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Culturel

« International Guitar Night » 2007-2008

D’Gary joue au côté de trois grands guitaristes internationaux

vendredi 4 janvier 2008
D’Gary est resté simple et très humble même s’il partage la scène
avec des grands guitaristes comme sur cette photo.

« Un guitariste monstre » a dit au sujet de D’Gary, le producteur américain David Lindley, co-responsable de la compilation en deux volumes « A World Out Of Time », une référence en matière de musique malgache. Un opus incluant également des titres de Ramilison Besigara où excellait la « chanteuses d’opéra » Perline Razafiarisoa.

D’Gary, de son vrai nom Ernest Randrianasolo, naît le 22 octobre 1961 à Antananarivo. A huit ans, il déménage à Tuléar et quand son frère aîné, alors bassiste dans un groupe, termine ses répétitions, il s’amuse avec la guitare avant de s’en fabriquer une de façon artisanale à treize ans.

Quand il est seul chez lui, il imite le » tsapiky ». Pendant le « havoria », dernière phase des cérémonies lors des funérailles, selon la coutume Bara, D’Gary écoute les femmes chanter et pleurer et remarque que leurs pleurs reprennent les mélodies des chansons traditionnelles, mais pas la rythmique. C’est la première fois qu’il est confronté à la culture de ses ancêtres et cet instant le marque en profondeur, agit comme un révélateur.

Il découvre la guitare et ne la quitte plus

D’Gary découvre la guitare électrique et l’essaie, sans la brancher. Il connaît seulement le « tsapiky » qu’il a apporté avec lui de Tuléar . Sa prestation lors d’un mariage lui en fait immédiatement une vedette locale, on vient le chercher pour faire partie du groupe en vue à Betroka.

En 1979, une proposition de Discomad, la seule maison de disques qui en soit vraiment une et qui s’appelle aujourd’hui Mars, les fait entrer en studio pour un 45 tours.

Une opportunité en amène une autre. Au cours de ce déplacement, il rencontre le leader de Feon’ala et en devient le guitariste.

Un artiste qui a bâti sa carrière

Lorsqu’il part pour de longues tournées dans les provinces malgaches, D’Gary, qui ne possède pas d’instrument, en a enfin un sous la main et s’en donne à cœur joie pour essayer toutes sortes de styles.

La cérémonie du havoria lui est revenue en pleine tête et il cherche à la transposer sur ses cordes. Quand il est de passage à Antananarivo, il habite chez Régis Gizavo, l’autre virtuose devenu « grand » actuellement, qu’il a connu des années plus tôt à Tuléar.

Après plusieurs années avec Feon’ala, D’Gary devient un musicien mercenaire, passant les journées de 1985 à attendre au portail du studio de Discomad qu’on fasse appel à ses services, aussi bien comme guitariste lead ou rythmique que comme bassiste. L’année suivante, il part sur la côte est à Maroantsetra pour jouer dans les bals poussières, ces fêtes qui se déroulent dans les villages et durent jusqu’au matin. Six mois plus tard, il embarque pour Tamatave.

A son arrivée, il vient à peine de sortir du bateau que quelqu’un l’interpelle : c’est Dida, cet homme influent et respecté dans le monde de la musique malgache, à qui l’on doit le succès de plusieurs artistes de renommés de nos jours.

Six ans plus tôt, en 1981, au « Speedy », Dida avait dé couvert D’Gary. Il n’a pas oublié ce qu’il a entendu et convainc le musicien de rester avec lui le temps qu’il souhaite, d’abandonner ses activités de mercenaire pour se concentrer sur son propre style et le développer.

Il prend soin de lui, le loge, le nourrit, lui prête une guitare. D’Gary retourne dans sa famille en 1988 mais remonte vite chez son sauveur-mécène où il rencontre l’année suivante, un des responsables du Cercle Germano-Malgache .

On lui propose de venir enregistrer deux morceaux mais à l’écoute de son jeu, le patron de la maison de disques Mars le pousse à faire un album qui sort sous le nom de « Garry » et dont plusieurs morceaux figurent sur la compilation « Musiques de Madagascar » parue en France en 1992.

D’Gary, un nom à retenir

En 1989, il monte son groupe « Iraky Ny Vavarano ». Son nom commence à se faire entendre dans les médias, il fait ses premiers passages télé. Au cours d’une tournée dans le Nord de l’île en 1991 avec Feon’ala qu’il a rejoint pour l’occasion, il reçoit un message lui demandant de rentrer d’urgence à Antananarivo car on l’attend au studio Mars.

Deux Américains, David Lindley et Henry Kaiser, ont entendu parler de lui et veulent absolument l’enregistrer. En une heure, il joue treize morceaux de suite et boucle ainsi son premier album international « Malgasy Guitar, The Music From Madagascar » (Shanachie).

Il a créé son propre « open »

Son style a en effet de quoi déconcerter : on jurerait qu’il y a au moins deux guitaristes alors qu’il est seul. Cette impression découle en partie de son goût pour les « open tunings », les nombreux déréglages qui font sa particularité sur le plan technique et dont il garde précieusement le secret, fruit de ses longues années de recherche.

La pratique du déréglage n’est pas nouvelle, elle existe dans le tsapiky qui a nourri D’Gary, à échelle toutefois plus réduite puisqu’une seule corde est modifiée. Certains considèrent que le guitariste tente de reproduire le son du marovany, une cithare sur caisse faisant partie des instruments traditionnels de Madagascar, mais il faudrait plutôt chercher du côté du lokanga, le violon traditionnel des Bara.

Succès internationaux

En 1993, il est invité en Louisiane au festival de Lafayette. Lindley et Kaiser saisissent l’occasion pour le forcer à faire sur place un nouvel album avec Dama, le leader de Mahaleo. D’Gary, qui n’a même pas été autorisé à écouter les morceaux après son passage en studio, garde de « Dama & D’Gary » un très mauvais souvenir. L’année suivante, il forme son nouveau groupe « Jihé » et enregistre en France, « Horombe ».

Il devient l’artiste malgache le plus demandé sur le circuit international, de la Norvège ou l’Allemagne à la Tasmanie, en passant par le Niger, le Cameroun, l’Afrique du Sud et les grands festivals comme le MASA d’Abidjan en 1995, le Womad à Singapour en 2001.

Sur « Mbo Loza » en 1997, la formation est réduite à un trio guitare-percussions-voix.

D’Gary commence à se faire entendre timidement, il n’a pas encore confiance en sa voix qu’il n’a jamais jugée bonne. Il faut attendre les sessions d’ « Ataka Meso » en 2000 (sorti en 2001) pour qu’il se lance sans retenue. L’année 2000 apporte d’autres changements importants pour cet artiste. Volontairement, il ne s’était pas impliqué dans son pays depuis dix ans mais il accepte coup sur coup de s’occuper d’une compilation, « Tsapiky 2000 », produite par Mars, et d’effectuer à travers l’île une tournée de quinze dates organisée par l’Alliance Française. Deux événements qui mettent fin à une longue période de froid entre D’Gary et Madagascar.

On attend le retour de ce musicien qui est actuellement en pleine tournée au côté de Brian Gore, Miguel de la Bastide et Clive Carroll dans le cadre de l’« International Guitar Night ».

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