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Algérie

Bouteflika peut-il éviter l’effet tuniso-égyptien ?

mercredi 9 février 2011

(MFI / 08.02.11) Plus d’un mois après les violentes émeutes qui se sont étendues en une semaine à une trentaine de wilaya - sur quarante huit départements -, le président Bouteflika a pris une série de mesures la semaine dernière en Conseil des ministres pour répondre aux « inquiétudes et impatiences » de ses compatriotes. Dont la levée de l’état d’urgence dans « un très proche avenir »… Et le respect de l’accès légal aux médias audiovisuels publics ainsi que d’autres instructions présidentielles en faveur des jeunes et des commerçants.

Depuis plus d’une décennie, l’opposition réclame la levée de l’état d’urgence décrété en février 1992 pour lutter contre le terrorisme et qui a également servi à comprimer les principales libertés démocratiques (création de parti, d’association, liberté de réunion, liberté de la presse…). Le président Bouteflika et les formations politiques qui le soutiennent (notamment les partis RND et FLN) affirment qu’il n’a pas entravé aux libertés.

Le maintien de l’interdiction de manifester pacifiquement à Alger en est pourtant l’illustration la plus flagrante. Officiellement, l’ordre public ne permet pas que la capitale abrite de tels évènements sous le prétexte des « incidents » tragiques survenus en juin 2001 à Alger. Les témoins de cette manifestation férocement réprimée se souviennent des voyous et autres civils infiltrés parmi les manifestants, sous l’œil complaisant des forces de police, pour casser le mouvement à la manière des gros bras pro-Moubarak sur la place Tahrir du Caire.

Suspicion

Le risque d’une réédition de la répression de juin 2001 est dans les esprits des organisateurs de la manifestation du 12 février prochain à Alger, interdite, mais maintenue par la « Coordination nationale pour le changement et la démocratie ». Les annonces du président Bouteflika n’ont pas entamé la détermination de ce regroupement d’associations, de militants politiques et des droits de l’homme, à battre le pavé pour « exiger la levée de l’état d’urgence, l’ouverture du champ politique et médiatique et la libération des personnes arrêtées durant des manifestations ou pour des délits d’opinion ».

Le parti RCD, impliqué dans cette action, a jugé que les annonces de Bouteflika sont « des manœuvres ». Pour le moment, en effet, rien n’est acquis. « Aucune loi ou instruction n’ont jamais interdit à quelque formation ou association légale que ce soit l’accès à la télévision et aux radios » publiques, déclare aujourd’hui le président Bouteflika en ajoutant : « la télévision et la radio doivent donc assurer la couverture des activités de l’ensemble des partis et organisations nationales agréés, et leur ouvrir équitablement leurs canaux ».

Or, les Algériens ont gardé en mémoire une de ses fracassantes déclarations télévisées ou il affirmait : il n’est « pas question de donner l’antenne à mes adversaires ». Pendant une décennie, tous les responsables de ces médias publics l’ont suivi sur cette voie, en violation de la loi sur l’information d’avril 1990 qui garantit l’égal accès aux courants d’opinion.

Les principaux gagnants

Dans l’immédiat, les premiers gagnants sont une frange de la jeunesse qui active dans le commerce informel et qui a relativement trempé dans les émeutes de janvier. Le président Bouteflika a instruit son gouvernement afin « d’alléger les formalités et procédures destinées au transfert du petit commerce informel sur la voie publique vers des sites aménagés, en concertation avec les associations et représentants des concernés ». Ce qui signifie, qu’en attendant, ces vendeurs à la sauvette n’auront pas la police aux trousses. Les commerçants établis, eux aussi, profitent des largesses présidentielles puisque l’obligation de payer par chèque pour les transactions commerciales supérieures ou égales à 500 000 DA (environ 4 500 euros) à partir du 31 mars prochain et la généralisation de la facturation sont reportées à une date indéterminée ! Le gouvernement doit aussi faciliter l’accès aux microcrédits au profit des jeunes entrepreneurs, l’accès au logement urbain et rural, de même que l’administration se doit d’alléger les procédures pour faciliter la vie des algériens.

Par ces instructions, le président Bouteflika veut brasser large et absorber le mécontentement suscité par une gouvernance très controversée. Evitera-t-il l’effet tuniso-égyptien ? Premiers éléments de réponse le 12 février. À une dizaine de jours d’une manifestation revendicative prévue à Alger et d’ores et déjà interdite, il annonce que l’état d’urgence (en vigueur depuis 19 ans) sera levé dans un « très proche avenir », que les médias audiovisuels s’ouvriront aux « partis et associations légaux » ainsi que des mesures à caractère social. Toutes ces annonces devraient contribuer à absorber toute la contestation susceptible d’entrainer des troubles.

Djamel Chélia

3 commentaires

Vos commentaires

  • 9 février 2011 à 09:24 | mpitily (#1212)

    A en croire les fervents Ravaolistes sur le forum d’hier (cf édito de uncle Georges), M. Bouteflika n’a qu’à ne pas augmenter le prix du pain pour éviter de connaitre le même sort que Ben Ali, point barre. Puis toutes ces exactions citées dans l’article ci-dessus sont des faux problèmes et, surtout, Ravalomanana ne les avait pas commises à Mada. Ravalomanana était un saint, un démocrate, un gentil victime du méchant Rajoelina et de ses miltaires seuls car il n’y avait pas eu de révolte populaire ici en 2009...

  • 9 février 2011 à 09:56 | da fily (#2745)

    Bof, on peut affirmer sans se tromper que tout ceci n’est que foutaises et cinéma de la part de Bouteflika. Les dirigeants de ces pays d’Afrique du Nord ont toujours tout verouillé et mis en oeuvre pour garder durablement la main sur les affaires. Le seul peut-être qui ne craint pas grand chose, du moins pour l’instant, est le guide illuminé El Khadafi tyran suprême, survivant d’une époque bénie des dictateurs de tout poil. Mais bon, son tour viendra certainement, le pétrole n’est plus éternel, et le scirocco qui balaie les certitudes établies dans ces latitudes fera encore des ravages !

    L’administration Bouteflika a étouffé dans l’oeuf le mouvement par le moyen le plus courant auquel a recours les plus banales dictatures : graisser la patte à l’armée et celle des forces de polices, se mettre dans la poche la ribambelle de généraux et autres huiles pour se maintenir en place. Refrain connu, éculé, ; mais ô combien probant. D’ailleurs, il faut se rappeler que sans une frange de l’armée, et l’abandon de l’autre frange, les treizemaitistes malagasys de 2009 ne seraient arrivés à rien du tout. Ailleurs, il suffit de voir comment l’armée a lâché Benali pour comprendre l’importance de ce corps dans le basculement de cartains pouvoirs.

    Bouteflika est en sursis, son armée tient encore, mais il suffirait d’une autre donne, d’une alternative solide, et cela pourrait basculer. Mais il a l’avantage d’avoir vu ce qui s’est passé chez ses voisins, et d’analyser les causes et les résultats actuels, soyons sûr qu’il en retiendra toutes substances pour opérer les corrections ( attendues ou non) qui s’imposent pour faire durer encore son assise, car on sait qu’il ne veut rien lâcher. Quand on voit le lâchage international (qui est d’une suprême hypocrisie sans nom, en passant) que subissent ceux qui ont fait parti du gotha , on est en droit de penser que les despotes choisiront soit la fuite en avant suicidaire, soit d’édulcorer leur poigne pour essayer de rester encore un peu plus en place.

    20 ans après l’éclatement de l’Est, est-ce le tour du renouveau africain ? Ce serait souhaitable.

  • 10 février 2011 à 04:44 | Basile RAMAHEFARISOA (#417)

    Les pseudos du monde libre seront-ils prêts à accueillir toutes ces jeunesses-cultivées-sans emploi du monde arabe !!!

    Les « double-nationalité » trouveront leur compte dans ce monde en ébullition .

    La danse et les bals de hypocrites de 2010/2011 commencent !!

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