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Reportage

Ilakaka

Exploitation du saphir : le début de la fin (1/4)

mardi 19 juin 2007 |  1626 visites  | R. L.

Après 8 années d’exploitation anarchique et illicite du gisement de saphir à Ilalaka, des questions commencent et doivent se poser quant au bilan et sur les vrais bénéficiares de cette ruée vers le saphir. Voici donc la suite de notre reportage d’hier...

L’exploitation minière à Ilakaka et les transactions commerciales liées à cette activité sont caractérisées par l’opacité. Cela rend difficile toute approche quantitative. Il ne peut en être autrement car l’administration malgache s’est évertuée à vouloir contrôler la production en voulant jouer aux apprentis sorciers, alors qu’il aurait été plus simple de plagier des méthodes qui marchent en Thaïlande ou en Sierra Léone.

La nécessité d’une approche pragmatique

L’attitude de cette administration est des plus ambiguës. Son discours vis-à-vis des exploitants est clair. Il se résume à une seule phrase : l’administration fait son maximum pour aider les exploitants. Il est vrai que les pratiques ont bien changé en l’espace d’une décennie. Les démarches administratives sont souvent caractérisées par une volonté assez évidente de transparence. Mais sur le terrain, la volonté d’appliquer la loi à la lettre se fait plus nuancée.

D’après cette loi, seul celui qui a un permis a droit à l’exploitation. Cependant, tous les carrés miniers d’Ilakaka sont envahis par des dizaines de milliers d’exploitants illégaux. Il est impensable pour l’autorité locale et régionale d’expulser ces illégaux. Il est vrai qu’avant toute chose, ce sont des électeurs potentiels. Cette ambiguïté se retrouve toujours dans les discours ambivalents lors des séances de travail mixte. Il est extrêmement rare qu’un représentant de l’autorité publique met un bémol aux affirmations des locaux qui considèrent comme un droit naturel l’accès à cette ressource.

Le laxisme règne

La solution dans les cas de conflits récurrents entre l’exploitant légal et les mineurs illégaux consiste à trouver un terrain d’entente (« marimaritra iraisana ») dans le partage des zones d’exploitation où celui qui a un permis, seul responsable des dégâts environnementaux devant l’administration, se voit contraint de céder une partie de ses droits miniers aux exploitants irréguliers. Cela suffit à calmer le jeu mais ne résout en rien le problème posé par les illégaux. En effet, si tous les intervenants d’Ilakaka sont d’accord pour reconnaître qu’il y a au moins 50.000 mineurs, cela représente 40.000 m3 de sable déversés dans les rivières tous les jours. L’impact négatif sur l’environnement est de 20 fois supérieur à ce que fait celui de toutes les exploitations mécanisées réunies. La position de l’administration depuis le début du rush est caractérisée par une démarche à la fois laxiste et tatillonne. Laxiste car elle n’a jamais essayé de trouver une solution viable au problème posé par l’exploitation anarchique faite par les illégaux. Le leitmotiv de tous les dirigeants de l’administration régionale est : pas de troubles sociaux. Tatillonne car les procédures d’octroi de permis environnemental et de suivi des sociétés légalement constitués sont extrêmement sévères. Il y a là manifestement deux poids deux mesures. D’un côté, l’administration tolère des dizaines de milliers d’illégaux sur des permis qu’ils appauvrissent de jour en jour ; de l’autre, elle exige des exploitants lésés par la présence des illégaux des contraintes drastiques sur le respect de l’environnement. L’exploitation du saphir d’Ilakaka, comme toute autre exploitation minière, est un prélèvement gratuit sur la nature. Globalement, la valeur ajoutée que cette activité dégage ne prend pas en compte les impacts sur la santé ni la détérioration d’un certain nombre de valeurs sociales et traditionnelles. Qui, aujourd’hui, se soucie des centaines de mineurs qui rentrent affaiblis et mourants dans leur village ? La quantification de ces éléments est évidemment difficile. Pour un développement durable de cette activité, il est indispensable d’en tenir compte.

(A suivre)

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