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Opinions

Embarras du choix

jeudi 10 octobre 2013 | Sahondra Rabenarivo

Le vote est secret et personnel mais cela n’empêche pas aux gens de me demander des conseils sur les candidats à la présidentielle. Ca gêne et ça rassure en même temps, car on est réconforté de savoir que les gens veulent faire un bon choix. Faute d’appartenance politique qui guide le choix de beaucoup d’électeurs ailleurs, ou d’éditoriaux de journaux et magazines dont la ligne éditoriale indépendante et politique (de gauche, de droite ou centriste) exposent les programmes, ou de track record fiable, les électeurs malgaches font face à un vrai embarras du choix, sans pour autant avoir une plénitude d’informations pertinentes.

Nous avons l’avantage cette fois d’avoir une campagne longue qui permet de dépasser l’éclat initial des propagandes foraines et de voir un petit peu des stratégies de campagne plus intelligentes que les autres (brochures informatives sous les paliers de portes, affiches placées en hauteur, affiches démontables chez d’innombrables épiciers…). L’approche rouleau compresseur de meetings de masse perd de son effet avec les jours et les caravanes qui passent. Pour ma part, qui ne soutiens aucun candidat et qui ne fait partie d’aucune campagne, sauf celle de l’éducation citoyenne, je réponds aux gens qui me demandent ainsi : je ne sais pas pour qui je vais voter, mais je sais déjà, du moins, pour qui je ne vais pas voter. Voici quelques critères (il faut résumer, la liste peut être très longue), à mon avis, pour choisir :

Mettre fin aux pratiques prédatrices de la Transition . C’est simple, si vous ne voulez pas que tout ce qu’on a vu pendant la Transition continue, ne votez pas pour ceux qui y ont participé activement. Surtout aux pratiques prédatrices et questionnables. Ceux dont l’enrichissement illicite est palpable. Ceux dont la compréhension du sens de l’État (même après y avoir été acteur) est visiblement minime. Ceux qui semblent affamés de pouvoir. Ceux qui durant des années n’ont rien fait de concret. Un hôpital ici ou là a-t-il amélioré la santé de tous ? Le zava-bita n’est pas seulement en dur, mais aussi en valeurs moins tangibles : de discipline, de travail, d’éthique ou du moins respect de la loi, de qualité de vie pour tous, de progrès qui profite au plus grand nombre.

Sens de la honte . Le rouleau compresseur de certaines campagnes, le manque total de sens de la honte ou d’humilité, ne méritent pas votre vote. Ne votez pas pour ceux dont l’enrichissement sans cause est indéniable. Ne votez pas pour ceux dont le financement de campagne n’est pas transparent, car à qui seront-ils tenus après, surtout pas à vous ni à moi. Ne votez pas pour ceux qui imposent respect par la force sans le mériter (pouvoir = circulation avec gyrophares à toute vitesse, rien de plus).

Track record . Certains brandissent le mot vaovao (hery vaovao, homme nouveau) alors qu’ils étaient PDS ou ministre sous la transition prédatrice. Sans rien faire, sans rien corriger, sans se démarquer. Vaovao, oui, car, c’est sûr, on ne veut pas du taloha, mais qui dit qu’une fois élu, il y aura vraiment du vaovao ? Ils ont eu leurs chances : vous ont-ils vraiment convaincus ? Si vous doutez, comme moi, ne votez pas pour eux !

Retour à l’ordre . Il est terrible de le dire, mais en choisissant votre candidat, votre analyse doit inclure la capacité de l’élu de « tenir » ces forces de l’ordre, ces fonctionnaires, et remettre de l’ordre essentiellement partout : judiciaire, police/gendarmes, douaniers, receveurs des impôts et des domaines…. Il faut une personne ferme, courageuse et visionnaire.

Le secteur privé comme moteur du développement . Votez pour quelqu’un qui comprend que les pays qui se développent ont 7 ou 8 fois plus d’investissements privés que d’aide au développement, que ces investissements génèrent emplois et recettes, et que ces investissements (nationaux comme internationaux) ne viendront qu’avec des signaux clairs : stabilité des lois, efficacité plutôt que prédation de l’administration, compétence de la justice. Que presser les investisseurs comme des citrons, avoir une gouvernance prédatrice (« tu veux un permis ? Voici mon numéro de compte suisse… »), n’est pas le chemin de la prospérité— au contraire. Que jouer sur les tendances nationalistes et xénophobes au détriment de capitaux étrangers coûte énormément cher au pays.

Tout sauf TGV . Enfin, ne votez surtout pas pour quelqu’un qui est susceptible de nommer Andry Rajoelina premier ministre. On ne veut pas de poutinisme à Madagascar, ni de conforter un putschiste. Il faut tourner la page, il faut un élu mature, solide, ni matérialiste ni mégalo à outrance, bâtisseur, courageux, humaniste et pro-secteur privé.

Sahondra Rabenarivo
09 octobre 2013

10 commentaires

Vos commentaires

  • 10 octobre 2013 à 10:47 | Isambilo (#4541)

    « Le secteur privé somme moteur de développement ». Oui dans un état capable d’imposer une répartition équitable des richesses produites par le secteur privé. Nous en sommes très très loin.
    Le désengagement de l’état de la sphère économico-financière a conduit à l’ultra libéralisme actuel. Il ne s’agit pas de revenir au Gosplan mais un état réduit au rôle de collecteur d’impôts à redistribuer n’est pas gage de progrès.
    Pour le reste, c’est à dire l’essentiel, je suis d’accord.

  • 10 octobre 2013 à 11:34 | bbernard (#6880)

    Beaucoup de malgaches sont dans l’embarras pour ces élections car, dans les campagnes, ils reçoivent très peu d’informations : noms des candidats, leurs programmes, le déroulement des élections, le lieu du vote et comment voter. Eh oui, à quinze jours du premier tour, toutes ces questions sont récurrentes et inquiétantes.

    Par ailleurs, beaucoup de malgaches se posent aussi la question de savoir si les élections vont réellement avoir lieu. Ici, dans la campagne, un certain nombre pensent que seuls les habitants des villes pourront voter. C’est aussi très inquiétant ;

    Par ailleurs, l’insécurité grandissante pousse ceux qui sont en capacité de voter à se demander s’ils vont le faire par peur d’être attaqués sur le trajet (plusieurs heures à pied) ou que le bureau de vote soit tenu par les militaires qui leur imposeraient un candidat.

    Bref, la confiance est loin de régner.

  • 10 octobre 2013 à 12:18 | Little (#7631)

    Eh bien on voit bien vers qui vous alliez voter donc ! S.R :)
    ...
    Ce qui est interressant c’est d’extrapoler pour qui nos concitoyens vont voter, surtout les fins fonds de nos campagnes ... Il est fort celui qui arrive à ce moment à le prédire :(

    Paramètres :
    - Candidats inconnus ailleurs sauf les grandes villes.
    - Bulletins uniques.
    Strategie sur deux plans :
    - Programmes vs l’émotionnels selon le endroits
    - Ratissent les fonds des campagnes avec les cordes des fibres ethniques
    - Ratisser les villes avec des programmes et compositions des staffs multi-ethniques, sinon ce sera foutu ... pour preuve le fiasco à coup sûr de certains candidats qui ne savent pas jouer sur ces plans ... he, he, he

  • 10 octobre 2013 à 12:28 | Raol (#529)

    Zo sy adidy ny mifidy hoy isika. Zon’ny teratany koa anefa ny tsy mifidy tsotra izao na manao vato fotsy ! Fifidianana hafahafa ity iray ity, enga anie ka ho soa no hivoaka eo. Masina ny tanindrazana !

  • 10 octobre 2013 à 12:35 | LE VEILLEUR alias L’EVEILLEUR (#1331)

    « ne votez surtout pas pour quelqu’un qui est susceptible de nommer Andry Rajoelina premier ministre. »

    Pourquoi ?

    - Andry Nirina Rajoelina est un expert dans la dialectique du mensonge.
    - Une seule chose l’importe, la notoriété. Il a oublié la vérité !

    Alors accepterez-vous d’être dirigé par un trafiquant de l’apparence ?

  • 10 octobre 2013 à 12:53 | jansi (#6474)

    Ça , c’est dit clairement et bien dit.
    Maintenant, après l’avoir lu, je suis d’accord avec Rabenarivo si les élections se feront malgré tout. Mais mes doutes persistent sur deux choses.
    En cas d’élection, même si on fait le bon choix, DJ ne l’acceptera pas et va tricher.

    Le mieux alors c’est de reculer les élections le temps de remettre de l’ordre dans le pays par le biais d’une transition neutre et technocrate conduite pat RRanjeva.

  • 10 octobre 2013 à 17:35 | mpitily (#1212)

    Madame,

    Soyez honnete. La predation de notre economie et les enrichissements illicites ne datent pas de la transition, n’est-ce pas ?

    Il faut donc inclure dans votre liste tous ceux qui ont contribue a la mise a sac de notre economie depuis 50 ans.

    TSZRRR = Tout Sauf Zafy Ratsiraka Ravalomanana Rajoelina et leurs sbires (ministres, pds, consleillers, proches collaborateurs).

    Mpitily

    • 10 octobre 2013 à 22:09 | Radepy (#7163) répond à mpitily

      Mais qui est honnête et qui ne l’est pas ? Aussi, à chacun sa vérité, celle de Ratsiraka n’est sûrement pas la vôtre et vice-versa.

      En tout cas, en toute honnêteté, j’ai beaucoup apprécié, contrairement à vous, la gouvernance de la période 1997 - 2001 du pays où la croissance économique était pour la première fois exponentielle et POUVAIT atteindre les deux chiffres en 2003, mais hélas ! En effet, la prédation ne date certes pas seulement de la transition mais aussi pendant toutes les autres périodes comme en 1973 - 1975, 1991 - 1992, 1996 - 1997, 2003 - 2008.

    • 11 octobre 2013 à 06:03 | mpitily (#1212) répond à Radepy

      Je vous invite a lire les reactions des forumistes sur la conference de Ratsiraka pour vous remettre les idees bien en place et connaitre la verite sur votre idole. D’ailleurs, pourquoi n’y etes-vous pas intervenu ?

  • 11 octobre 2013 à 20:21 | Tanindrazana (#3224)

    Merci Sahondra Rabenarivo. Tout ce que vous avez ecrit est comprehensible. En tout cas, un Malagasy clairvoyant devrait, apres 4 ans de reflection et d’epxerience, que tout ce qui a rapport a cette transition malade doit etre ecarte et isole afin que l’avenir de notre pays ne soit plus l’otage de gens pervers et machiaveliques qui ne cherchent que le pouvoir pour assouvir leur faim et leur rapacite. Des campagnes a grande pompe ne resonneront que tres peu dans notre coeur et n’apporteront rien de plus qu’une autre deception.

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