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Editorial

« Hetra isan’olona »

jeudi 13 mars 2008 | R. C.

Promis par le pouvoir, le retour au « Hetra isan’olona » fait son chemin. Ainsi, les activités et les revenus des artistes, des producteurs ainsi que ceux des paysans vont désormais être taxés et imposés. L’intention reste louable et mérite même d’être encouragée. Combien de millions d’ariary l’Etat escompte-t-il faire rentrer dans ses caisses ? De quels moyens dispose-t-il pour y parvenir ? Est-ce que les ressources humaines sont suffisantes pour un recouvrement maximum ? La loi est- elle adaptée à ce nouvel effort fiscal ? Les musiciens, les chanteurs, les choristes seront- ils les seuls concernés ? Qu’en est- il des artistes peintres, des auteurs, des poètes, des photographes, des plasticiens, des chorégraphes, des acteurs, des compositeurs, des sculpteurs, des humoristes, des aquarellistes, des animateurs, des caricaturistes, des interprètes, des écrivains, des « mpihira gasy », des « mpanao vako-drazana », etc. Autant d’interrogations dont les réponses sont à chercher dans la détermination des agents du fisc à renflouer les caisses de l’administration. Pour l’heure, les chanteurs et les chanteuses perdent la voix devant le « hetra isan’olona » Ce qui n’empêchent pas certains d’entre eux de grincer des dents. Tels Samoela et Voahangy qui s’en étranglent. D’autres réagissent mollement à la mesure.

Passé colonial

S’agissant du milieu rural, le « hetra isan’olona » rappelle malheureusement le passé colonial. Tout le monde le fuit dans les forêts, dans les grottes et dans les cachots aménagés spécialement sous les bananiers. Aujourd’hui, les paysans sont moins lotis qu’hier d’où l’exode rural. C’est une manière de dire que quel que soit le taux d’imposition, ils vont s’y soustraire autant que faire se peut. D’autant que la communication et l’information font énormément défaut sur le sujet. Pourtant, une fois encore, soumettre tous les citoyens sous la capitation est une bonne initiative visant la justice fiscale. Si tant est que tout le monde paie selon sa capacité contributive. Ce qui ne semble pas être le cas. Les plus gros contributeurs continuent de jouer à cache-cache avec l’administration fiscale en dissimulant les vrais chiffres de leurs exploitations. Nombre d’entre eux ont recours d’ailleurs au service des meilleurs fiscalistes du pays pour tromper le fisc. Celui- ci fait semblant de ne rien savoir et laisse ainsi s’évaporer des milliards ! Pour autant, ce pactole n’est pas perdu pour tout le monde. De temps en temps, il tape du poing sur la table en épinglant des contribuables indélicats. Mais globalement, les contrôles fiscaux sont réservés aux entreprises taxées d’adversaires « politiques » du régime en place. De même, des largesses fiscales sont accordées aux « alliés » du pouvoir. Quelques uns en ont profité et ont construit leurs fortunes grâce à ces passe-droits. Véritable sport national, les évasions fiscales restent une pratique qui gangrène l’économie nationale. De peur de se faire amputer des « aides budgétaires » des bailleurs de fonds, l’Etat a décidé racler les poches des artistes et des paysans pour joindre les deux bouts. D’où ce retour en sourdine du « hetra isan-dahy » dont les conséquences politiques sont imprévisibles.

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