président Ra-tsiraka en a fait l’expérience en 1991. L’ancien élève des Jésuites s’est brouillé avec ses maîtres. Résultat : le « mur de Jéricho » est tombé.

De ces considérations, plus d’uns se demandent maintenant sur l’avenir de l’actuel régime.

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