
La grève des agents technico-commerciaux (ATC) continue à la Jirama. Après l’échec de la conciliation et de la médiation, l’affaire est portée devant le Conseil d’arbitrage. Les deux parties attendent la convocation de ce conseil dont le verdict sera rendu en premier et dernier ressort. Hier, par une interview exclusive accordée à Madagascar Tribune, le directeur général de la JIRAMA, Bernhard Ronahn a apporté sa version des faits et a répliqué aux
« allégations » des grévistes. (Interview).
• Madagascar Tribune (MT) : Monsieur le directeur général, où en est actuellement cette grève des employés de la JIRAMA de Tana ?
– Bernhard Ronahn : « 20% des ATC des six agences de la Jirama d’Antananarivo se sont mis en grève depuis le 21 mai. Ils contestent la note de rotation prise par la direction générale dans un souci d’amélioration de la qualité des services au niveau de la société. Toutes les voies légales de recours pour trouver un consensus sont presque épuisées. La conciliation et la médiation ont échoué. La direction générale vient de saisir la Conseil d’arbitrage, la dernière voie de recours légale ».
• Les meneurs de grève accusent la direction générale de refuser le dialogue. Est-ce vrai ?
– « La Jirama est toujours ouverte au dialogue. Des réunions ont eu lieu le 5 et le 7 mai 2008 à l’interne pour expliquer le bien-fondé de la rotation. Aucun consensus n’a été trouvé et les grévistes ont porté l’affaire devant le ministère du Travail. Lors de la conciliation du 14 mai et de la médiation du 23 mai, les deux parties ayant gardé leurs positions respectives, aucun consensus n’a encore été obtenu et l’affaire est désormais portée devant le Conseil d’arbitrage ».
• Ces agents contestent cette fameuse note de rotation. Qu’en dites-vous ?
– « La rotation est légale, et ce, en vertu même du contrat de travail individuel, dûment signé par chaque agent, qui stipule que « la JIRAMA peut envoyer tout agent dans n’importe quel lieu du territoire, à tous moments, pour nécessité de service ». La Jirama a décidé de faire la rotation des agents tehcnico-commerciaux car c’est dans l’intérêt de ses employés, de ses clients et du pays en général ».
• Avec cette rotation, ces agents réclament une indemnité de déplacement. N’est-ce pas légitime pour un agent qui habite à Analamahitsy alors qu’il est « affecté » à l’agence de Tanjombato ?
– « Chaque agence dispose d’une caisse pour ce genre de dépenses. L’employeur est toujours prêt à renforcer les mesures d’accompagnement de la rotation. Après confirmation au poste, après six mois de période d’essai, ces ATC vont bénéficier d’un changement de catégorie professionnelle ainsi que augmentation de leur salaire de base d’environ 17% ».
• Les clients de la JIRAMA craignent une double facturation avec cette grève des releveurs qui font partie de ces ATC. Pouvez-vous les rassurer ?
– « Ils n’ont rien à craindre. Les activités de la JIRAMA se déroulent normalement avec le renforcement par d’autres agents venant des autres directions techniques. Le recouvrement, le relevé et la facturation ne sont pas affectés par la grève. Aussi n’y aura-t-il pas de double facturation (sur 2 mois) pour le prétendu manque de relevé. Le dépannage continue normalement car les dépanneurs n’ont pas fait l’objet de rotation et ils travaillent. J’en profite pour rectifier que le nombre réel de grèvistes ne représente que 22% de l’effectif total des ATC. »
• Les grévistes se plaignent de la suspension de leur contrat de travail. Ont-ils raison ?
– « La direction générale a pris cette mesure dès le début de la grève. Cette mesure est tout à fait légale. L’article 229 du code de travail autorise la suspension du contrat de travail pendant la durée de la grève ».
• Les meneurs de grève disent avoir reçus des menaces de la direction générale. Est-ce vrai ?
– « C’est faux. Le droit de grève est légalement reconnu sous réserve du respect des procédures. La nécessité de préavis a été respectée par les grévistes. Par contre, nous sommes là pour prendre les mesures qui s’imposent en cas de débordements qui pourraient perturber le fonctionnement normal de la société ».
• Est-ce vrai que la JIRAMA procèderait à un licenciemement massif en 2009 où un nouveau contrat de gestion serait signé ?
– « L’employeur n’envisage pas de mesure de licenciement après l’achèvement de la grève, d’autant plus que la loi interdit cette mesure ».
Recueilli par RAJAOFERA Eugène