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Editorial

Distinguer entêtement et patience

jeudi 28 avril 2011 |  1783 visites  | Patrick A.

Lorsqu’on évoque le rôle politique à Madagascar de l’Organisation internationale de la francophonie, on pense d’abord à la publicité faite aux déclarations récentes de Hugo Sada, son délégué à la paix, à la démocratie et aux droits de l’Homme, notamment ses propos selon lesquels la feuille de route de route négociée par la médiation de la SADC est un « très bon texte » qui a toutes les chances d’accélérer la sortie de crise et la tenue d’élections libres, fiables et transparentes.

Pour qui voit les conditions dans lesquelles cette feuille de route a été élaborée, cette opinion semble refléter un court-termisme se satisfaisant de peu... Ce serait oublier que dès avril 2009, tout en condamnant le coup d’État et en suspendant Madagascar de ses instances, l’organisation s’était positionnée pour la tenue dans les délais les plus rapides d’élections libres, fiables et transparentes comme voie de retour à un ordre constitutionnel à Madagascar. On peut partager ou non la position de l’OIF, mais il serait caricatural de prétendre qu’il s’agit là d’une position improvisée au gré des circonstances. Alors que nombre d’entités de la communauté internationale en sont encore à hésiter sur la priorité à accorder entre un partage immédiat de pouvoir et la tenue rapide d’élections, l’OIF s’est dès le départ positionnée pour la deuxième option.

L’OIF n’a pas envoyé qu’Hugo Sada. Plus discrète, une mission d’experts est venue à Madagascar du 9 au 22 février 2011 et elle a récemment rendu son rapport. À lire celui-ci (en pièce jointe), ces experts avaient pour mandat :

-  de définir le cadre requis pour l’organisation à Madagascar d’élections libres, fiables et transparentes devant permettre la sortie de crise, et clore la transition ;
-  d’apprécier si, dans le contexte présent, les conditions effectives pour la tenue de scrutins conformes aux exigences des normes internationales sont réellement remplies et respectées.

Force est de reconnaître que la mission a prudemment évité de se prononcer sur le deuxième point. Si elle émet un grand nombre de recommandations, dont certaines comme la refonte de l’état civil ne pourront aboutir qu’à long terme, et si elle estime que la tenue d’élections couplées pour les législatives et le premier tour des présidentielles est susceptible d’avoir lieu de manière crédible dans un délai de 7 mois, elle souligne que cela ne pourra avoir lieu que si les acteurs concernés honorent de manière rapide, immédiate et de bonne foi leurs engagements... Eo indrindra isika izao...

Attendre une solution parfaite et équilibrée avant la tenue des élections ne parait pas réaliste. Mais entre une partie de la classe politique qui persiste à se constituer en factions pour négocier des sièges non élus, et d’autres parties pour lesquels s’asseoir à une table n’a de sens que pour recevoir la reddition de ses adversaires, on en est encore à appeler de ses voeux une mobilisation raisonnée de ceux qui veulent effectivement limiter les dégâts et faire pression pour que des engagements clairs soient pris et tenus. Pour le citoyen malgache ordinaire, entre l’immobilisme buté ou le boulevard laissé ouvert aux auteurs du coup d’État, n’y a-t-il pas place pour une autre voie ?

9 commentaires

Vos commentaires

  • 28 avril 2011 à 11:11 | Jipo (#4988)

    Oui il y a une place entre ces deux entités, et il faut qu’elle se manifeste et prenne la place qui lui est laissée, cette place, c’est celle du Peuple Malgache, lui seul , peut et doit trancher, l’arbitrage, étant terminé .
    Souhaitons que le mouvement étudiant, comme souvent fasse avancer les choses,et que l’armée et la population s’engouffrent dans cette brèche qui commence,et devant laquelle, rajoelina n’aura aucune solution autre que celle d’abdiquer .

  • 28 avril 2011 à 11:47 | kotondrasoa (#3872)

    Citoyenne malagasy,

    Excusez du retard pour répondre.

    En parlant du fokonolona, je pense à l’esprit d’entraide qui existe dans nos villages et qui leur permet de contrer les dahalo, puisque les répresentants des forces de l’ordre sont occupés à mater les grévistes en ville.

    Un exemple flagrant est la mort d’un étranger en plein Ambodivona, à 5 heures du matin, au vu de tous les autres passagers.

    Misy fitenintsika izay manao hoe : aza miditra amin’ny pataloha tery ka rehefa afo tsy mandoro ny lambako dia tsy afo ary izay fomba fijery izay no mahatonga antsika mijery fotsiny ny loza manjo ny firenentsika.

    Ny hitsiahivako ny 72 mantsy dia nisy ny fiaraha-mientana tamin’izany fotoana izany ka nampianjera ny fitondrana izay saribakolin’ny fitondràna frantsay satria tsy mahatapak’ahitra tamin’ny lafiny maro (diplomatie, défense, finances, ...).

    Basyvava,

    Tsy lavina fa maro ireo avara-pianarana no nijanona any am-pitan-dranomasina ; maro koa ireo eto an-toerana kanefa noho ny antony ara-politika dia tsy hampiandraisina andraikitra.

  • 28 avril 2011 à 11:50 | kotondrasoa (#3872)

    Araka ny tantara novohizina taminay tany am-pianarana dia :

    Radama II dia teraka 11 volana taorian’ny nahafatesan’i Radama Rainy.

    Niaina tao anaty filibàna izy satria zanakin’ny Mpanjaka ary notezain’i Jean Laborde tamin’ny fomba tandrefana.

    Niezaka nifampiraharaha tamin’ny vahiny izy hanonganana ny mpitondra teo alohany

    Namidiny tamin’ny vahiny (Lambert) ny ampaha-tanin’ny Malagasy ka anisan’ny fomba nentin’ny Frantsay nanjanahana an’i Madagasikara izany, na dia niezaka aza ny Mpanjaka tao afarany nandoa onitra ara-bola (efa tamin’izany ela izany no nanambaka antsika ny frantsay).

    Rehefa niakatra teo amin’ny fitondràna izy dia ny akamakama (menamaso) no nibahana tao an-dapa ary maro ireo fanapahan-kevitra noraisiny izay nahakivy ny maro an’isa (fanomezana alàlana hisian’ny duel, fety tsy misy fiafarana ka maro ireo vehivavy tamin’izany no nanan-janaka tamin’ny olona tsy vadiny).

    Izay no nampianarina anay fa hafa kosa anefa ny fomba fijerin’ny Antanala an’i Radama II, araky ny lovan-tsofina misy any amin’izy ireo.

    Maro ireo olobe no niezaka nanoro an’i Radama II hanova ny fomba fitondrany fa tsy nihaino izany satria maro loatra ireo mpanasohaso, mpanipy hodin’akondro ka nanao izay nampianjera azy.

    Farany, nanjaka nandritra ny roa taona i Radama II ary nantsoina hoe nanjaka tapany.

    Sao dia efa fotoana kosa izao ? Tsy efa ampy ve izay ?

  • 28 avril 2011 à 12:02 | kotondrasoa (#3872)

    Quelle que soit l’organisation, du moment que la Hat est en place, il n’y aura pas d’élections car nos dirigeants savent pertinemment qu’ils ne seront pas élus.

    A mon avis, je préfère le statu quo actuel plutôt qu’une fuite en avant qui nous mènera dans un abîme plus profond.

    Jipo,

    Le principal concerné, le peuple malagasy est inerte. Laissons-le dormir pour un réveil plus amer.

    Beaucoup disent qu’ils ne font rien puisqu’ils ne font pas de la politique ; comme le politique agit sur les prix des denrées qui sont dans leurs assiettes, nous verrons bien s’ils resteront non-politiques.

    Souhaitons seulement que le réveil se fasse vite car l’image véhiculée par Midi d’une solution à l’ivoirienne peut très bien arriver à Madagascar.

    • 28 avril 2011 à 12:13 | Jipo (#4988) répond à kotondrasoa

      je vous trouve pessimiste, et pense que le peuple souffre assez comme ça, et qu’il ne connaisse que la politique du porte monnaie, pour ne pas dire celle du ventre, est tout à fait normal,
      le « reveil » lui risque d’être amer, mais peut être pas seulement pour le peuple qui y est habitué , ce qui n’est pas le cas de tout le monde .

    • 28 avril 2011 à 15:52 | da fily (#2745) répond à kotondrasoa

      Et distinguer unilatéralisme et impatience ça vous dit ?

      On tronçonne un peu plus la branche sur laquelle on contemple le monde avancer. C’est fou comme la folie de certains a floué les autres dans une euphorie générale que tout le monde floute.

      kotondrasoa sy jipo manao ahoana,

      il va sans dire que les parties prenantes ou non sont toutes pendues aux basques de la SADC. Le prochain sommet sonne comme le dernier train encore disponible, et que TOUS ont l’oreille tendue au sifflet libérateur. Nous avons lu ici et là l’entreprise de lobbying dilligentée de part et d’autre, ce qui me fait dire que dans un contexte purement régional, Mada se retrouve le popotin entre 2 chaises (encore une fois de trop on aurait envie de dire), et les uns arguent que l’avis de l’une est incontournable quand les autres régurgitent aussitôt qu’il ne peut y avoir solution sans l’autre. Un charabia indicible je vous l’accorde, à l’instar du problème que nous avons sur les pieds (ça commence à faire lourd, et mal). Mais encore faut-il y ajouter un ingrédient qu’on nous occulte : le pouvoir de nuire ou d’aider (ça dépend de quel côté on apprécie la chose) des groupes qui se sont déja installés sur la place. Ces groupes ont déja mis en chantier quelques investissements, il leur importe qu’une continuité se fasse, et dure pour leur sécurité et leurs profits. Alors se dire qu’ils doivent prendre eux aussi le risque de laisser Rajoelina se présenter et perdre (c’est une option loin d’être utopique) les élections, pour retomber dans une autre expectative, doit bien les faire travailler du carafon, voir le faire carrément bouillir ! Je relance la question qui brûle : « quand tu sais que ceux qui savent ne veulent rien savoir sur ce qui se sait déjà, y-aura-t-il vraiment des élections ? »

      J’aimerais tant que nous retrouvions la légitime souveraineté qui nous manque, dans les orientations et les décisions qui nous incombent, mais il nous faut être lucide : le jeu comporte tellement de ficelles, dont les bouts sont tenus par des gens qui eux, ne jouent pas. Et faire et défaire une pelote ne leur représente apparemment pas une insurmontable difficulté, qui nécessiterait quelques état-d’âmes.

    • 28 avril 2011 à 20:30 | namanatol (#5321) répond à kotondrasoa

      Je partage votre avis,kotondrasoa !maintenant, je voudrais nous inviter à chercher les causes de cette inertie des Gasy car je pense qu’on peut toujours combattre le mal lorsque qu’on le discerne.Qu’est ce que les autres en ont à foutre lorsque le principal concerné se complait dans le marasme total où il se trouve ?
      Les politi/ciens/ques auront tout essayé ,en effet, mais avec des optiques diamétralement opposées : d’un côté,les ’légalistes’ convaincus de pouvoir ramener le pays dans la légalité tôt ou tard -et de l’autre, les ’pro-putschistes’ qui font fi de tout ce qui ne les arrange pas:légitimité et légalité.
      Et cette situation qui perdure font le bonheur de tous les malfrats de tout genre ; si ça se trouve, c’est cette catégorie de personnes qui est majoritaire alors ceci explique cela !!

    • 29 avril 2011 à 01:08 | el che (#344) répond à namanatol

      « Et cette situation qui perdure font le bonheur de tous les malfrats de tout genre ; si ça se trouve, c’est cette catégorie de personnes qui est majoritaire alors ceci explique cela !! »


      Très bonne remarque !!!
      Les classes politiques malagasy sont dépolitisées : elles ni idéologie, ni programmes politiques, en étant indisciplinées et amateurs et indélicats !!!.
      Ainsi quand on parle « d’opposition », il s’agit en fait de se rallier de façon opportuniste à ra8 ou rajoelina, alors que ni l’un ni l’autre n’a la stature de chef d’état, et encore moins de leaders politiques désirant l’évolution du pays, et non de leur patrimoine personnel....

      L’indigence du pays est à l’image de celle des leaders politiques.

      Oui, il faut une autre voie car l’espor est ailleurs !

  • 28 avril 2011 à 18:55 | Jipo (#4988)

    la réponse pourrait etre dans le titre : d’un coté le gouvernement, et de l’autre le peuple, peuvent incarner cette « distinction » , et de croire que les états d’ames soient reservés au second , tout comme le caritatif .

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