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Société

Ivato

La « 5 étoiles » brûle, 10 Chinois asphyxiés

mardi 23 décembre 2008 | Franck Raj
Le joyau n’a pas trop souffert de l’incendie.

Hier matin vers 10h, un branle-bas de combat a secoué Ivato entier et particulièrement les soldats de feu. Un nuage de fumée noire et grise enveloppait le bel immeuble en finition et prévu accueillir le Sommet africain en 2009. Une menace d’un incendie généralisé planait sur les lieux. Gyrophares allumés, les véhicules d’incendie se frayent un passage sirène hurlante au milieu d’une cohorte de badauds qui bordent le chemin menant vers l’endroit du sinistre. Et pour cause, un court-circuit localisé dans le second sous-sol du haut immeuble serait à l’origine de la catastrophe. L’on dénombre au moins 10 asphyxiés, tous des ouvriers chinois bloqués et donc asphyxiés dans les étages supérieurs par l’épaisse fumée. Par ailleurs, des matelas éponge ainsi que des plaquettes de bois stockés dans le 2ème sous-sol de l’hôtel 5 étoiles ont été complètement dévorés par les flammes.

Brancard

A cet effet, plus d’une dizaine de camions-pompe et autres destinés à secourir les victimes ont été mobilisés. Les pompiers de l’Asecna ont conjugué leurs efforts avec ceux des sapeurs de Tsaralàlàna. Il leur a fallu presque une heure afin de venir à bout du feu. « Le feu n’a pas été éteint complètement éteint (au moment où nous quittons les lieux à midi) mais le danger n’est finalement écarté qu’à partir de 10h30 ce lundi matin », d’après le colonel Andrianaivo Jaona. Le premier ouvrier chinois souffrant d’asphyxie grave fut sorti pantelant de l’immeuble et sur le brancard de ses camarades vers 10h15. Puis, il y a eut un second, ensuite un autre et ainsi de suite. Sur place, l’on notait la venue de hautes personnalités de l’Etat, notamment le Premier ministre Charles Rabemananjara. Ce dernier a précisé que « les dégâts seront réparés à compter de ce jour même ».

- Wu Ruidi : « Les travaux seront terminés à temps »

« Nous allons procéder à l’évaluation des dégâts puis après nous allons passer commandes en Chine des matériels endommagés. Un avion spécial sera affrété par notre pays pour les transporter ici. Nous ferons tout pour que les travaux soient finis à temps. Rassurez- vous, ils seront terminés avant le début du Sommet des chefs d’Etats africain ici en juillet 2009. » Ces propos sont de l’ambassadeur de Chine à Antananarivo, venu hier sur les lieux du sinistre dans la foulée des membres du gouvernement malgache. En dépit de son statut, le diplomate est entré dans le rez-de-chaussée de l’immeuble en construction pour constater les dégâts et aussi pour venir en aide à ses compatriotes, paniqués par le feu. Aussitôt sorti des décombres, Wo Ruidi a été prié par Charles Rabemananjara de donner un point de presse aux journalistes présents à Ivato.

- « Nous sommes jaloux de nos acquis et de nos biens », dixit le premier ministre

Les autorités conduites par le Premier Ministre.

Le Premier ministre Charles Rabemananjara est le représentant de l’Etat venu constater la situation sur place. Pour lui, tous les citoyens sont responsables devant de telle catastrophe. Il a fait indiquer que le danger est écarté et l’incendie n’aura pas de conséquence sur la construction. Par ailleurs, il a assuré que les avions atterriront dès aujourd’hui même pour transporter les matériaux nécessaires pour remplacer ceux qui sont détruits. Il assurait également que nous avons le droit d’être jaloux de nos acquis et de nos biens. Donc, nous avons le devoir de nous entraider. Le chef du gouvernement était accompagné par des personnages influents de la nation tels le ministre des Affaires étrangères, Ranjeva Marcel ou M.Talbot Alexis, le directeur général de la police.

- Sinoa-gasy : Un véritable tour de Babel

Un véritable charabia a règné à Ivato.

L’incendie d’hier matin à l’hôtel international d’Ivato illustre la difficulté pour se communiquer à cause de la différence des langues. Le chantier est ainsi devenu un véritable tour de Babel où personne ne comprend plus personne quand tout le monde se met à crier. Sur le terrain donc, il y eut parfois sinon souvent des malentendus entre Malgaches et Chinois, seuls habilités à avoir l’accès dans l’immeuble. Si bien que l’on parle d’un véritable blocage dans la conduite des opérations de sauvetage des ouvriers bloqués à l’intérieur de l’immeuble. Un officier de gendarmerie ou celui des sapeurs-pompiers, on ne savait pas trop tant leurs uniformes sont presque identiques, hurlait par exemple à la face d’un chef de chantier chinois pour que ce dernier libère un passage. Ce dont celui-ci oppose un refus d’obtempérer.

Mandarin

En réalité, que dalle un mandarin sait d’un « Azafady ramose ! » que l’autre n’a cessé de lui assener, encore moins de sa question autoritaire et finalement incongrue du genre « Mahay teny gasy ve ianao sa tsia ? » ou littéralement « comprenez-vous le malgache ou non ? Effectivement, tout ça, c’est du « chinois » pour le Mandarin qui se trouve en face de lui. Mais en général, le problème réside dans une incompatibilité et d’un manque de synchronisation des mouvements. « Cela’aurait été plus facile d’organiser les secours si les Chinois ne s’agitaient pas tellement. Solidaires et obstinés, on ne peut rien contre ces derniers quand ils entreprennent une chose ! », raconte encore un secouriste. Et en dépit des ordres du chef du gouvernement d’évacuer les lieux pour tout individu non- essentiel aux opérations de secours, les Chinois ont littéralement envahi la zone de danger pour porter secours à leurs camarades encore sous l’épaisse fumée et se trouvant au deuxième sous-sol.

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