Facebook Twitter Google+ Les dernières actualités
mardi 19 mars 2024
Antananarivo | 05h00
 

Communiqué

Sefafi

Des élections législatives à la hauteur de l’enjeu ?

mercredi 17 avril 2019

Le 27 mai prochain, les citoyens choisiront 151 députés parmi 803 candidats, aux profils contrastés. On y trouve de tout : des farfelus, des parvenus et des opportunistes ; des criminels couverts par leur immunité parlementaire et des entrepreneurs véreux ; on y rencontre même des gens sérieux et compétents, mais les électeurs si souvent abusés sauront-ils les reconnaître ?
Pour que les citoyens votent en connaissance de cause, le SeFaFi souhaite éclairer l’opinion publique sur quelques aspects fondamentaux de cette élection : la raison d’être d’un député ; les conditions d’une élection transparente ; le respect du choix des citoyens ; et les avantages matériels offerts aux députés…

Un député, à quoi ça sert ?

L’article 68 de la Constitution est limpide : « Le Parlement comprend l’Assemblée nationale et le Sénat. Il vote la loi. Il contrôle l’action du Gouvernement. Il évalue les politiques publiques ». Or les députés, volontairement ou non, ne remplissent pas leurs responsabilités. Ils font tout autre chose, pour se faire bien voir des électeurs ou pour en tirer des bénéfices personnels : il ne leur revient pas de paver des rues, d’équiper des écoles, d’installer des bornes fontaines ou d’offrir des ballons de foot et des couvertures. Ces actions démagogiques n’ont rien à voir avec la fonction de député. De plus, elles ne sont pas financées sur les fonds propres des élus, mais avec de l’argent mis à disposition par l’Assemblée nationale, même s’ils se gardent bien de le mentionner.
Un bilan de la dernière législature, encore confidentiel, dresse le bilan suivant : de 2014 à 2018, l’Assemblée nationale aurait voté 271 textes (la liste complète n’est pas disponible, mais on voudrait connaître la proportion de propositions de loi émanant des députés). La durée des travaux en séances plénières a été de 262 heures en 2014, 167 h en 2015, 120 h en 2016, 124 h en 2017 et seulement 51 h en 2018 ! En tout, 344 heures auraient été consacrées aux activités législatives et 166 heures au contrôle des activités du Gouvernement par des questions-réponses souvent sans réel intérêt. Quant à l’évaluation des politiques publiques (les moyens mis en œuvre pour atteindre les objectifs en matière d’emploi, d’inflation, de sécurité, d’urbanisation, etc.), les députés l’ont totalement ignorée.

Se faire élire sans tricher

En dépit des déclarations lénifiantes de la CENI et de la HCC, chacun sait que les élections restent largement manipulées. Ni l’une ni l’autre ne s’inquiètent de ce que 2,5 millions d’électeurs, soit 1 sur 5, ne figurent pas sur la liste électorale. La loi électorale scélérate de 2018, adoptée par quelques députés ouvertement corrompus, n’est toujours pas amendée en lien avec la société civile, alors que l’exécutif peut légiférer par ordonnances. Pendant ce temps, la CENI et la HCC ergotent sur le sens du mot « pré-campagne », une période qu’il est pourtant indispensable d’encadrer pour assurer une véritable égalité de chances à tous. Le champ étant laissé libre aux magouilles et à la démagogie, les partis et candidats ont déjà entamé leur campagne électorale.
Quant au financement de ces élections, le laxisme est total. En l’absence d’une transparence financière satisfaisante, comment lutter contre la corruption des candidats et l’achat des électeurs ? À l’instar des présidentielles, le candidat n’a pas à justifier l’origine des fonds utilisés, qu’ils proviennent du pays ou de l’étranger. Et aucune justification des dépenses n’est demandée.

Le respect des électeurs

Le grand nombre des candidats « indépendants », 515 sur un total de 803, témoigne de l’affaiblissement des partis et de la montée de l’individualisme en politique. Dans son article 72, la Constitution impose aux élus des 345 candidats présentés par un parti de ne pas en changer, sous peine de déchéance. Mais comme le président élu de la précédente législature n’avait pas de parti pour le soutenir (le HVM a été créé après l’élection de Rajaonarimampianina), il a débauché nombre d’élus pour qu’ils le soutiennent. Puis ce « nomadisme » anticonstitutionnel a curieusement été validé par la HCC. Ce dérapage, qui atteint la crédibilité des institutions et des députés, se reproduira-t-il lors de la prochaine législature ? Des mesures devront être prises pour bannir cette pratique. Le nomadisme politique est en effet devenu le sport favori de nombreux spécialistes du « retournement de veste ». Et pourtant, quel respect accorder à un député qui se réclame d’un parti ou d’une idéologie et qui renie son engagement une fois élu ? La conscience civique des électeurs sera-t-elle suffisante pour sanctionner ces pratiques honteuses et éliminer ces opportunistes de la scène politique ?
Il est d’autres marques d’irrespect des élus à l’égard de leurs électeurs. Ainsi de l’absentéisme aux séances de l’Assemblée nationale. Qui n’a pas vu ces travées désertées, ces sièges vides, et une poignée de députés voter au nom de leurs 151 collègues ? Qui n’a pas été scandalisé par la multiplication des sessions parlementaires extraordinaires, ruineuses pour le budget de l’État mais juteuses pour les députés qui touchent leurs indemnités même s’ils ne sont pas présents ? Qui n’a pas désapprouvé le retour au sein de l’Assemblée de députés devenus ministres et qui, une fois remerciés, retrouvent leur siège comme si de rien n’était ? Et n’a pas été choqué de voir des députés affairistes, même si la Constitution leur interdit tout emploi public autre que l’enseignement (art. 71) ? Le même article précise pourtant que « le député exerce son mandat suivant sa conscience et dans le respect des règles d’éthique ». Conscience et éthique, à l’Assemblée nationale ?

Le train de vie des députés

Outre le pouvoir et les honneurs, nombre de candidats recherchent les bénéfices matériels liés à la fonction de député. Au prétexte qu’ils servent l’État et les citoyens, ils bénéficient d’immenses avantages partiellement dissimulés. Leur salaire mensuel est de 3.000.000 Ar, plus 400.000 Ar d’indemnité journalière pendant les sessions. S’y ajoutent 3.000.000 Ar par mois de dotation en carburant, 200.000 Ar de crédit téléphonique. Et 5 assistants parlementaires sont affectés à chaque député. Lorsque celui-ci est en mission dans le pays, l’indemnité d’hôtel s’élève à 65.000 Ar par jour, mais son montant lors des déplacements internationaux n’est pas connu [1]. Et nul n’ignore les revendications périodiques, allant jusqu’au chantage au vote parlementaire, pour l’octroi d’un véhicule 4x4 à chaque député. Sans compter les avantages en nature aussi discrets que variés. La loi de finances établit les avantages des députés dans une enveloppe budgétaire annuelle, gérée par le gouvernement en lien avec le Parlement. Pour mettre un terme aux marchandages récurrents, il conviendra de fixer clairement l’ensemble des avantages reconnus aux parlementaires, avant la prochaine élection et pour toute la durée de la législature. Car il est inacceptable, et malsain, que les élus décident par eux-mêmes du montant de leur rémunération globale.
Plus généralement, le rapport des députés à l’argent reste ambigu. À preuve, ils n’ont adopté la réforme de la loi sur la lutte contre le blanchiment d’argent qu’après trois sessions ordinaires et cinq sessions extraordinaires, au terme de la législature, en décembre 2018 ! Mais ils ont obstinément refusé, ces deux dernières années, de voter la loi sur le recouvrement des avoirs illicites, qui devrait être adoptée par ordonnance en attendant la prochaine assemblée nationale. Que faut-il en conclure ? Si les députés répugnent tant à adopter les deux lois les plus emblématiques de la lutte anti-corruption, c’est qu’ils sont tous en délicatesse avec le recouvrement des avoirs illicites et le blanchiment d’argent…

On l’aura compris, les prochaines législatives seront déterminantes pour l’avenir à moyen terme du pays. Il ne s’agit pas seulement de l’élection proprement dite : son organisation sera défaillante et le taux d’abstention sera très élevé. Ce qui sera décisif par contre, c’est la qualité humaine et la compétence des élus. La prochaine assemblée nationale arrivera-t-elle à s’extraire de la médiocrité, de l’opportunisme et de la corruption des précédentes ?

Antananarivo, 13 avril 2019


SeFaFi
SEHATRA FANARAHA-MASO NY FIAINAM-PIRENENA
Observatoire de la Vie Publique

Lot III M 33 K Andrefan’Ambohijanahary, Antananarivo 101

Tél. 032 59 761 62 Email : sefafi@gmail.com Site Web : www.sefafi.mg

Notes

[1Eugène R. donne ces indications dans Midi-Madagasikara du 25 mars 2016.

4 commentaires

Vos commentaires

  • 17 avril 2019 à 12:09 | Behantra (#9165)

    Une question qui , normalement , devrait faire réagir !!

    Un député ça sert a quoi ???

  • 17 avril 2019 à 18:23 | vazaha (#9399)

    Dans un système de démocratie représentative d’inspiration gréco-romaine, la chambre basse est un véritable contrepouvoir.
    Dans sa véritable signification, antenimiera veut dire selon le Rakibolana, chambre consultative. Mais cela était valable du temps du grand roi Andrianampoinimerina, respecte, craint mais aussi aimé des Malgaches, qui était entouré de conseillers qu’il consultait avant toute décision.
    Peut-on faire confiance à la sagesse d’un président élu pour se passer d’un contrepouvoir ?

  • 18 avril 2019 à 08:17 | lysnorine (#9752)

    Ny tsy fakofakon-dresaka na tay tsy raha ka tsara homarihina :

    1) « Raha momba ny FAMATSIANA ARA-BOLA an’ireny [KANDIDÀ ho solombavambahoaka] ireny, dia manjaka tanteraka ny gaboraraka.
    « Toy ny tamin’ny fifidianana filoha, ny kandidà dia tsy voatery hanamarina ny NIAVIAN’ny VOLA AMPIASAINY, na avy eto an-toerana na avy any ivelany. Ary tsy angatahina koa ny fanamarinana ny vola nolaniana.
    « [VOKATR’IZANY dia ] Maro be ny kandidà « mahaleo tena » , 515 amin’ny 803... » [izany hoe tsy natolotra antoko fa MIANKINA KOSA amin’ny MPANOME azy VOLA hanaovany ny « fampielezan-keviny ».]

    - Fantatra fa ORINASA-na OLON-KAFA FIRENENA avy any ivelany na eto an-toerana, (Amerikanina, Frantsay, Karana na Sinoa, sns., sns.) no mamelona ireo kandidà hoe « mahaleo tena » ireo, hany ka ry zareo no hifehy tanteraka ny Antenimieram-pirenena rehefa lasa be anisa ny « kandidàny », hampandany izay lalàna mahasoa ny tombon-tsoany na hampandamòka kosa izay mety hanembantsembana azy.

    Efa nanipy teny momba izany ihany izahay teto raha hoe hanamboatra ny lalàna mifehy ny fifidianana ny fitondran’Ingahy Rajaonarimampianina :
    « lysnorine 28 février 2018 à 09:44 répond à lysnorine ^ - tao amin’ny « Le nouveau code électoral de plus en plus contesté »,
    https://www.madagascar-tribune.com/De-plus-en-plus-conteste,23646.html#comment359094
    « Le nouveau code électoral » : Ny tsizarizary aminy.
    (tohiny)

    5) ’’Le FINANCEMENT de la campagne électorale’’
    ’’Les recettes du compte de campagne électoral ou référendaire’’

    « TSY AZO EKENA MIHITSY ny ao amin’ny andininy faha-73 manao hoe :

    « mahazo mamatsy vola ny kandidà ny ’’personnes morales de DROIT PRIVÉ NATIONAL’’. Dia tena heverin’ilay nanoratra an’io angaha fa donendrina (sao tahaka azy kosa aza !) izay rehetra mpivaofy ity volavolan-dalàna ity ka tsy avy hatrany dia mahatakatra fa : OLON-KAFA FIRENENA daholo no tena ao ambadiky ity hoe ’’personnes morales de DROIT PRIVÉ NATIONAL’’, na ny VOLA AMPIASAINY, na ny TENA MPITANTANA ny orinasa ! Izany hoe ompikelin’ireo OLON-KAFA FIRENENA ireo izay olom-boafidy novatsìny vola ka tsy maintsy hanatanteraka ny sitrapony rehetra. Izay ilay FIVAROTANA TANINDRAZANA sy ny harem-pirenena.

    « ’’Ces contributions peuvent se présenter sous forme de NUMÉRAIRES (!!) , de dons, ..de concours en NATURE ou en prestations diverses.’’
    « Koa MAHATSIKAIKY ilay mody fanantitranteran’ny andininy faha- 74 sy faha-75 momba ny ’’personnes morales de DROIT ÉTRANGER’’ ».

    2) « Ny fomba fiainan’ny solombavambahoaka » « Ny karamany isam-bolana dia 3.000.000 Ar [US$ 840], miampy tambin-karama 400.000 Ar [US$ 112] isan’andro mandritra ny fotoam-pivoriana. Manampy izany ny 3.000.000 Ar [US$ 840] isam-bolana ho solon’ny solika, ary 200.000 Ar [US$ 56] ho fahan’ny telefona. Miampy mpanampy ny solombavambahoaka* ka 5 ho an’ ny solombavambahoaka tsirairay. Raha mamita iraka eto an-toerana izy ny volan’ny hotely dia tafakatra 65.000 Ar [US$ 18.20] isan’andro, ary tsy fantatra izay omena azy raha mivoaka any ivelany izy »

    *Tsy voalaza na ohatrinona avy no tontalin’ny lany hanaramana azy ireo tsiriray avy. Tsy misy raharaha ilàn’ny solombavam-bahoaka eto amintsika izany mpanampy azy izany, indrindra fa miisa DIMY, izay tsy inona fa fisehosehoana fotsiny, fakan-tahaka befahatany ny fanaon’ny any amin’ny Firenena MANAN-KARENA.

    Mitontaly 6 200 000 Ar [US$ 1736] izany ny karama raikitra raisin’ny solombavambahoka iray isam-bolana.

    Fanoharana amin’ny tamin’ny andron’ny fitondran’Itpkl. Tsiranana :
    . FMG 120000 isam-bolana no karama raikitra raisin’ny solombavambahoaka, na sahabo ho $US 2430 tamin’izany fotoana izany, izay mitovy lanja amin’ny...US$ 20 600 tamin’ny taona 2018 (Real wage or Real wealth) ;
    . Nahazo NIVIDY « bons d’essence » tsy andoavan-ketra tamin’ny ministeran’ny Vola ny solombavam-bahoaka ;
    . Nasaina nohamorain’ny banky ny fividianan’ny solombavambahoaka fiarakodia aloa tsikelikely ny vidiny.
    . Tsy nisy izany « mpanampy » ny solombavambahoaka karamain’ny Fanjakana izany ;

    Tsarovana kely koa fa 10000 FMG, na US$ 203 teo ho eo tamin’izany fotoana izany, no karama ambany indrindra tamin’ny Fanjakana tamin’ny andron’ny fitondran’Itpkl. Tsiranana. Mitovy lanja amin’ny US$ 1720 tamin’ny taona 2018 (Real wage or Real wealth) io US$ 203 io, izany hoe tsy mifanalavitra amin’ny karama raikitra raisin’ny solombavambahoaka ankehitriny na mety mihoatra akory aza.

    Arak’ireo tarehi-marika ireo, dia nidina ambany dia ambany izany ny vola raisin’ny solombavam-bahoaka oharina tamin’izany fotoana izany, koa hahagaga ve raha mora azo tambim-bola aman-karena izy ireo ary tsy manao na tsy mahavita ny asa nifidianan’ny vahoaka azy.

    Koa mazava, tsy misy tokony hisalasalana na kely akory aza, fa « TSIA » no valin’ilay fanontanian’ny SeFaFi hoe : « Ny antenimierampirenena manaraka eo ve ho afaka hiendaka amin’ny eo ho eo ihany, ny fanararaotana sy ny kolikoly nahazo ireo teo aloha ? ». Ny tolo-kevitra tsotsotra hisorohana izany azo aroso amin’ny mpifidy dia izao : FADIO aloha no mifidy ireo kandidà hoe « mahaleo tena » ireo izay MIANKINA amin’ny vola avy amin’ny olon-kafa firenena ny enti-manana hanaovany fampielezan-kevitra.

    • 18 avril 2019 à 18:56 | lysnorine (#9752) répond à lysnorine

      Fanitsiana : tsy navahan’ilay « calculateur » tsara ny MGA (Ariary) sy ny FMG ka ilaina /5 ny tarehi-marika sasany amin’ny US $ :

      1) « FMG 120000 isam-bolana no karama raikitra raisin’ny solombavambahoaka, na sahabo ho US$ 2430/5 = US$ 486 tamin’izany fotoana izany, izay mitovy lanja amin’ny...US$ 20 600/5= US$ 4120 tamin’ny taona 2018 (Real wage or Real wealth) ; » .
      . izany hoe mbola MIHOATRA BE noho ilay US$ 1736 raisin’ny solombavambahoaka ankehitriny ;

      2) Tsarovana kely koa fa 10000 FMG, na US$ 203/5= US$ 40.6 teo ho eo tamin’izany fotoana izany, no karama ambany indrindra tamin’ny Fanjakana tamin’ny andron’ny fitondran’Itpkl. Tsiranana.
      Mitovy lanja amin’ny US$ 1720/5=US$ 344 tamin’ny taona 2018 (Real wage or Real wealth) io US$ 40.6, izany hoe sahabo ho AMPAHADIM’ilay US$ 1736 raisin’ny solombavambahoaka ankehitriny.

      Tsy miova ny fehin-kevitra tohiny :
      « Arak’ireo tarehi-marika ireo, dia nidina ambany dia ambany izany ny vola raisin’ny solombavam-bahoaka oharina tamin’izany fotoana izany koa hahagaga ve raha mora azo tambim-bola aman-karena izy ireo ary tsy manao na tsy mahavita ny asa nifidianan’ny vahoaka azy.... »

Publicité




Newsletter

Les actus du jour directement dans votre boîte email

[ Flux RSS ]

Suivez-nous

Madagascar-Tribune sur FACEBOOK  Madagascar-Tribune sur TWITTER  Madagascar-Tribune sur GOOGLE +  Madagascar-Tribune RSS