Une révolution, ça se fait avec des éléments très frais (la jeunesse) et c’est servi brûlant.
La précédente « définition » ne figure dans aucun dictionnaire, mais elle est néanmoins fidèle à la réalité historique, et les événements du Proche et du Moyen Orient le confirment chaque jour. À en croire pourtant les discours d’hier à Ivato et à Ivandry, le mot a conservé un tout autre sens à Madagascar : on peut qualifier de révolution un plat réchauffé confectionné par des personnes ayant déjà beaucoup servi.
Il faut croire que le précédent de 1975 a laissé quelques traces profondes. On vit à cette époque un officier de marine âgé de 39 ans, qu’on aurait pu qualifier de « BCBG » ou de « bobo » si ces expressions avaient existé à l’époque, se piquer, une fois qu’il était arrivé au sommet de la pyramide, de récupérer en sus un peu de gloire révolutionnaire.
Plutôt que d’assumer son statut de Marie Chantale au masculin transposé à la base navale de Diego Suarez [1], notre capitaine de frégate entreprit de se parer des plumes d’un mouvement s’étant déroulé il y avait déjà trois automnes. Du jour au lendemain, décrets et ordonnances virent fleurir en leur sain le mot « Révolution », et le directoire militaire acquit une honorabilité nouvelle mais très années 1970 en s’affublant du nom de « Conseil suprême de la révolution ».
En guise de révolution, nous en fûmes effectivement complètement tourneboulés. Au point sans doute qu’aujourd’hui, plutôt que de dire simplement à la manière de Galilée « et pourtant, elle a tourné », beaucoup restent tentés de sauver une mayonnaise qui a mal tourné en y incorporant une dose de piment.
À Ivato hier, on s’est paré de falbalas tissés à partir des révolutions arabes. Histoire de raviver un peu les codes de la « révolution orange », tellement spontanée qu’on y retrouvait tous les attributs d’une campagne marketing bien léchée : graphisme, musique, code couleurs et même un couple de jeunes premiers pour l’iconôgraphie. On peut douter que cela fasse oublier aux « réactionnaires » que même le référendum n’avait pas réussi à convaincre les épisodes de gros bras et de coups de force militaires qui avaient suivi. Mais voyez vous, l’ardeur révolutionnaire reste supposée tout écraser sur son passage...
À Ivandry hier, on a semble-t-il étrenné une toute nouvelle formule. Formule qui serait effectivement révolutionnaire si par hasard elle fonctionnait : la révolution qui serait déclenchée par une date de péremption. On connaissait les révoltes pour la liberté, les révoltes de la faim ; il semble que les leaders des trois mouvances jugent que le dépassement des dates prévues dans la transmission des pouvoirs par Marc Ravalomanana au directoire militaire ou dans les accords de Maputo constituent pour la population malgache des raisons plus impérieuses encore de se dresser comme un seul homme...
Dans ces divers exemples, il y avait certainement un fond non illégitime dans la nature des réclamations ; et le choix des moyens de revendication n’était certainement pas infini. Mais était-il pour autant nécessaire d’enrober le discours de cette sauce ? Faut-il persévérer dans l’idée que, faute d’atteindre une stature politique, le politicard doit se travestir en révolutionnaire ?
Répétons le : une révolution se fait avec des éléments très frais (la jeunesse) et c’est servi brûlant. En dehors de cela, que ce soit dans la vie réelle ou à travers un statut Facebook, tout n’est que contrefaçon destinée à masquer le peu d’enthousiasme de l’ensemble de la population.
Vos commentaires
Ce n’est pas du tout des contrefaçons ! Loin de là ! Des historiens du 22ème siècle diront que c’est une spécialité malgache ! Vous parlez de 1972 et 1975 : la plupart des acteurs sont tous là mais avec des nouveaux émules : Manandafy, Ratsiraka, Zafy et autres Andriamanjato. Ils - et leurs rejetons spirituels - ne vont quand même pas laisser aux oubliettes une recette qui marche. Il n’y avait que ce pauvre Ratsimandrava qui était trop naïf pour croire que la démocratie directe par le Fokonolona pourrait être acceptée par tout le monde et que le fihavanana primerait devant les ambitions personnelles et calculs politiques.
La revolution de ratsiraka n’avait de « révolutionaire » que le nom , c’était comme : actuellement ,une course au POUVOIR, par de narcissiques mythomanes, imbus de leur personne .Asoiffés de fric , de gloire et de puissance.Azafady .
– C’est une révolte ?
– Non, Sire, c’est une révolution.
Dialogue entre Louis XVI et le duc de La Rochefoucauld le 15 juillet 1789.
Citations de Louis XVI
Louis XVI
Mars 2009 :
C’est une révolte ?
Non, Monsieur, C’est 200 éléments du Capsat qui a destitué le CEMGAM en place...
Sacré Patrick va ! impossible à contrer tellement il est neutre et objectif ! Respects !
Votre définition, on dirait du Sade (le marquis, pas la crooneuse) !
Trêve de plaisanterie, ça fait 2 ans que l’on vit cette contrefaçon des plus criardes, dont l’argument-massue a été « vahoaka ! à toutes les sauces ». La contrefaçon est une imposture, l’imposture est un marché de dupe, le dupé est un dindon farci, le dindon est le peuple, embouti jusqu’au trognon pour être poli.
Tenez, sans parler des 3 mouvances, ni des hâtifs, on sent bien que rien n’avance et que l’imposture continue, car on a envie de conclure « tout ça pour ça ! »
Absolument d’accord Patrick, c’est une grossière contrefaçon qui ne leurre plus personnes, de vrais has been.
J’aime bien le titre « Contrefaçons » puisque j’ai observé que la plupart de nos politicards, de nos Dirigeants étaient, sont, seront des « Contrefacteurs », coupables , responsables et CONDAMNABLES !!!
Vu l’ambiance actuelle qui règne dans notre PAYS (querelles habituelles et sempiternelles entre les partis politiques), le PEUPLE malgache ne remarque presque pas la flambée des prix de tous les produits (agricoles, artisanaux et industriels ...)due essentiellement à l’augmentation du prix du pétrole. Les salaires n’arriveront plus à nourrir décemment les familles .
Toutes les promesses des candidats aux éléctions relatives à une baisse des prix RESTERONT INEFFICACES et MENSONGERES ?! Tsena mora, trano mora , fiara mora sont des slogans non durables mais soyons vigilents chers amis compatriotes élécteurs et réflechissons bien avant de voter !!!
Wait and see ....