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Editorial

L’engrenage de la pauvreté

lundi 30 juillet 2007 | RAW

Jeanne est dans le pétrin. Elle ne sait plus quoi faire. Sa fille unique pour laquelle elle a tout enduré n’a pas réussi son examen. Son entourage s’interroge tout de même en quoi la réussite ou non à cet examen aurait été d’un secours quelconque à Jeanne. Car son vécu quotidien a toujours été précaire. Au cas où sa fille aurait réussi au BEPC et aurait été admise en classe supérieure, les dépenses ne feront qu’augmenter car elle va devoir suivre ses études dans un lycée. L’assistance scolaire ou le genre de bourse scolaire aux nécéssiteux ne sont pas fréquents dans le pays. Dès lors les besoins de sa fille n’auraient pu qu’aller croissants en même temps.

Domestique auprès d’un ménage de la capitale, Jeanne perçoit certes régulièrement un salaire. Mais celui-ci est tellement minable qu’elle a du céder depuis près de trois ans aux offres de services des connaissances de « ses patrons » pour arrondir ses revenus. Ils lui trouvent un client pour son corps/sexe sur rendez-vous et ils se font payer soit en nature soit en numéraires. En fait, les revenus de Jeanne sont partagés entre la scolarisation de sa fille, le loyer, les « trosa » ou les dettes et les redevances qu’elle doit à son « protecteur » qui lui a trouvé le job et à ses démarcheurs de sexe. Les questions alimentaires, vestimentaires et sanitaires ne figurent nulle part dans son budget. Tout compte fait, elle vit au jour le jour, au gré des sollicitations de ses « petits patrons ». Elle ne peut changer quoi que ce soit car elle n’a aucune emprise sur quoi que ce soit.

Le cas de Jeanne est vraisemblablement exemplaire et exprime ce que d’autres filles-mères ou femmes célibataires, voire d’autres couples, endurent. À beaucoup d’égards, de telles situations s’apparentent à des travaux forcés ou à de la traite. C’est banal diront nombre d’entre nous mais cette traite n’est pas moins un énorme problème.

La lutte contre la traite d’esclaves sexuels fait ces derniers temps l’objet d’intenses tapages médiatiques et de campagnes de dénonciations. Mais le trafic de travailleurs ne fait pas l’objet d’aucune enquête crédible. De plus, ce qui constitue du travail forcé n’est pas clairement défini admettent des organismes internationaux et il y a souvent peu de mesures de protection des victimes.

Sur le plan international on se souvient de quelques cas de travailleurs malgaches au Liban ou ailleurs. « Les lois de parrainage donnent aux employeurs des pouvoirs exorbitants sur leurs employés », a-t-on retenu des propos de quelques observateurs internationaux. Les employeurs confisquent souvent les passeports et autres pièces d’identité, ainsi que le billet d’avion, des employés victimes de la traite. La servitude pour dette augmente également. « Les pays de destination ont beaucoup à faire pour accorder des droits aux travailleurs migrants, et les pays d’origine doivent prendre des responsabilités élémentaires pour leurs citoyens. »

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