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Culturel

Plaisirs et sensations

L’autre face que nous procurent le poème et la peinture

vendredi 30 novembre 2007

Les hommes ont le même but mais comme ils ne sont pas organisés pareillement, ils ne cherchent pas tous les mêmes plaisirs. « Que le mérite principal des poèmes et des tableaux consiste à imiter les objets qui auraient excité en nous des passions réelles, les passions que ces imitations font naître en nous ne sont que superficielles ».

Quand les passions réelles et véritables qui procurent à l’âme ses sensations les plus vives ont des retours si fâcheux, parce que les moments heureux dont elles font jouir sont suivis de journées si tristes, l’art ne pourrait-il pas trouver le moyen de séparer les mauvaises suites de la plupart des passions d’avec ce qu’elles ont d’agréable ?

L’art ne pourrait-il pas créer, pour ainsi dire, des êtres d’une nouvelle nature ? Ne pourrait-il pas produire des objets qui excitent en nous des passions artificielles capables de nous occuper au moment où nous les sentons, et incapables de nous causer dans la suite des peines réelles et des afflictions véritables ?

Discipline des intellectuels ?

La poésie et la peinture en viennent à bout. nous ne prétendons pas soutenir que les premiers peintres et les premiers poètes, ni les autres artisans, qui peuvent faire la même chose qu’eux, aient porté si loin leur idée, et qu’ils se soient proposé des vues si raffinées en travaillant.

Les premiers peintres n’ ont songé peut-être qu’à flatter nos sens et notre imagination, et c’est en travaillant pour cela qu’ ils ont trouvé le moyen d’exciter dans notre cœur des passions artificielles.

C’est par hasard que les inventions les plus utiles à la société ont été trouvées. Quoi qu’il en soit, ces fantômes de passions que la poésie et la peinture savent exciter en nous émouvant par les imitations qu’elles nous présentent, satisfont au besoin où nous sommes d’être occupés.

Les peintres et les poètes excitent en nous ces passions artificielles, en nous présentant les imitations des objets capables d’exciter en nous des passions véritables. Comme l’impression que ces imitations font sur nous est du même genre que l’impression que l’objet imité par le peintre ou par le poète ferait sur nous : comme l’impression que l’imitation fait n’est différente de l’impression que l’objet imité ferait, qu’en ce qu’ elle est moins forte, elle doit exciter dans notre âme une passion qui ressemble à celle que l’objet imité y aurait pu exciter. La copie de l’objet doit, pour ainsi dire, exciter en nous une copie de la passion que l’objet y aurait excitée.

Une impression qui s’efface rapidement

Mais comme l’impression que l’ imitation fait n’est pas aussi profonde que l’impression que l’ objet même aurait faite, d’autant qu’ elle ne va point jusqu’à l’âme pour laquelle il n’y a pas d’illusion dans ces sensations, elle s’efface bientôt.

Cette impression superficielle faite par une imitation, disparaît sans avoir des suites durables, comme en aurait une impression faite par l’objet même que le peintre ou le poète ont imité.

On conçoit facilement la raison de la différence qui se trouve entre l’impression faite par l’objet même et l’impression faite par l’imitation. L’imitation la plus parfaite n’a qu’un être artificiel, elle n’a qu’une vie empruntée, au lieu que la force et l’activité de la nature se trouvent dans l’objet imité. C’est en vertu du pouvoir qu’il tient de la nature même que l’objet réel agit sur nous.

Voilà d’ où procède le plaisir que la poésie et la peinture font à tous les hommes.

Voilà pourquoi nous regardons avec contentement les peintures dont le mérite consiste à mettre sous nos yeux des aventures si sombres, qu’elles nous auraient fait horreur si nous les avions vus véritablement, car comme le dit Aristote dans sa poétique : « des monstres et des hommes morts ou mourants que nous n’oserions regarder ou que nous ne verrions qu’avec horreur, nous les voyons avec plaisir imités dans les ouvrages des peintres. Mieux ils sont imités, plus nous les regardons avidement
 ».

Il en est de même des imitations que font la poésie et la peinture.

Recueilli par Daddy R.

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