Fabienne, « une femme banale »

Approchée lors de la célébration du dixième anniversaire du Collectif des organisations de personnes handicapées (COPH), Fabienne, ses béquilles à la main, a l’air surprise : « Vous voulez faire mon portrait, à moi ? Mais vous savez, je suis une personne banale ! »

Et son itinéraire, qu’elle accepte finalement de raconter, a en effet tout d’un parcopurs classique : née en France en 1960, Fabienne est arrivée à Madagascar à 6 ans. Quelques années plus tard, elle intègre l’école primaire publique d’Antsahabe, puis le lycée Jules Ferry. Après trois mois de service national et une licence d’histoire en poche, elle travaille d’abord dans l’administration d’un CEG, avant de rejoindre le personnel de la commune urbaine d’Antananarivo, dont elle a pendant 19 ans, gravi les échelons un à un, « malgré mes diplômes universitaires », note-t-elle.
« Oui, l’itinéraire classique d’une femme indépendante », répète cette dame souriante, que sa bonne humeur n’a pas quittée même après les nombreuses heures d’un voyage éprouvant en minibus, de Tana à Majunga.

Et ses béquilles ? Elles sont dues à une maladie, la poliomélite, qu’elle a contractée à deux ans. Et elles ne lui ont pas toujours rendu la vie facile : « Quand j’étais enfant, je n’ai pu intégrer l’école d’Antsahabe qu’à partir de la classe de septième, pour des raisons de santé : avant, j’étais obligée de rester allongée. j’avais donc une préceptrice à la maison, et je prenais mes cours allongée sur le ventre, avec une tablette devant moi », raconte Fabienne. De même, son service national a dû être adapté, mais elle y a quand même appris les techniques de secourisme ou à monter et démonter une arme et en a gardé « un certain goût du respect de la hiérarchie », selon ses propres mots. Aujourd’hui encore, Fabienne déplore de ne pas être aussi autonome que le souhaiterait sa nature indépendante : avec son handicaps, beaucoup de gestes courants, comme monter ou descendre des escaliers, sont de véritables épreuves « et ça ne s’arrange pas avec l’âge ! ». Pour le déplacement à Majunga, elle s’est faite accompagner par une personne chargée de l’assister, mais du fait de cette dépendance, elle n’a pas osé permettre au petit garçon de neuf ans dont elle a la charge de l’accompagner, et avoue regretter son absence.

Vice-présidente d’un club handisport

Fabienne fait partie de la délégation du COPH en qualité de chef de délégation de la ligue paralympique de la région Analamanga. Un rôle qui lui est revenu quelques années après avoir été contactée par le club handisport de la région, dont elle s’est d’abord chargée de la trésorerie, avant d’en prendre la vice-présidence.

« Nous sommes deux femmes à conduire cette délégation masculine, et au début, j’avais un peu peur de ne pas être respectée », avoue-t-elle. Mais finalement, tout se passe pour le mieux, et elle assume, toujours avec la même bonne humeur, son rôle d’encadrement, malgré les faibles moyens qui lui sont dévolus. « Je leur apporte des conseils d’organisation, des rafraîchissements, et surtout mes encouragements vocaux, et les joueurs apprécient », dit-elle.

Et ses encouragements ont sûrement dû aider ses gars, puisque leur parcours au tournoi handisport organisé à Majunga par le COPH s’annopnce brillant. L’équipe de pétanque est déjà qualifiée pour les demi-finales. Quant aux basketteurs, ils ont gagné deux matchs aux éliminatoires, mais rien n’est encore joué. Fabienne est optimiste : « Notre défi, bien sûr, c’est de remporter le tournoi ! ».