Le match entre l’Ajesaia et l’équipe mozambicaine s’est finalement déroulé sans problème avec le résultat qu’on connaît. Toutefois, il nous paraît essentiel d’en revenir au « rotaka » de dimanche dernier. En effet, outre la non-réalisation de la rencontre qui a été la raison directe de cette émeute et de ces actes de vandalisme, il ne faut pas minimiser le sentiment de frustration qui a été le catalyseur du mouvement. Non pas la frustration du non-match mais la frustration que la majorité de la population subit au quotidien.
Frustré, comment ne pas l’être quand le pouvoir d’achat de tous les ménages s’effrite davantage chaque jour. Comment également ne pas l’être quand on constate que des travailleurs, à l’Assemblée nationale ou au sein du Faritany, sont mis à la porte alors que le maître-mot de ce régime était « un malgache, un emploi ».
Frustrés également ces milliers de malgaches qui triment chaque jour pour une assiette de riz alors que ces princes qui les gouvernent étalent indécemment des richesses à jamais hors de portée de leur revenu, dussent-ils travailler toute leur vie.
Comment ne pas être frustré quand on lit dans un quotidien qu’un ressortissant étranger dirigeant d’une société ou d’une entreprise malgache touche des dizaines de millions par mois, des millions payés par les abonnés pour le cas de la JIRAMA. Enfin, comment ne pas l’être quand au sein d’un même établissement, deux personnes faisant le même travail sont différemment rémunérés, comme se plaignent les enseignants d’une école privée à Mahajanga. Un cas qui n’est pas unique, soit dit en passant. Pire, il existerait même des cas où un supérieur hiérarchique toucherait beaucoup moins que ses subordonnés.
Le coup de colère de dimanche dernier était peut-être l’expression de toutes ces frustrations que l’étincelle d’un match non-réalisé a enflammée. A chacun d’en tirer les conclusions qui s’imposent, et comme le dit la Bible, « Malheur à celui par qui le scandale arrive ».
