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Editorial

Je vous en voeux

samedi 29 décembre 2012 | Citoyenne Malgache
Et quand nos regrets viendront danser
Autour de nous, nous rendre fous,
Seras-tu là ?

[Michel Berger]

Nous ne nous connaissions pas. Puis le (hasard du) coup d’État a fait croiser nos chemins. Je n’avais rien demandé, mais vous êtes entrés dans ma vie. Nous avons enduré le même soleil et les mêmes pluies de Mahamasina, d’Ankorondrano, de Iavoloha ou d’Ivato. Nous avions éprouvé les mêmes peurs face aux tirs et aux lacrymogènes d’Ambohijatovo ou de Fort-Duchesne. Nous avions commenté les mêmes articles. Nous nous sommes retrouvés sur les mêmes blogs.

Vous m’aviez lu, je vous avais lu. Je vous avais apprécié, parfois beaucoup, parfois un peu. Parfois pas du tout. Ça arrive. Nous ne supportions pas tous le même camp, mais nous étions tous contre le vol de notre État. Nous étions solidaires et nous rêvions qu’un jour, à force d’écrire et de manifester, on nous le rendra notre État... de droit. Notre état de droit.

Et quatre années se sont passées déjà. Tout ce que nous avions craint est maintenant arrivé. Vie de corruption, destruction de nos patrimoines naturels, économiques... Il n’y a plus de règles, sauf celles de l’argent et des armes. Même le code de la route est devenu facultatif. Ils nous avaient volé notre État, et ils nous en ont donné d’autres. État défaillant. État voyou. État spectacle.

Les chiffres disent que nous sommes de plus en plus pauvres. Mais il n’y a jamais eu autant de nouvelles voitures ni autant de nouvelles constructions qu’en ce moment. Dans les bureaux ministériels, il n’y a jamais eu autant de photos du président, de nouveaux salons pour chaque nouveau responsable. Ils montent en grade, ils font des stades et des rugbymen fonctionnaires. Et nous, nous payons sans broncher.

Et nous, nos enfants ne retrouvent plus le chemin de l’école. Nous sommes toujours à la recherche d’un emploi. Nous ne faisons pas que parler de l’insécurité, nous veillons toutes les nuits à l’affût du moindre bruit suspect. Nous comptons les victimes des attaques souvent armées, chez nos voisins, nos collègues ou chez nous. Même les routes tuent de plus en plus.

Aujourd’hui, les héros sont fatigués. Un à un, vous avez quitté ma vie. J’ai quitté la votre. La crise nous a rapprochés et elle nous a séparés. Nous sommes retournés à nos survies, à nos silences, à nos indifférences, à nos autres luttes de la vie. Ils le savaient. Tout se passe exactement comme ils l’avaient prévu. Cela leur a juste pris plus de temps. Plus de gens. Plus d’institutions.

Maintenant on nous promet des élections. Mais dans une élection, on a un choix à exprimer. Et ce choix, on est aussi en train de nous le voler. On nous promet des élections libres où en vérité, on nous « forcera » librement à choisir. Pour faire semblant. Oui, pour faire semblant. Et le prochain État sera semblant.

O citoyens… Votez, subissez et pleurez sur votre rêve de démocratie, car le coup a été fatal. Nous ne sommes plus que spectateurs de notre effondrement. Et un jour, nos regrets viendront danser autour de nous, nous rendre fous

Malgré tout, je vous en vœux… à vous tous…mes meilleurs, beaucoup et sincèrement car demain sera un autre jour… 2013 sera une autre année…

P.-S.

Quelle année sera 2013 ?

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