Notre enquête sur 61,8 milliards Ariary de pertes exceptionnelles à la Banque Centrale de Madagascar ne fait que commencer, se frayant un chemin entre silences des uns et dénégations d’autres.
Comme notre attention a été initialement attirée par un lecteur intrigué par une petite phrase contenue dans un rapport tout ce qu’il y a de plus officiel, nous n’hésitons pas à republier tel quel un éditorial du 9 juillet 2010 consacré au journalisme de données et à l’accès légal aux informations administratives.
De son vivant, Rainivoanjo était-il une sorte de Robin des Bois ? C’est une réflexion qui peut venir à l’esprit en lisant ce commentaire suite à un éditorial consacré à la gouvernance des matières premières : « En tant que journaliste, vous ne devez jamais cesser de dénoncer toutes les injustices de quelque bord qu’elles soient, pour que tout le monde puisse avoir une vie décente et ait droit à la sécurité. Tous les trafics actuellement ainsi que les abus de pouvoir ne datent pas seulement de maintenant, mais la transition n’a fait que les aggraver à cause de la crise mondiale ».
Bigre, les révélations de Mediapart dans l’affaire Bettencourt-Woerth semblent faire rêver certains de nos lecteurs... On se sentirait écrasé par la responsabilité des organes de presse, si un autre lecteur n’ajoutait pas pour nous permettre de relativiser : « Mais nous, simples citoyens, devons-nous toujours ne rien faire et demander AUX AUTRES de tout faire à notre place ? Nous ne cessons de réclamer des droits, sans accepter de devoirs ! ». Ouf, il n’y a pas que les émules de Tintin reporter, Carl Bernstein et Bob Woodward et des journalistes de Mediapart qui ont la charge de sauver la veuve et l’orphelin...
Les révélations récentes du site d’information en ligne Mediapart montrent avant tout l’incapacité des « élites » de tous pays à gérer correctement la situation lorsque des informations embarrassantes sont mises en avant. L’affaire qui fait aujourd’hui trembler le pouvoir politique français n’aurait sans doute pas pris une telle proportion si au lieu de traiter les informations de Mediapart par le mépris, les personnes citées s’étaient avant tout attachées à répondre de manière factuelle sur ce qui est vrai et sur ce qui ne l’est pas. Qualifier les propos de Mediapart de « calomnies anonymes diffusées sur internet » semble encore aux yeux de certains un argument nécessaire et suffisant, mais les articles du journal en ligne sont publiés sous la responsabilité d’un directeur de publication et font part de sources suffisamment précises pour qu’on ne puisse plus les balayer du revers de la main. Quand le sage montre la lune, l’idiot regarde le doigt (proverbe chinois).
Mais bien sûr, difficile de ne pas se demander pourquoi la presse malgache n’est pas capable d’en faire autant en matière de journalisme d’investigation, quitte à faire comme les illustres collègues quelques erreurs d’appréciation de temps à autres.
Nous n’allons pas nous retrancher derrière le manque de moyens matériels, même s’il est important de signaler qu’alors que Mediapart vit exclusivement de ses abonnements, le présent site n’a reçu depuis le 31 janvier 2009 que trois dons de la part de ses lecteurs. Mais il est encore plus important de rappeler que dans notre pays, le secret est la règle et la transparence l’exception.
Aux États-Unis, en Grande Bretagne, dans les pays scandinaves, au contraire, la transparence fait loi, et le secret exception. C’est grâce aux lois sur la transparence des informations administratives que la liste des détenus de Guantanamo, les photos des cercueils des soldats américains morts en Irak ou l’existence d’un camp de torture britannique après la seconde guerre mondiale ont pu être découvertes et révélées par les médias.
Aux États-Unis, la Freedom of Information Act permet à tout citoyen d’exiger et d’obtenir la publication de documents officiels. Elle s’applique aux services de l’administration fédérale (ministères, agences d’Etat, archives nationales), avec quelques exceptions bien précises comme les archives du Congrès, des tribunaux, et des administrations locales.
En Grande Bretagne, la loi sur la liberté d’information entrée en vigueur en 2005 permet de demander à quelque 100 000 structures publiques (gouvernement, autorités locales, BBC, agences) la communication d’une information. Les limites concernent notamment la sécurité nationale et les rapports transmis par les services secrets, les dossiers qui portent sur les relations diplomatiques avec d’autres pays et les questions relatives à une enquête pénale en cours. Tout refus de l’administration est susceptible de recours.
En Inde, une loi a également été adoptée en 2005. Chaque organisme public doit avoir un responsable chargé de répondre aux demandes d’information venant des citoyens. Ces fonctionnaires, les Public Information Officers, doivent répondre aux demandes dans un délai de 30 jours. En cas de dépassement de ce délai non justifié « par une cause sérieuse », ou si l’information donnée est erronée, les fonctionnaires risquent une amende de 250 roupies par jour jusqu’à délivrance du document. Les demandeurs doivent payer certains frais, sauf s’ils ont une carte attestant qu’ils ont un faible revenu. La loi précise que le terme « information » signifie « n’importe quel matériau sous quelque forme que ce soit, comme les archives, documents, mémos, e-mails, prises de position, conseils, communiqués de presse, circulaires, ordres, contrats, rapports, données conservées sous n’importe quelle forme et information en relation avec n’importe quel corps privé pouvant être accessible par une autorité publique »...
Et cela marche... En permettant à tout citoyen de savoir ce qui s’est passé, la loi rend les fonctionnaires attentifs aux réclamations et fait régresser la corruption.
La Suède est le champion du monde de la transparence. Depuis 1776, elle a légiféré dans ce domaine, et tout citoyen peut demander les notes de frais d’un ministre.
La France est au contraire un très mauvais élève dans ce domaine. Une loi existe depuis 1978, mais à la demande de la Direction des archives de France, pratiquement tous les services d’archives publics sont sous le secret de la défense nationale.
Cela n’empêche pas complètement les révélations...
Vos commentaires
A quoi peut-on mesurer le degré de démocratie et de richesse d’un pays ?
On peut mesurer la valeur d’une démocratie par le degré de liberté de presse qu’on peut y trouver. Vous avez raison de mentionner dans votre article que la France n’a jamais été un très bon élève sur ce sujet en ce qui concerne les pays riches occidentaux.
La gauche française s’est déchaînée à l’assemblée sur ce que la députée européenne Eva Joly qualifie ni plus ni moins de « Sarko-gate ». Pour le sénateur PS David Assoudine « toute la lumière doit être faite » concernant cette nébuleuse affaire « Woerth-Bettencourt » car selon lui :
« La liberté de presse est la prunelle de la république »
Ce n’est certainement pas qu’une pure coïncidence si la liberté de la presse est variablement proportionnelle à la pauvreté et à l’absence de développement d’un pays. Ce manque de liberté de la presse, plombe tout développement dans les pays pauvres car elle ne peut que favoriser la corruption et les détournements, à tous les niveaux de la république. Sissi
Pour plus d’info sur le Sarko-Gate
http://www.leprogres.fr/fr/france-monde/article/3778856/A-gauche-Un-Sarkogate.html
David ASSOULINE... Sans rancune :-)))
Vuze,
Mais il n’y a jamais eu aucune rancune de ma part Vuze. Ce qui ne semble pas être votre cas apparemment pour ce qui me concerne. Je vous fais un copier-coller de ma réponse concernant votre post d’hier.
*
Beaucoup d’interrogations
14 septembre 10:10, par sissi
Vuze,
Le sujet serait-il à ce point si peu intéressant pour que vous en sortiez ? Restez dans le sujet Vuze. Sinon il faudrait revoir votre copie. Il aurait fallu en débattre sur le sujet du fisc au bon moment sinon c’est un hors sujet.
Merci quand même d’avoir pensé à moi mais j’espère pour vous que vous ne soyez pas atteint de « Sissitude aigùe », à trop vouloir déverser votre venin sur moi quand bien même je suis absente du débat. . Au plaisir, Sissi,
Répondre à ce commentaire
J’ai vu votre post mais si j’y réponds maintenant, je serai hors-sujet, Sissi... :-)
liberté de la presse ????
protection des sources d’information ????
quels gadgets ????
Il y a toujours des traîtres quelque part !!! pour créer des fuites.
Banque Centrale de Madagascar.
Bénéficiaire de 17,84 Milliards d’ariary,pour la première fois depuis 2005.
Les opérations en capital et financières.
L’année 2009 a également été caractérisée par une forte dégradation du solde de compte
« Capital et opérations financières » :
– outre les transferts de capitaux au profit de l’Administration Publique qui ont été fortement restreints-,
le Pays a fait face à la suspension des déblocages au titre des tirages dans le cadre des Programmes d’Investissements Publics (PIP) et les aides budgétaires.
Néanmoins,les flux d’investissements directs étrangers (IDE) ont pu évoluer favorablement.
En effet,du côté de l’Administration Publique,si les « DONS PROJETS » ont été réduits à seulement 43,3millions de DTS en 2009,contre 156,5 millions de DTS en 2008 ;les tirages ont diminué pour être ramenés de 255,9 millions de DTS en 2008,à 35,6 millions de DTS en 2009.
Il y a lieu de noter que les paiements de l’amortissement de la dette publique se sont poursuivis.
Du côté du secteur privé,les « PRETS OBTENUS » ont régressé passant de 106,5 millions de DTS en 2008,à 23,3 millions de DTS en 2009,tant disque les flux nets d’IDE ont augmenté pour être portés :
– à 882,1 millions de DTS en 2009,
– contre 718,7 millions de DTS en 2008.
En ce qui concerne les flux d’IDE,en particulier,une part importante de ces flux qui ont enregistré une forte augmentation en 2009 est constituée d’investissements « offshores » des grandes entreprises minières.
Ce type d’investissements directs a été essentiellementutilisé pour le paiement d’importations d’équipements.
Par ailleurs,à l’instar de la situation de ces dernières années,la structure des flux reste dominée par les investisseurs de la branche « activités attractives ».
En effet,en 2009,les flux d’IDE des quatre principaux pays investisseurs dans le secteur minier ont représenté plus de 80% de l’ensemble des flux reçus en cours de cette année.
FLUX D’INVESTISSEMENTS DIRECTS ETRANGERS (en millions de DTS)
Total hors extractive
2006 (59,7 DTS) ;2007(199,1 DTS) ;2008(138,9 DTS) ;2009(61,6 DTS-provisoire)
Activités extractives
2006 (140,3 DTS) ;2007(3009,2 DTS) ;2008(608,2 DTS) ;2009 837,4 DTS-prov )
total : 200,0 DTS ; 508,3 DTS ; 747,0 DTS 899,0 DTS-provi)
Pour l’histoire de cette histoire de 61,8 milliards,« MIEUX VAUT PUBLIER ENTIEREMENT LES ETATS FINANCIERS DE LA BCM en 2009 »,sans commentaire :
1-d’abord,
2-expliquer votre « soupçon ».....
Vous êtes parti dans la litanie des journaux étrangers,en particulier un journal qui règle son compte, suite à son échec au journal le « MONDE »(journal des élites français et étrangers)
Basile RAMAHEFARISOA
b.ramahefarisoa@gmail.com
J’attends comme bcp de mes collègues spécialistes et spécialisés en Finances & Comptabilité la publication officielle de ces fameux états financiers de la BCM de 2009 ...
Wait and see ....
mihaino
allez sur le site de BCM
de la page 116 à 120
Bonne lecture !!
J’attends votre commentaire de « SPECIALISTE »,
Merci d’avance......
Basile RAMAHEFARISOA
b.ramahefarisoa@gmail.com
Nous allons proposer une étude de cas à nos étudiants du 3è cycle sur ces états financiers de la BCM avec leurs analyses et leurs commentaires et je vous tiendrais au courant des résultats cher Basile .... Patience SVP !!!
Wait and see ....
Merci de republier cet édito, qui a échappé à notre lecture.
Rien ne vaut la vérité : elle est fondamentalement libératrice et constructrice. Nos gouvernements devront assurément s’y résoudre. Ca tombe bien : on est en train de réécrire la Constitution. Un petit paragraphe sur ce point, ne vous épouvanterait pas trop, Messieurs les Législateurs ?
A mon humble avis, le média prend trois rôles, ça c’est le côté théorique qu’ on apprend à l’ école, un rôle d’informateur, un rôle d’ amuseur, et un rôle qui est le plus important : d’éducateur , en Marketing on dit que les Médias, là je le mets en majuscule, jouent le rôles de Percepteurs, d’ influençeurs ( genre démagogie ou manipulateurs) ou Guides d’idée, désolé j’arrive à trouver le bon terme, sinon je serais taxé de faute de syntaxe, aidez-moi à trouver le terme, en fait on peut dire, ce sont des gens qui ont beaucoup des Savoirs, comme le Juge, comme les Prêtres, comme les leaders politiques,.....
Sur le côté pratique, on trouve les MPISOLELAKA(s), et LES JOURNALISTES FIDELES A SES COVICTIONS, et c’est l’Histoire qui va en juger les bons et les Mauvais.......
Faiseurs d’opinion ? Mais ce serait réduire l’auditoire à un réceptacle vide, passif et dénué de sens critique, que les médias auraient seulement pour charge de « remplir ». C’est irrespectueux tant pour le public que pour la presse elle-même. Ce qui n’exclut pas la réalité de cette influence. La preuve en est qu’on parle d’« organes » de presse : supports que les proprétaires créent à des fins électorales ou politiques.
J’essaie d’aller à cet édito du 9 juillet, pour en retrouver les débats. Mais impossible, car le calendrier des archives a disparu.
Merci pour ces indications très instructives. Elles montrent que la transparence n’est pas un idéal hors de portée, fût-ce dans des pays émergents. Il suffit d’une volonté politique sincère, à consacrer par des textes de loi. Car dès lors que la vérité est un droit et un devoir protégés par la loi, ceux qui ont la charge de la communiquer aux entités comme aux individus, n’aura plus le sentiment inconfortable de se livrer à la délation. A défaut de dispositions formelles, c’est la peur ou le sentiment de décence qui font le lit de la corruption.
Ca tombait sous le sens. Pourtant aucun régime n’a pensé à l’inscrire jusqu’ici dans notre Constitution, qu’on ne manque pourtant pas de remanier aux moindres soubresauts de la république. La question demeure : qui ou quoi l’en empêche ?
Le calendrier a été réparé, mais autant vous donner le lien pour y aller directement.
Quid de cette fameuse souscription financière ?