La preuve est maintenant faite que Ravalomanana Marc n’est pas un francophobe. En tenant son double pari d’organiser à Antananarivo le sommet de l’Union africaine en 2009 et celui de la Francophonie en 2010. Autrement dit, le chef de l’Etat malgache n’est pas un anti- français, comme ses détracteurs de la première heure l’ont voulu faire croire depuis qu’il est entré en politique en 1999. Curieusement d’ailleurs, ce sont ceux- là même qui l’accusent aujourd’hui de dilapider l’argent public en organisant ces deux rendez- vous internationaux. Ce faisant, le président de la République suit une logique implacable dans sa politique extérieure. Même si celle- ci reste parfois incohérente et parfois illisible, elle reste marquée par la volonté présidentielle de voir son pays connu et reconnu sur le plan international. Au début, il est vrai qu’il a frappé à plusieurs reprises aux portes des Américains et des Allemands. Sans jamais renié son appartenance à la famille des locuteurs de la langue française. Mais en dépit de ses nombreux déplacements aux Etats- Unis et en Allemagne, de ses clins d’œils répétés, il n’a pas encore été reçu ni à la Maison Blanche ni à la Chancellerie fédérale en guise de reconnaissance.
Grosses faveurs
Ce qui n’est pas le cas à Paris où il a des oreilles attentives jusqu’au plus haut sommet de l’Etat français. Madagascar a pu surclasser le Zaïre dans l’organisation du rendez- vous de 2010 principalement parce que la France a tranché en sa faveur au détriment de Kinshasa. La rencontre entre Ravalomanana Marc et François Fillon, Premier ministre français avant l’heure du choix n’est pas étrangère à la désignation de la grande île comme pays hôte. Dans le pays même, l’expulsion de journalistes français ainsi que le cas de l’ancien ambassadeur Gildas Le Lidec ne sauraient pas cacher les grosses faveurs accordées par l’Etat malgache aux grandes entreprises françaises dans les travaux publics et dans la finance depuis 2002. Récemment encore, la compagnie pétrolière Total a pu acquérir des permis d’exploration de pétrole dans l’Ouest de l’île grâce à l’entregent de l’Elysée qui demeure le premier VRP de la France comme du temps de Jacques Chirac. En résumé, Ravalomanana, le francophobe, ne serait qu’une simple vue de l’esprit. Mais de là à affirmer qu’il est un francophile ?
